Lot n° 81

Victor ESCOUSSE (1813-1832) auteur dramatique, il se suicida. 4 L.A.S., septembre-décembre 1831 ; 7 pages in-8 ou in-4, 3 adresses.

Estimation : 600 / 800
Adjudication : 1100 €
Description
Très rares lettres au sujet de sa pièce Pierre III, drame en cinq actes en vers, reçu à l’unanimité à la Comédie-Française le 22 août 1831 et créé le 28 novembre, mais dont l’échec (4 représentations) fut en partie la cause de son suicide, le 18 février 1832, à l’âge de dix-neuf ans, avec son ami Lebras, après l’échec de leur drame Raymond. [Claude Schopp n’a recensé que 17 lettres d’Escousse, auxquelles s’ajoutent ici deux autres.] 13 septembre, à M. Menjaud, artiste du Théâtre Français. Apprenant qu’on va répéter une Catherine deux à l’Odéon et un Pierre trois à la Porte Saint-Martin, il presse le Comité à ne pas se laisser devancer par ces théâtre et « à faire une démarche décisive auprès de Mademoiselle Mars. Si cette dame hésitait ou refusait », on pourrait prendre Mme Valmonzey, ou Mmes Mante, Moreau-Sainti ou Paradol. « Je suis inquiet non sans raison »… 22 novembre, à Charles Lemesle : il l’invite à venir à la répétition le lendemain aux Français, il lui donnera son manuscrit et ses chansons que la mort de sa mère l’a empêché de lui porter. [5 décembre], à Prosper Enfantin. « J’ai entendu dire que votre secte avait mission d’encourager, de protéger toutes les classes. Les hommes d’art ne seront pas exclus de cette protection paternelle voilà qui est beau et qui me fait sourire moi qui adore l’art et qui suis à la veille d’y renoncer grâce à ma pauvreté, grâce à l’acrimonie des journaux, à la haine, à la vengeance de quelques hommes qui m’enlèvent ma seule ressource en forçant pour ainsi dire le Theatre Français de ne plus jouer ma pièce ». Il le remercie de son article bienveillant du Globe sur Pierre III : « J’ai été tenté de me faire St Simonien », près des « seuls hommes qui n’épuisent pas leur amertume contre un pauvre poëte de dix huit ans, qui le consolent et l’encouragent [...] Si votre doctrine est pure, si vos principes sont forts, vous triompherez ; d’ailleurs la persécution et l’intolérance recrutent pour vous »... 13 décembre, à Paul Bocage : « si je fus malheureux, si imprudemment ambitieux, je tombe aujourdhui d’un peu haut, si je dépouille forcément ma brillante robe d’illusions, je me félicite d’avoir conservé ma chemise philosophique. Certe je suis encore un peu froissé, j’ai encore du fiel au cœur et du découragement dans l’âme et je voudrais au prix de tout ce que j’ai gagné racheter ma très profonde obscurité et ma misérable mansarde ». Il remercie Bocage de son soutien et prie le comédien de hâter la représentation de sa pièce Faublas qu’il va lire aux Nouveautés. Il lui demande de garder le souvenir du « misérable petit poëte qui rentre dans la poussière dont il n’aurait jamais du sortir » ; il fait suivre sa signature des mots : « auteur sifflé de Pierre trois ». On joint la copie manuscrite d’époque de l’« Epitre dédicatoire » du poème La Noëliade (plus une l.a.s. de Joseph Dumas sur Escousse, 1912).
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