Lot n° 254

Marcel JOUHANDEAU. 30 L.A.S., 1962-1966 et s.d., à sa « fille » Céline et à son mari Marcel Ronseaux ; 65 pages in-8, une enveloppe. Importante et pathétique correspondance sur la dérive de Céline, et son calamiteux mariage avec Marcel...

Estimation : 1200 / 1500
Adjudication : Invendu
Description
Ronseaux.
[C’est en 1951 que les Jouhandeau deviennent les tuteurs de Liliane Lécuyer, dite Céline, qu’ils pensent adopter ; en 1962, excédée par la méchanceté d’Élise, Céline s’enfuit ; Jouhandeau veille sur celle qu’il considère comme sa fille ; tombée enceinte d’un amant qui l’abandonne, Céline épouse le 8 septembre 1962 Marcel Ronseaux ; le petit Marc naît le 13 décembre ; Ronseaux se révèle un être très violent, martyrisant le petit Marc et Céline ; Jouhandeau ne cesse de subvenir aux dépenses du couple, dont l’échec mine sa vieillesse. On suit les péripéties de ce drame dans les Journaliers.]
21 lettres sont adressées à Céline, une à Céline et Marcel, et 7 à Marcel seul.
9 août 1962. Conseils du « père » avant la visite de Céline et Marcel à Rueil afin d’éviter les problèmes avec Élise : « Il vaudra mieux ne pas dépeindre trop en noir la famille de ton fiancé, ne parle pas surtout de la fiancée. Tu sais comment est Mémé ». Il conseille aussi de ne pas gaspiller l’argent : « Tu sais bien que je serai toujours là pour t’aider, aussi longtemps que je vivrai », mais ses fonds baissent… 30 août. « Je t’écris sur la Place Joffrin, en sortant de la mairie. […] Le mariage aura lieu de 9h 45 à 11h suivant ton jour »… 10 septembre. « Mémé parle très gentiment de toi et de Marcel ». Mais il s’inquiète de sa santé : « Il faut que tu ailles voir un médecin »… 19 septembre, conseils à son « petit Marcel » pour aller chez le dentiste. Céline « a besoin de calme pour couver l’enfant qu’elle va nous donner. […] La prochaine fois je te dirai tu »… 1er octobre. Il demande à qui envoyer le chèque pour l’appartement… « Mme Florence Gould m’a envoyé pour Céline un billet de 50.000 fr »… La mort de Roger Nimier l’a « atterré »… 8 octobre. « J’ai écrit au Colonel, ta mère a écrit à Marcel, pour le faire patienter. […] bientôt rien ne vous séparera »… 18 octobre. Il ne faut pas faire attention à ce qu’écrit Élise : « Si vous ne venez plus à Rueil, c’est moi qui en souffrirai. […] vous êtes la joie de mes vieux jours »… 23 octobre. Il est très flatté que Marcel dise que ceux qui ont à élever des enfants devraient lire L’École des filles : « Je crois en effet avoir fait avec Céline la même expérience qu’auprès de mes petits élèves durant 37 ans »… 8 novembre. Invitation à Célinette à le rejoindre chez Lipp, ou à la librairie Gallimard : « Je te paierai tes taxis »… 11 novembre. Longue et affectueuse lettre à Marcel, après avoir déjeuné en tête à tête avec la « maman chérie » de son gendre (sans le dire à Mémé [Élise]) ; il parle avec plaisir du « nid » charmant du couple, et de la « grande aventure » de sa pièce aux Mathurins [Léonora]. « Zut, j’ai oublié de te dire tu. C’est une habitude à prendre. […] dans mon cœur je ne sépare pas Marcel de Céline »… 19 novembre. Il aime la paix et espérait la ramener entre Mémé et Marcel, mais peut-être que Marcel a raison : « En ne voyant pas Mémé, vous mettrez fin à toute dispute »… 6 décembre. « J’ai eu tous les courages hier soir, j’avais aussi tous les honneurs, mais ce qui me comblait, c’est de savoir que dans la poche de notre premier ministre [Pompidou] se trouvait grâce à moi l’adresse de Marcel. Je crois qu’il ne va pas tarder à sentir les effets de cette requête »…
[Octobre 1963]. « Mémé est très souffrante. La mort de Cocteau l’a beaucoup affectée. […] Marcel et toi vous êtes deux gosses ridicules. La prochaine fois que vous me faites une scène pareille, je vous déculotte et je vous fesse en pleine rue devant Marc »… 27 juillet 1964. « Je t’adresse trois mille francs pour finir ton mois. Économise maintenant un peu plus. J’ai peur d’être gêné »…
11 août [1965]. On trouve à Paris, à Montmartre, des chambres et cuisine pour 15 000, 20 000 francs par mois ; leur hôtel est « beaucoup trop cher »… Il indique l’Hôtel Lorette… 19 octobre. À l’hôtel on lui a dit que Céline partait le matin et rentrait le soir : « tu dois travailler »… 19 novembre. À cause des réclamations des créanciers de sa fille, « je vis un véritable enfer. […] Jamais je n’avais eu pareil esclandre »… Il réglera l’arriéré, mais ne reverra Céline que lorsqu’elle pourra lui montrer ses quittances. « Avec vous deux, je n’ai eu que des déconvenues, des ennuis, alors que j’ai tout fait pour toi. Bien sûr, tu n’es pas la plus coupable »… Lundi soir [fin 1965]. « J’ai été bien attristé par ce déjeuner. Pour le moment, il s’agit que tu travailles, mais il me semble que Marcel a beaucoup de loisirs. Pourquoi ne ferait-il pas un travail supplémentaire ? […] je ne pourrai pas continuer à vous entretenir »… Il leur donne encore 15 jours, puis il arrêtera les frais. « Marcel est un homme et non seulement il n’assure pas la vie de sa famille, mais même pas sa propre vie. S’il n’arrive pas à assurer ta vie, mieux vaudrait vous séparer »… – « Ne compte plus sur moi. Une femme de ménage peut gagner 500 fr. de l’heure. Travaille. C’est ce que je fais à 78 ans »… Etc.
10 janvier [1966], mise en garde à Marcel : « Maintenant la coupe est pleine. Faites bien attention. Si vous frappez Céline encore une fois et si vous la menacez et lui demandez de l’argent, c’est moi qui vais prendre l’initiative du combat et vous verrez comment cela finira pour vous. C’est bien entendu. Je vous adresse un ultimatum. Vos promenades nocturnes, vos menaces, vos chantages, vos voyages à mes frais ont assez duré. Cela va changer ou vous allez changer »… Ronseaux a noté en travers de la première page : « Je Ne Vous craint Pas ».
On joint une l.a.s. à Monique Lécuyer (sœur de Céline) où il est question de Céline, 25 avril 1966.
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