Lot n° 117

Panaït ISTRATI (1884-1935). L.A.S., L’Hautil s/Triel 27 mai 1927, [à Marcel Thiébaut, de la Revue de Paris] ; 3 pages in-8.

Estimation : 800 / 900
Adjudication : 1200 €
Description
Très belle lettre sur son écriture et sa nouvelle Mikhaïl, dont il promet de remettre le manuscrit avant fin juillet. « Quant aux “restrictions de style” dont vous parlez, je ne crois pas que vous n’adopteriez, à mon égard, l’attitude qu’ont adopté, jusqu’à ce jour, quatre maisons d’édition françaises, qui m’ont imprimé ou m’impriment actuellement, à savoir : Rieder, Gallimard, Ed. de France et le Sablier, pour ne plus parler de Grasset, avec lequel je viens de signer un contrat à mensualité fixe, à l’exemple de celui qui me lie à Rieder pour tout le cycle d’Adrien Zograffi. Bien entendu, je ne prétends pas écrire dans un français irréprochable, loin de là, et il y aura toujours, sur mes manuscrits, des incorrections à corriger. Mais, pour tout ce qui est du reste, je n’ai jamais essuyé un refus, ni eu des pages à amputer. Je crois un jour pouvoir remercier à la France de m’avoir accueilli, sans jamais subir ces humiliations-là, les seules que la vie m’a épargné. Croyez-moi : comme dans toute œuvre, dans la mienne aussi il y aura du très bien, du bien, et du moins bien, – cela dépend beaucoup de notre état d’âme – mais j’espère que la providence me laissera jusqu’à la fin ma lucidité d’aujourd’hui, qui me défend de transformer ma passion d’écrire en un affreux gagne pain. Je garde tous mes appareils de photographe ambulant : le jour où l’on me signalera un ouvrage nul, je déposerai ma plume. Je le jure ! Mikhaïl […] c’est mon œuvre la plus vraie, la plus digne, la plus honnête, lambeau de ma propre chair, bien supérieure à mes œuvres d’imagination. Cela aussi a son importance dans le cycle »…
Partager