Lot n° 148

Pierre LOUÿS. L.A.S. « P.L », Mardi [23 juin 1914, à Louis Loviot] ; 8 pages in-8.

Estimation : 500 / 700
Adjudication : 750 €
Description
Récit de la folle nuit où il rencontre la jeune actrice Claudine Roland, qui va devenir sa maîtresse.La veille, Mlle X s’est invitée à dîner. « Je décidais immédiatement d’aller quand même au bal des 4’z A. sans le lui dire et tout l’après-midi je courais Paris pour me procurer une entrée et un costume essentiellement préhellénique. À 6 h ½ j’avais le costume et je repartais pour Auteuil où je me mettais en habit pour dîner »... Après un dîner en cabinet « avec qui vous savez », puis passage à Comœdia pour recevoir « sinon une entrée, au moins une patte blanche », et changement de costume, à minuit il se trouvait au bal des Quat’z Arts, où Mlle Z. de la Renaissance s’est accrochée à lui pour ne plus le lâcher de la nuit. « Vers quatre heures du matin, nous étions trois, non pas que nous eussions déjà fait un enfant, mais parce que d’un commun accord nous nous étions adjoint Claudine Roland qui est bien la plus “comique chose” le meilleur gamin de Paris qu’on ait inventé au XXe siècle. À nous trois, nous décidions enfin de quitter le bal. On commençait à nous arroser avec des siphons. L’orgie battait son plein. [...] L’entrée de nos costumes chez Maxim’s à 4 h ¼ du matin fut une de ces scènes que la postérité la plus reculée connaîtra mieux que la prise de Troie. [...] Nouvelles bouteilles de champagne, comme vous pensez bien. Tango et one step, dansés par Claudine Roland et le duc d’Uzès, lequel à 5 h se met au piano et remplace, toujours pour Claudine, les musiciens qui s’en allaient. À 5 h ½ nous laissons le pianiste réintégrer le domicile conjugal, et nous partons tous trois, Mlle Z. Claudine Roland et moi, pour Boulainvilliers. Il faisait grand jour, nous ouvrons toutes les fenêtres, nous recommençons à souper pour la troisième fois. Claudine était déjà comme une grive, mais après le dernier champagne de Boulainvilliers elle ne tenait plus sur aucun de ses deux talons et il suffisait de la toucher avec le doigt pour la culbuter les quatre pattes en l’air par-dessus le bras d’un fauteuil. On n’a jamais tant ri dans cette folle maison »... à 8 h du matin, il reconduisait ces demoiselles... « Comment j’ai pu, après cela, passer la soirée avec un ancien président du conseil, deux ambassadeurs, un doyen de faculté, un membre de l’Institut et plusieurs dames, ne me le demandez pas »... Jean-Paul Goujon, Pierre Louÿs, une vie secrète (Fayard, 2002), p. 671.
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