Lot n° 231

Jérôme et Jean THARAUD (1874-1953, 1877-1952). Manuscrit autographe signé, La Maîtresse servante, [1911] ; 305 feuillets in-4 montés sur onglets, reliure maroquin janséniste havane, filet doré sur les coupes et les coiffes, doublures de...

Estimation : 2000 / 2500
Adjudication : Invendu
Description
maroquin vert encadrées d’un filet doré, gardes de moire beige, doubles gardes de papier marbré, tranches dorées, étui (Saulnier).
Manuscrit de travail complet de ce roman, publié en 1911 chez Émile-Paul, dont une première version, sous forme de nouvelle, avait paru sous le titre Servitude campagnarde dans la Revue de Paris du 15 septembre 1908. Il fut notamment salué comme un « sombre petit chef-d’œuvre » dans un grand article de Maurice Barrès dans L’Écho de Paris du 3 août 1911. Le roman se déroule dans le milieu des hobereaux du Limousin, sous la forme d’une confession. C’est, écrit Barrès, « un roman de mœurs, la peinture des débris d’une classe sociale, mais c’est aussi un roman de caractère. […] Le héros de la Maîtresse servante appartient très nettement, par toutes ses manières, à une classe d’hommes libres, d’êtres non domestiqués, que la civilisation moderne a pourtant bridés, qu’elle empêche, qu’elle dénature. Désorbité, déclassé à Paris, contraint par la nécessité de revenir sur son domaine, il regagne sa gentilhommière, mais pour prouver à lui-même et aux autres qu’en dépit des circonstances il n’en fait qu’à sa tête, il installe sa maîtresse, au vu et au su de tout le pays, près du château rustique où il vit avec sa mère. Son orgueil de petit noble déchu lui fait découvrir dans ce défi à l’opinion et au bon sens une émotion de puissance. La mère ne trouve d’autre moyen, pour détacher son fils, que d’humilier devant lui cette femme. Elle la réduit, petit à petit, jusqu’à faire d’elle une servante. Et la pauvre maîtresse, par une affreuse tendresse, qu’on n’ose mépriser, ni aimer, se résigne à cette dégradation. Cette noire aventure, tirée de la vie même, est soutenue d’anecdotes terriennes, de paysages limpides, d’impressions vécues qui la complètent et nous la font accepter. Les Tharaud […] ont mis sur pied un homme en lutte avec sa nature profonde […] Ce roman, c’est la peinture sévère, cruelle, toute en tons bruns, magistrale, d’une âme qui se rétrécit »… Manuscrit de travail abondamment raturé et remanié, où les mains des deux frères se mêlent constamment. À l’encre violette, principalement sur papier bleuté, il est surchargé de corrections et d’additions, avec de très nombreux béquets ; de nombreuses pages sont écrites au verso de brouillons biffés. On a relié en tête une L.A.S. de Jérôme Tharaud (cosignée « et Jean ») : « Je fais déposer chez vous le manuscrit unique, de La Maîtresse servante »...
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