Description
l’époque).
ÉDITION ORIGINALE de ce poème épique, parue clandestinement fin avril 1789. Elle est rare. Elle sera réimprimée en 1792, sous le nouveau titre : Mes Passe-tems ou le nouvel Organt de 1792, poème lubrique, en XX chants ; par un Député à la Convention nationale. Des « Notes de l’éditeur », 4 pages gravées, donnaient la clef du texte de cette réimpression (Barbier). Une œuvre de jeunesse de Saint-Just (1767-1794), « l’archange implacable de la pureté révolutionnaire ». Organt, long poème de quelque huit mille vers imité de La Pucelle de Voltaire, fut écrit de 1783 à 1787, puis retouché et augmenté de 1787 à 1789. Oberlé nous dit que l’œuvre fut composée alors que son auteur était interné à la maison d’arrêt de Picpus à la suite d’une lettre de cachet obtenue contre lui par sa mère. L’histoire se déroule à l’époque de Charlemagne, mais sous des noms d’emprunt, Saint-Just y peint des portraits souvent très outranciers des personnalités de son temps. La « clef » nous apprend ainsi que Charlemagne n’est autre que Louis XVI, Cunégonde, Marie-Antoinette, ou encore qu’Adelinde prête ses traits à Mme du Barry… Ainsi, « Organt [– dont Malraux releva le caractère d’apocalypse –] est avant tout une [violente et corrosive] satire politique et religieuse, qui use de tous les moyens pour discréditer les hommes et les institutions de l’Ancien Régime ». « Cette œuvre au cynisme calculé témoigne moins de libertinage » qu’elle n’annonce les ambitions révolutionnaires d’un jeune homme d’à peine 22 ans. On sait quel rôle exalté fut le sien dans les événements qui allaient advenir et par quelles paroles sans appel il devait concourir à précipiter la fin de l’Ancien Régime. Saint-Just fut guillotiné avec les principaux partisans de Robespierre lors des sanglantes journées de thermidor an II (juillet 1794), par lesquelles s’acheva la Terreur. Précieux exemplaire de l’auteur. Les 2 corrections manuscrites anciennes, à l’encre, qui se trouvent aux pages 61 et 128 du tome premier, sont peut-être de sa main. Il a ensuite appartenu à Auguste Poulet-Malassis, l’ami de Baudelaire, dont il fut l’éditeur ainsi que celui de textes plus ou moins licencieux du XVIIIe siècle. Dans ses jeunes années, « Malassis voulait écrire une étude approfondie sur Saint-Just qui fut et resta son héros. À défaut de pouvoir l’écrire, il publia en 1859 celle d’Ernest Hamel qui lui vaudra une amende et, plus grave sera mise au pilon ». Gérard de Contades cite une lettre d’un ami de Malassis : « J’ai parfois pensé que l’âme de Saint-Just, interrompue prématurément dans son commerce avec le corps qui lui servait d’étui, avait achevé sa vie dans celui de ce pauvre Auguste. » À Bruxelles en 1867, il fit paraître, à 261 exemplaires, une réédition du texte de Saint-Just, précédée d’une préface de sa main, dans laquelle il décrit son exemplaire, qui avait été celui de l’auteur. L’exemplaire présente également 2 autres corrections manuscrites, portées au crayon, aux pages 48 et 159 du tome premier. Sont jointes : Les « Notes de l’éditeur » (2 feuillets) qui donnent la clef du texte et qui en accompagnaient la réimpression de 1792. Aucun des exemplaires de la BNF, qu’il s’agisse de l’édition de 1789 ou de sa réimpression de 1792, ne présente ces 4 pages des « Notes de l’éditeur ». Dimensions : 125 x 80 mm. Provenances : Louis-Antoine de Saint-Just ; Auguste Poulet-Malassis (le volume n’apparaît pas à son catalogue), avec son fameux ex-libris de bibliophile impénitent : « Je l’ai ! ». Brunet, V, col. 52 (« Les exemplaires sont devenus peu communs ») ; Barbier, III, col. 742 (« Une clef gravée, de 4 pages, est ajoutée aux exemplaires de [la réimpression de 1792] ») ; Gay – Lemonnyer, III, col. 590-591 ; Quérard, Supercheries, III, col. 900 (pour la réimpression de 1792) ; Drujon, Livres à clef, col. 734-736 (« Ce poëme [a été] supprimé par les soins de l’auteur lui-même et les exemplaires de la première édition sont devenus très rares ») ; Monglond (A.), La France révolutionnaire et impériale, Genève, Slatkine, 1976, col. 522 ; Brunet (G.), « Organt », in Fantaisies bibliographiques, 1864, pp. 145-152 ; Vinot (B.), Saint-Just, Fayard, 1985, passim ; Michelet (J.), Histoire de la Révolution, V, Chamerot, 1850, pp. 105-109 (Il y avance que la réimpression de 1792 serait plus le fait du libraire que de l’auteur) ; Charmelot (M.-A.), Saint-Just ou le chevalier Organt, Sésame, 1957, passim ; Oberlé, Poulet-Malassis, n° 919 (pour l’édition donnée par Poulet-Malassis : « [Il] possédait l’exemplaire personnel de Saint-Just ») ; Natural (A.-L.), Bibliothèque littéraire…, 7 déc. 2009, n° 106 (« À peine paru, en mai 1789, l’ouvrage anonyme fut frappé d’interdiction, puis saisi par la police ») ; Pichois (Cl.), « Poulet-Malassis du collège d’Alençon à l’école des Chartes », in Mélanges offerts à G. Oberlé, Covam, 1992, p. 116 ; Contades (G. de), « Auguste Poulet-Malassis », in Le Lérot rêveur, n° 49, août 1989, p. [5].