Lot n° 84

Chaufourier (J.). Recueil des plans, élévations et vues du château de Petit-Bourg. Année 1730. In-folio, maroquin rouge, dentelle du Louvre autour des plats, encadrement central de filets et roulette dorés avec pièce d’armes en angle contenue

Estimation : 120.000-160.000
Adjudication : 220 000 €
Description
dans un feuillage, armes au centre, dos à nerfs orné de cette même pièce plusieurs fois répétée, doublure et gardes de tabis bleu, tranches dorées (reliure de l’époque). Historique : Petit-Bourg, domaine surplombant la Seine en vue de la forêt de Sénart, connut successivement trois châteaux et de nombreux propriétaires. Le premier château, du XVIIe siècle, fut acheté le 24 mai 1695 à Pierre-Jacques Péron par Mme de Montespan ; il parvint au duc d’Antin qui le conserva jusqu’à la mort de Louis XIV. Le deuxième, celui qui nous intéresse, fut érigé à la demande du duc sur des dessins de Pierre Cailleteau (1655-1724), dit Lassurance. Le troisième, enfin, bâti en 1756 sur des plans de J.-M. Chevotet, fut incendié en 1944 et détruit en 1957. Le duc d’Antin prit probablement la décision de raser l’ancien château de Petit-Bourg peu après 1720. Il confia le nouveau chantier à Lassurance, choix qui peut paraître surprenant, du fait que le duc, occupant alors la fonction de surintendant des Bâtiments du roi, aurait pu faire appel au premier architecte du roi. Lassurance étant mort brutalement en 1724, la fin du chantier semble avoir été assurée par Jacques V Gabriel (1667-1742). Plusieurs artistes de renom participèrent à la décoration du château : Nicolas et Guillaume Coustou, Antoine Coysevox, Jean- Baptiste Lemoyne pour les sculptures des jardins, Louis-Claude Vassé qui réalisa les décors du grand salon, François Desportes, Jean-Baptiste Oudry, Pierre Domenchin de Chavannes et Bertin fournirent des peintures. Avec Petit-Bourg, nous sommes en présence d’un modèle unique et absolu d’une résidence quasi princière, où Louis XV et Marie Leczinska, dans les années qui suivirent leur mariage, firent de fréquents séjours (D’Antin avait fait partie de l’ambassade qui avait négocié le mariage de Louis XV avec la fille du roi Stanislas). Il est en quelque sorte le bâtiment symbolique de la jeunesse de Louis XV et des premières années de son mariage. Peu avant sa mort et au vu des charges que Petit-Bourg ferait peser sur ses héritiers, le duc d’Antin voulut léguer sans condition son château au roi, mais celui-ci, sur les conseils du cardinal de Fleury, en refusa le don. Pierre Cailleteau (1655-1724), dit Lassurance : Remarqué avant 1679 par Jules-Hardouin Mansart sur le chantier de Clagny, résidence de Madame de Montespan, il entra en 1684 au bureau des dessinateurs. « Dès lors, c’est grâce à lui, dit-on, que la décoration intérieure des résidences royales prit un nouvel essor. » Dans ses Mémoires, Saint-Simon fait grand cas de cet architecte : « Il (Mansart) était ignorant dans son métier et de Cotte, son beau-frère, l’était guère moins. Ils tiraient tout d’un dessinateur qu’ils tenaient clos à l’écart chez eux, qui s’appelait Lassurance, sans lequel ils ne pouvaient rien. » Il réalisa de nombreuses commandes royales (l’appartement du roi dans l’aile gauche de Trianon, celui de la duchesse de Bourgogne, à Versailles, le décor du cabinet des Métiers et celui de la Petite Galerie…) et privées (hôtels de Rothelin et de Noailles, rue Saint-Honoré…). Iconographie : On ne connaît que très peu de documents concernant le château. Excepté les gravures publiées par Mariette dans l’Architecture française, les 2 dessins originaux de Vassé, conservés à Stockholm dans la collection Tessin-Harleman, et les relevés de Ritter zu Groenesteyn, aujourd’hui dans une collection particulière en Allemagne, notre album est la source documentaire la plus importante connue concernant le château de Petit-Bourg. Ce recueil, entièrement exécuté par le dessinateur Jean Chaufourier (1675-1757), est consacré uniquement à des vues du château et de ses jardins. Il est formé par un ensemble de dessins aquarellés (25) très soignés, montrant L’ARRIVÉE DE LOUIS XV au château, les différentes façades du château, les appartements et leurs éléments décoratifs, les jardins, un plan général et celui de l’allée du Mail. Il s’ouvre sur un superbe frontispice, selon la même technique, figurant les armes du duc et différents attributs (palette, compas...). Jean Chaufourier : Portalis le cite en qualité de dessinateur de paysages et professeur de perspective. Gendre du célèbre graveur G. Edelinck, il fut le professeur de dessin de Pierre-Jean Mariette (). En 1735, grâce à la protection du duc d’Antin, il fut reçu à l’Académie royale de peinture en qualité de professeur adjoint de perspective. Par la suite, il succéda à M. de Boullogne dans l’emploi de dessinateur à l’Académie des belles-lettres. On connaît de lui, en dehors de ce recueil et du précédent (Cartes et Arpentages du duché d’Antin) : 5 grandes vues dessinées pour l’ouvrage de Félibien, Histoire de la ville de Paris, publié en 1725 ; 22 dessins pour l’Histoire de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés de Bouillart, éditée en 1734 ; un recueil de vues aquarellées sur Chantilly, Charenton, Saint-Cloud ayant figuré au catalogue Paignon-Dijonval ; un album de 26 aquarelles donnant les plans des différents bosquets et bassins de Versailles, commandé par le duc d’Antin et ayant appartenu à M. Grosseuvre (Cat. Versailles, Avril 1934, n° 5, avec reproduction) ; un recueil, le Livre de vues et plans des villes de Bordeaux, Langon, Toulouse, Montauban,... Levés sur les lieux et dessinés par H. Matis, composé de 28 dessins aquarellés, exécutés au commencement du XVIIIe siècle, dont cinq sont des vues de Bordeaux, Langon et Toulouse réalisées par Chaufourier. Ce Livre des vues et plans des villes de Bordeaux…, également commandé par le duc d’Antin, appartint par la suite à Charles Lormier (Cat. II, 22 mai 1902, n° 869), puis au comte René Gallard-de-Béarn (Cat. I, 1920, n° 10, acquis par Rahir) et au comte et à la comtesse Niel (Cat., 2012, n° 100). D’autre part, des dessins isolés de Notre-Dame de Paris, de la villa Farnèse, des bords du Tibre, et de Paris ont figuré au catalogue des ventes Julienne, Lempereur et Destailleur. Reliure : Superbe reliure que l’on peut attribuer avec certitude à Padeloup, puisque son nom apparaît sur la liste des créanciers établie à la mort du duc d’Antin. Précieux document pour l’histoire de l’architecture sous la Régence. Planche 9, une importante déchirure grossièrement restaurée, épidermures à une pliure  ; pl. 10, petites épidermures aux pliures ; pl. 11, une petite déchirure restaurée. Dimensions : 630 x 485 mm. Provenance : Pichon (Cat., 1897, n° 447).
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