Lot n° 149

Pierre LOUÿS. 4 L.A.S., [1915 ?-1919 et s.d.], à Musidora ; 13 pages formats divers, 3 enveloppes.

Estimation : 500 / 700
Adjudication : 700 €
Description
Charmante correspondance à l’actrice qui fut aussi sa maîtresse. Vendredi [1915 ?]. « Horreur d’enfant ! Je viens de lire votre article. Est-il permis de faire des choses pareilles ! Et vous en êtes fière ? [...] je serais bien heureux si vous trouviez quelqu’un d’assez gentil pour vous battre quand vous vous faites photographier en Émile Zola de la Bête Humaine. Yvonne, Suzy et Pierre Labrouche sont trop doux »... Dimanche. « Je me suis brusquement entiché de la personne la plus bruyante qu’il y ait à Paris. Il n’y en a pas deux. Vous savez donc qui, bien que vous ne la connaissiez pas. Dès le premier soir, elle et sa sœur ont passé quatorze heures dans mon lit, ce qui a fait un scandale épouvantable à Boulainvilliers. Le lendemain, l’amant qu’elle avait depuis quatre ans (et dont vous savez le nom illustre) a rompu avec elle. Puis, comme rien n’est médiocre, ni effacé, ni silencieux avec Mlle X, il ne s’est plus guère passé un seul jour sans que j’aie moi-même un incident éclatant ou dramatique depuis le 28 juillet »... Avec une Prière à la manière de celles que Musidora écrit sur son petit carnet, sous forme de dialogue entre Louÿs et Dieu : « faites que Musidora ne m’aime pas, parce que je suis l’ami de Pierre Labrouche et que je ne veux pas éprouver un pareil conflit de sentiments »... – Il la taquine sur un admirateur grec qui a fait une « cour insensée » à la « petite Sainte Nitouche » consentante, sous les yeux scandalisés de Louÿs. « Moi qui ai toujours été si convenable avec vous, si pudique et si réservé, il faut que je voie mes amis entreprendre à ma barbe ce que je m’interdis par sincère amitié pour qui vous savez [...]. Ah ! il s’est passé bien des choses depuis que je ne vous ai vue, Musy. Tant de choses que je suis à bout d’émotions. Et hier après avoir accepté à 9h ¼ d’accompagner ma meilleure amie (ma meilleure amie de la semaine) chez une illustre dame, j’ai fini par rentrer chez moi parce que j’avais eu trop d’incidents, d’imbroglios, de drames et de flagrants délits depuis le commencement du mois. Alors soyez gentil demain : ayez un petit midnight-tea tout à fait childish et innocent »... 25 janvier 1919. Sous quelques mesures d’un air des Brigands d’Offenbach, il l’invite à courir chez Mathilde Auguez (Mme H. Lavedan) et de s’habiller en Fragoletto comme Marguerite Ugalde. « Dites à Auguez d’imaginer qu’elle pousse encore ce cri de joie dans la gaieté inouïe qu’inspiraient le visage, la voix, le jeu de José Dupuis [...]. Et puis, s’il m’arrive encore (et cela m’arrivera) de vous comparer à l’Être Parfait, dans mes lettres et mes discours, ne me regardez plus tout tristement, comme vous l’avez fait ce soir et avant-hier, avec vos yeux de 300 bougies »... Reproduit page 49
Partager