Lot n° 173
Sélection Bibliorare

Claire de Kersaint, duchesse de DURAS (1778-1828) femme de lettres. 52 lettres autographes, 1814-1828, à sa fille Clara, duchesse de Rauzan ; 100 pages formats divers, la plupart avec adresse (légères mouillures à qqs lettres). Belle...

Estimation : 2500 / 3000
Adjudication : 3 220 €
Description
correspondance de la mère à sa chère fille Clara sous la Restauration. Nous ne pouvons en donner qu’un rapide aperçu.
1814. Retour de Louis XVIII en France. Jeudi [28 avril]. En attendant le Roi, le château de Compiègne est envahi de gens ; elle va déjeuner avec les maréchaux Ney et Marmont chez Mme de Montmorency, gouvernante du château. Amusant récit de l’arrivée de Mme de Lévis et de ses intrigues. Description des dégâts causés par les combats… Compiègne samedi [30 avril]. Elle n’oubliera jamais les émotions ressenties à la vue des princes : « le roi a été presque porté jusques dans le sallon avec des cris et des transports de joie »… Détails de la bonté de Louis XVIII pour les maréchaux, pour sa belle-mère et elle-même ; appréciation de la duchesse d’Angoulême ; petit dîner à l’invitation du roi, et tout ceci lui « semble un rêve »…
Saint-Cloud 6 octobre [1819] : « Voici notre première séparation mon enfant depuis que tant de souffrances et de peines communes nous ont rendues si nécessaires l’une à l’autre » ; elle puise quelques consolations dans la pensée du « bon mari » [le duc de Rauzan] de sa fille… 7 octobre : « Je n’aime pas ce roman du prêtre. Je n’aime pas tant d’amour mêlé de sermons et de théologie »… 22 juin [1821], nouvelles de la petite Marie qui a quatre dents ; visite de Denis [Benoist d’Azy] ; débats sur la censure ; lecture de l’abbé Galiani… Séjour à Andilly ; lecture des lettres de Mme de Maintenon : « je me trouve de grands rapports avec elle, c’est dommage qu’il n’y ait plus de Louis XIV »… Curieux rêve : « la Dsse de Berry me disoit que tu étois bossue et que tu portois des corps garnis […] je me suis mis dans une telle colère que je me suis réveillée en sursaut »…
Été 1824. Séjour au Val avec Lally, Mme d’Hénin et Mme de Craon : « J’ai appris la censure à M. de Lally, as-tu entendu le soupir qu’il a fait ? Ah c’est là l’écueil de son ministérialisme, on ne touche pas la corde sensible impunément »… Mercredi 18. Elle a vendu sa maison d’Andilly, et projette d’en louer une à Saint-Germain pour septembre et octobre… Mme d’Hénin est changée à faire peur, « le gros Lally nous a bouchonné Olivier ce matin, je ne sais ce qu’il avoit il mangeoit la moitié des mots et se moquoit des points et des virgules d’une manière désespérante »… Mort dans la nuit de la princesse d’Hénin, « encore hier vivante, animée, jeune d’âme et de cœur autant que jamais […] combien je regrette ses nobles et grandes qualités qui sont devenues si rares, et comme je me rappelle avec douleur toutes ses bontés pour moi » ; détail sur ses derniers instants. Lally « perd tout en elle, elle étoit sa force, sa décision, sa volonté, son âme, il est apathique, c’est elle qui lui donnoit de la vie »…
[16 septembre 1824]. Mort de Louis XVIII : « Le Roi est mort cette nuit à cinq heures. Les princes sont partis pour St Cloud […]. Le bourdon de Notre-Dame a sonné un coup seulement à la fois toute la nuit. C’étoit l’agonie »… 10 heures. « Je t’ai mandé que le Roi étoit mort à quatre heures […]. Rien n’a été plus touchant, le corps de ce pauvre roi n’étoit qu’une playe : des trous à mettre le poingt. Ton père l’a vu panser, il en est malade, le nouveau Roi s’appelle Charles X, il ne recevra que les Corps, et passera une grande revue après-demain. Tout le peuple va passer à 10 heures pour voir le feu Roi et il y a une foule dans la cour du château. Le peuple a l’air triste et occupé et ne fait pas de bruit. J’ai été chez ton père ce matin, toutes les portes ouvertes, un monde affairé qui parle bas, cela ressemble au départ du 20 mars, mais la mort en plus »…
1825. Séjour agréable au Val, mais où sa fille lui manque : « m’faut ma fille, et on ne la remplace point ici malgré toute la pâture qu’on offre à ma vanité, tout le monde a pleuré ce matin en lisant Édouard. Est-ce que réellement j’aurois fait quelque chose de bon ? »… Elle corrige les épreuves d’Édouard : « je découvre des fautes de français qui troublent mon repos, […] je ne sais plus écrire ». Lecture de M. de Marbois, « un vrai stoïcien, il auroit dû naître il y a deux mille ans, on ne sait ce qu’un tel caractère a affaire avec nous, c’est une comète égarée »… Mai 1826, inquiétudes pour la santé de Clara. 1827. Nouvelles de Suisse avant de passer les Alpes pour l’Italie… Nice 7 octobre [1827] : « Je suis un peu mieux, le dévoiement est passé la fièvre n’a duré qu’un jour »…
Elle donne aussi des nouvelles détaillées de sa santé, toujours mauvaise, parlant de ses médecins (Bourdois, Auvity…) ; elle parle de Mme Swetchine, charge sa fille de nombreuses courses, etc.
On joint 2 lettres autographes de Clara de Rauzan à sa mère, et une lettre a.s. du duc de Rauzan à sa belle-mère.
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