Lot n° 155

Roger MARTIN DU GARD (1881-1958). 5 L.A.S., Bellême (Orne) et Nice 1930-1957, [à Marcel Thiébaut] ; 9 pages et demie in-8.

Estimation : 600 / 800
Adjudication : Invendu
Description
Intéressante correspondance. Bellême 18 octobre 1930. Il appuie la proposition de Gide, de publier la traduction par Marcel de Coppet d’Old Wives Tale d’Arnold Bennett. Il a pour ce roman « une admiration profonde », et quant à la préface de Gide, « vous savez combien il est peu prodigue de manifestations de ce genre, et quelle est la sûreté de son goût »... 21 octobre 1930 : « jusqu’à présent, je suis très hostile à la publication en revues – et particulièrement pour une œuvre comme mes Thibault. [...] je persiste à penser que si je trouve, parmi ceux pour lesquels j’écris, – je veux dire mes amis littéraires – de si bons lecteurs et si attentifs, c’est beaucoup parce que je ne leur offre pas la tentation de me juger entre deux stations de métro, de me feuilleter en fascicules, chez le dentiste ou chez le coiffeur ; et parce que je les oblige à lire mes livres tels que je veux les leur donner à lire, en leur entier et par doses massives »... Nice 21 février 1948. Félicitations pour le numéro de février, surtout pour Le Métier des armes de Jules Roy : « Le récit du vol dans le défilé rocheux est un morceau d’anthologie. Et l’analyse des sentiments de l’officier, écartelé entre la discipline, la fidélité à ses chefs et les sursauts de sa conscience individuelle, est, de beaucoup, ce que j’ai lu de plus pénétrant, de plus éclairant, sur ce débat pathétique »... Bellême 6 novembre 1955. Le chapitre sur Jacques Copeau, donné à la N.R.F., est le seul qu’il puisse détacher des Souvenirs écrits pour l’édition de la Pléiade : « tout le reste est trop personnel [...] je n’ai guère l’habitude ni le goût de parler de moi et de mes livres. Si j’ai cédé, sur le tard, à cette crise d’exhibitionisme sénile, en rédigeant quelques “Souvenirs” de ma vie d’écrivain, c’est parce qu’il fallait, en introduction aux volumes de la Pléiade, quelques pages de renseignements biographiques. [...] Cette édition est, en somme, une sorte de monument funéraire que m’élève, – plus ou moins prématurément ?.. – mon vieil ami Gallimard »... 5 août 1957. « J’achève votre étude sur Colette, et je cède à l’envie, assez sotte, de vous dire l’émotion, le plaisir très plein, très complet, que m’a apporté cette lecture »... Il le félicite aussi pour son article sur Paul Morand, et d’avoir publié le « bouleversant et courageux article » de Bouthoul : « Je me souviens des réticences que je rencontrais quand je faisais lire, autour de moi, ses premiers livres. Ses révélations sont maintenant accueillies avec une anxiété très compréhensive »...Reproduit page 55
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