Lot n° 363

Donatien-Alphonse-François, marquis de SADE (1740-1814). Lettre autographe, 12 prairial VI (31 mai 1798), au citoyen François Gauffridi fils à Apt  ; 3 pages et quart in-4, adresse (petite déchirure par bris de cachet). Longue lettre furieuse...

Estimation : 1500 / 2000
Adjudication : 3 864 €
Description
au fils de son notaire et chargé d’affaires Gaufridy, au sujet d’une brouille entre Sade et ce dernier, auquel il reproche la mauvaise gestion de plusieurs affaires, notamment en Arles. Il rend Gaufridy responsable de ses malheurs financiers, et celui-ci, débordé par l’ampleur que prennent les mauvaises affaires du Marquis, qui périclitent, se compliquent, et les mauvaises décisions de ce dernier, lui a écrit une violente lettre, dont Sade se plaint ici, avec emphase, à son fils François…
« Il y a bien loin mon cher François de la lettre où vous m’écriviez, nous allons partir pour Arles avec mon père, à celle de ce même père, qui m’écrit comme s’il l’eut fait avec la pointe d’un poignard, Je ne puis y aller, ma famille s’y oppose, et je n’irai pas. J’ose espérer que vous avez encore trop d’amitié pour moi, pour vous être mis du parti ce ceux qui veulent empêcher votre père d’aller à Arles, vous sentés trop dans quel gouffre affreux me jette un pareil procédé, vous avés trop d’esprit pour ne pas être convaincu de la chimère des dangers que l’on lui fait entrevoir ; c’est donc à vous que je m’adresse pour vous supplier de l’engager à y aller avec vous ». Ferrand, qui n’a ni pouvoir ni procuration, dont il n’est pas sûr, lui enverra-t-il l’argent qui lui est dû ? « Oh que je suis faché d’avoir ôté cette administration à Lions et comme je suis puni de mon trop de confiance en votre père, voilà donc le fruit de ses promesses quand je lui fis mes adieux en larmes, le suppliant de ne me jamais abandonner, et vous, qui pleuriez aussi, vous, bon jeune homme vous me trompiés donc également en m’assurant de ne me jamais abandonner »… Il n’a rien à redouter de la lettre qu’il adresse à son père par le même courrier, qui ne contient que des raisonnements justes et aucun reproche… « Rien n’est plaisant comme la lettre de votre père ; il me bat en me déchirant l’âme ; il ressemble à ces maris qui rossent leurs femmes quand ils ont tort. Il y a des gens qui vous plaignent et qui vous consolent en refusant de vous rendre service, mais lui me trouve des torts ; il me chante pouille en me désobligeant, en m’écrasant, en me réduisant à l’aumône. Cette manière est tout à fait nouvelle et je m’en souviendrai. J’ai tort selon lui de dire Je veux telle condition dans mon bail »… Il se plaint de ce qu’on refuse son prix pour la location de son bien, ainsi que ses exigences pour le bail, etc. « Vous avez voulu ôter à Madame Quesnet [Constance Quesnet, la compagne du marquis] le plaisir de vous être utile. Votre père a fait plus ; à peine a-t-il eu l’air de se souvenir d’elle dans ses lettres, et de ce moment j’ai vu l’orage se former, de ce moment je lui ai dit Messieurs Gau. vous abandonnent et nous verrons pis bientôt. Convenez-vous que j’ai été bon prophète ? Et pourquoi tous ces détours ? N’était-il pas plu franc et plus loyal de me prévenir sur les lieux mêmes et quand je pouvais y mettre ordre, que de me le dire à présent, où il faut que je refasse un second voyage pour réparer l’affreux tort que me fait la poltronnerie ridicule de l’impardonnable nonchalance de votre père ? »… Etc.
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