Lot n° 347

Louis RACINE (1692-1763) fils de Jean Racine ; auteur de poèmes d’inspiration janséniste et de mémoires sur son père. L.A.S., 20 avril [1750], à M. Heerkens « Docteur en Médecine » à Groningue ; et manuscrit autographe ; 3 pages in-4,...

Estimation : 1000 / 1200
Adjudication : 2 447 €
Description
adresse avec cachet de cire rouge aux armes (brisé, petite fente réparée), et 4 pages in-fol. (2 portraits gravés joints).
Très intéressante lettre au sujet de la traduction hollandaise de son poème La Religion (1742), sur Voltaire, et les tragédies de son père.
Il se réjouit d’apprendre que Heerkens a commencé la traduction de La Religion « et que vous partagez le travail avec M. votre frere ». Il l’encourage à y insérer des notes « que vous fourniront les matieres de Physique et d’erudition. Quand vous devriez y combattre quelquefois mes sentimens, il faut des nottes du traducteur, et faire imprimer l’ouvrage à la forme des variorum en mettant à la suite de mes nottes Racinius et des votres Héerkens ». Heerkens a déjà dû recevoir « l’édition nouvelle de mes ouvrages, que je n’ai point encore. Rey, qui l’a faitte, m’écrit qu’il vous en envoyait un exemplaire, et je n’attens que dans quelques mois ceux qu’il me destine ». Il évoque la visite d’un ami hollandais, donne des nouvelles du chancelier d’Aguesseau, avoue ignorer le poète Paer estimé en Allemagne. Puis il critique vivement Voltaire, qui « a fait imprimer son Oreste, tragedie bien mediocre. Il se fait mepriser par tout ce qu’il fait imprimer. Maintenant il a fait un supplement à son traitté intitulé Mensonges imprimez. Il soutient toujours, avec opiniatreté, que le testament politique du Card. de Richelieu est un ouvrage supposé. J’ignore quel intérêt il prend à cette querelle, dans laquelle il n’a personne de son avis. On projette icy une belle édition in-4° des tragedies de mon pere. […] J’ai fait un grand travail depuis six mois, qui est un examen général de chaque, et des nottes de scene en scene, tant sur la langue que sur la Poesie. Ce sera un grand et curieux commentaire. Nos libraires le veulent avoir. Mais j’aimerois bien mieux qu’il fût imprimé dans les pays étrangers, à cause qu’on a icy, si peu de liberté, qu’on ne peut presque rien ecrire, sans trouver des obstacles »… [Ses Remarques sur les tragédies de Jean Racine parut en 1751.]
Le manuscrit est composé de la copie d’une lettre et d’un jugement de Jean-Baptiste Rousseau. La lettre, de La Haye le 25 septembre 1740, est la dernière lettre que Rousseau avait écrite à Louis Racine avant de mourir, évoquant son portrait par Aved, sa mauvaise santé, parlant deBoileau, etc. Suit le Jugement de M. Rousseau sur le poëme de la Religion envoyé à Mr Hardion, dont la fin manque : « Quelque recommandable que soit le poème de la Religion par l’importance et par la grandeur de son sujet, on peut dire qu’il n’en est pas moins admirable par la maniere dont il est traité, soit qu’on y considere l’assemblage, le choix et la force des preuves, soit qu’on y regarde l’œconomie, et la judicieuse distribution de ces memes preuves »…
On joint 2 P.S. de membres de la famille Racine : Charles Racine, conseiller du Roi (1647), et le prêtre Racine, curé d’Eragny (1661) ; la copie d’une lettre de Jean Racine donnée à la bibliothèque de Laon en 1829, avec 2 l.a.s. à ce sujet de Jacques-François de Visme.
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