Description
coupures d’imprimés), plus 4 ff. in-4 volants, sous chemise-étui.
Précieux et important manuscrit complet des Carnets de l’écrivain, publiés chez Gallimard en 1957.
Véritable mine de réflexions sur son métier d’écrivain – la langue française, les « fautes » de ses maîtres, les idiotismes des provinces, la littérature comparée aux autres arts –, les Carnets sont riches en souvenirs confraternels (Gide, Paulhan, Léautaud, Mauriac, etc.), d’anecdotes sur des ecclésiastiques et des critiques, observations et d’échos de « Chaminadour »… « Dans le dernier de ces carnets, Marie Laurencin, Léautaud, Gide, Max Jacob, quelques autres, sont peints au vif. Les quatre premiers sont le livre de bord, ou de raison, d’un écrivain attentif à ne rien laisser perdre de lui. On y voit comment son œuvre est née, pourquoi il l’a écrite, de quoi elle est faite, de quelle manière elle fut accueillie. Des abords de cette œuvre, avec mépris, comme les vendeurs du Temple, Jouhandeau chasse les critiques littéraires » (José Cabanis). Citons encore l’Avis rédigé par Jouhandeau en tête de ces Carnets : « J’ai voulu m’amuser à noter au petit bonheur ici tout ce qui fait le souci et la consolation de l’écrivain : quelques réflexions sur la grammaire, sur le style, sur la création, sur la critique, sur certaines circonstances curieuses qui ont accompagné ma vie ou la naissance de mes ouvrages ».
Ce manuscrit de travail est une mise au net d’une écriture soignée, mais abondamment retravaillée, avec de nombreuses ratures et corrections, et des variantes par rapport au texte définitif. Paginé par Jouhandeau au crayon rouge, il contient quelques passages qui furent écartés du livre. Dans l’édition, chacun des cinq Carnets est divisé en sections, qui ne figurent pas dans le manuscrit. Voici un aperçu rapide de l’ensemble.
Carnet de l’Écrivain I. Liasse paginée 1-119, correspondant à l’Avis et aux sections i à v du « Premier Carnet ». Relevons notamment l’absence de l’anecdote sur Tite qui clôt la première section ; un souvenir inédit de la voix musicale de Charles Du Bos (p. 34) ; l’absence du passage sur l’étymologie du nom de Marie, à la fin de la section ii ; notons enfin que la quasi-totalité de ce qui constitue les sections iv et v est ici barrée au crayon rouge.
Carnets de l’Écrivain I (suite) ». Liasse paginée 120-207, correspondant aux sections vi à xii du « Premier Carnet ». La première partie (p. 120-142, section vi) porte le titre Paysages et a servi pour l’impression dans la Nouvelle Nouvelle Revue Française du 2 juin 1957, avec des variantes. La quasi-totalité de ce qui constitue les sections vii, viii, et ix, la totalité de x est barrée ici au crayon rouge ; l’échange avec l’Allemand que Jouhandeau secourut jadis est plus développé (p. 171) ; enfin, les dernières pages de la liasse (205-207), citant une lettre d’un ancien camarade de classe, sont restées inédites.
Carnets de l’Écrivain II. Liasse paginée 221 à 368, plus 53 feuillets non chiffrés, soit la totalité du « Deuxième Carnet ». Relevons que le texte de la section v s’est intitulé primitivement La Trappe (titre biffé, p. 249) ; la première moitié de la section ix est barrée ici au crayon bleu ou rouge ; un portrait d’enfance esquissé par sa vieille amie Marie-Louise Peyrat est resté inédit (p. 346) ; le développement final de la section x (« J’ai quitté ma ville natale »…) ne figure pas dans le manuscrit ; l’article de Maurice Chapelan (Figaro littéraire, 13 août 1952), cité dans la section xii, est ici représenté par des coupures de presse collées ; les « Lettres qui me semblent devoir être versées au dossier » (fin de la section xii) ne sont pas dans la liasse, mais sur des feuillets volants paginés 1-12 (plus un non ch.) ; l’anecdote relative à la mort de Jules Lagrange (section xiii) est ici prolongée par une brève apologie inédite (le livre insérera le texte du discours à Olivet) ; est cité dans cette même section, un extrait non retenu d’une lettre de Léautaud du 21 juillet 1934. La fin de la section xiv a une conclusion inédite : « Quand la vieillesse m’aura crevé les yeux, il m’arrive en rêve d’imaginer que Marie-Louise, nouvelle Antigone, me prenant par la main, me ramène à Chaminadour, où dans une sorte de cérémonie expiatoire solennelle, je me réconcilierais avec les Erinyes Marchoises, qui me poursuivaient jusque-là de leur vindicte, changées tout d’un coup en Euménides ». De la section xvi, une digression sur le communisme ironisant sur les incohérences de Paul Éluard est restée inédite…
Carnets de l’Écrivain III. Liasse paginée 1 à 246. Relevons notamment : la conclusion de la section vi, telle que nous la lisons dans l’édition, figure ici à la suite du texte de la section vii (pp. 90-91) ; le schéma géométrique du Père Bourdet, décrit à la fin de la section ix, est ici dessiné (p. 108). Dans la section xi, une entrée tardive est ajoutée au crayon rouge (p. 140) ; un propos d’André Gide est resté inédit (p. 149). Une observation sur ses élèves et collègues enseignants est restée inédite (p. 168). Le texte correspondant aux sections xvi et xvii, et à la majeure partie des xviii et xix est barré ici de traits de crayon rouge, avec une entrée non retenue dans l’édition : « Je n’écris que pour moi. Si j’ai un lecteur, c’est lui qui fait tout le chemin » (p. 228).
Carnets de l’Écrivain IV. Liasse paginée 1 à 107. La fin de cette liasse (p. 97-107) est restée inédite : « Réponses à un questionnaire au sujet de mes derniers ouvrages : Contes d’Enfer, Jaunisse, Vie de St Philippe Néri, Réflexions sur la vieillesse et la mort, 1956 ».
Carnets de l’écrivain V. Liasse paginée 1 à 216. Elle contient les onze chapitres du livre. Ana de Marie Laurencin (p. 1-66), avec un passage resté inédit sur ses brouilles avec Marie Laurencin (p. 34) ; la fin (Musique pour Marie) est la coupure de l’article dans Arts (13 juin 1956). Ana de Max Jacob (p. 67-82), avec une conclusion plus développée : « Dieu sait que mon antisémitisme ne fut qu’un accès de mauvaise humeur, provoqué par les excès inopportuns du Front populaire et que les propos révoltants de Sachs exaspérèrent. Au fond de mon cœur, je n’ai jamais cessé d’aimer tous les hommes. Pour moi, il n’y a pas d’étrangers. L’humanité est indivisible, comme Dieu Lui-même ». Mes souvenirs sur André Gide (p. 83-129). Ana de Paul Léautaud (p. 130-178). Charles-Albert Cingria (p. 179-182), extrait de revue collé, avec la fin du poème latin autographe. Colette (p. 183-189). Charles Du Bos (p. 190-194, très corrigé). Claudel (p. 195-200). Brasillach (p. 201-203). Antonin Artaud (p. 204-208). Rictus (p. 209-216).
Plus un feuillet non retenu (extrait des Maisons fugitives de Mauriac sur « notre différence »), et les tables des matières des « deuxième » et « troisième » carnets.