Lot n° 53

COLETTE. 4 L.A.S., [1931-1935, à Mlle Olympe Terrain] ; 9 pages in-4, qqs en-têtes (on joint une enveloppe autogr.).

Estimation : 1 500 / 2 000
Adjudication : 1500 €
Description
Jolies lettres de l’ancienne élève à son institutrice, inspiratrice du personnage de Mademoiselle Sergent dans Claudine à l’école. Hôtel Claridge [fin octobre 1931]. La fracture est guérie, mais elle lui écrit de son lit : « il est sage qu’avec une jambe bien ficelée, ébouillantée, massée, je ne fasse pas trop d’acrobaties »... Elle lui fait envoyer le livre de Claude Chauvière [sa filleule] : « Son auteur est une bien gentille jeune femme, pauvre, courageuse, pleine de talent. Vous la jugerez moins bien dans ce dernier volume, puisqu’elle me le consacre. Et je ne saurais sur celui-ci vous donner une opinion qui vaille »... Claridge. Champs-Élysées [1931-1934]. « Mais alors je vais aller vous voir ! Qu’il pleuve un peu moins, et vous me verrez arriver. Croyez à ma joie de vous revoir […] Si je peux je vous amène ma fille ! »... 33, Champs-Élysées [mai 1935]. Sur son mariage avec Maurice Goudeket, « un brave garçon, d’éducation et de famille excellentes. Il a été terriblement éprouvé par la crise comme tant de négociants, et il a gardé un rare équilibre, de la confiance, sinon de la fortune. Nous sommes des amis et des compagnons depuis onze ans bientôt. Notre mariage n’a rien changé dans notre vie, sinon qu’une cloison est devenue une porte et que nos deux studios, riches surtout de soleil, d’une vue large sur Paris tout entier et de livres, sont devenus un seul appartement »... Elle rentre de Saint-Tropez mais va partir pour Le Journal en Amérique sur la Normandie... Immeuble Marignan. 33, Champs-Élysées [fin 1935]. « Je mène une vie galérienne : mes Souvenirs dans Marianne, me courent aux trousses et mon métier de critique dramatique dévore mes soirées. Quand laisserai-je tout cela, et me contenterai-je de l’ail, du soleil, des tomates de St Tropez, – ou d’ailleurs ? Vous gardez un tel appétit du présent, du passé et même de l’avenir, que c’est un charme de vous lire. Le passé est bon pour moi, le présent, je mords dedans, mais l’avenir... connais pas. Mais comme vous j’ai l’horreur de ce qui se plie à vieillir. Et comme vous je porte plaisir à tout ce que je fais, sauf écrire bien entendu »... Elle raconte la rencontre d’un rouge-gorge au Bois, une promenade dans la forêt de Marly, « couleur de cuir, de cuivre, sombre et rutilante »… Elle n’est pas allée au triste gala du Français. Elle évoque Saint-Sauveur, à propos d’une carte postale de la place du Grand-Jeu, et des conversations inépuisables avec son vieux frère Léo… Elle signe : « votre élève respectueuse Colette ».
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