Lot n° 261

algérie. Commandant Discors. L.A.S., Alger 10 juin 1958, à un ami ; 8 pages in-8.

Estimation : 200 / 250
Adjudication : 200 €
Description
Témoignage sur le putsch d’Alger. « Alger a fait “sa Révolution” le 13 mai – et je pourrai dire “J’y étais”. En vérité, je n’étais pas de ceux qui ont pris d’assaut le Gouvernement Général. Je n’appartiens pas au Comité de Salut Public. […] Je me suis contenté d’être un spectateur sceptique, puis étonné, enfin presque satisfait, tout en restant toujours lucide »... Un beau soleil illuminait la ville et échauffait les têtes : « L’après-midi tout le monde avait congé pour aller se recueillir au monument aux morts en souvenir des trois soldats français assassinés par les fellaghas en Tunisie. Aucun énervement. Cependant au début de l’après-midi, quelques jeunes gens de 15 à 20 ans saccagent le centre culturel américain. Danger nul – aucun agent en vue – geste ridicule. La foule se porte au monument aux morts (placé sous le Forum). Elle est très calme. Il n’y a pas un seul musulman »... Après la cérémonie du dépôt des gerbes, l’explosion accidentelle d’une grenade lacrymogène fait jaillir l’étincelle : le gouvernement général où se sont retirés les CRS est pris d’assaut. « On téléphone aux généraux Salan, Jouhaud, Massu [...]. Ils arrivent affolés. Ils pénètrent dans les locaux pour voir des jeunes gens semi inconscients jeter les dossiers par les fenêtres. Ils ne peuvent faire entendre les appels au calme [...] Au dehors, la foule scande : “Massu, Massu !” Les généraux, les journalistes se consultent. Enfin ils décident de créer un Comité de Salut Public, dont Massu, si populaire à Alger sera le Président. Ainsi, cette révolution a été une surprise totale pour tous. Elle n’a pas été préparée – ni par les militaires – ni par les civils – ni par les Français – ni par les musulmans »... Il résume la hiérarchie qui s’est établie, les rôles de Massu et Soustelle, l’incompréhension du gouvernement de Paris, et l’enthousiasme des Algériens décrits par Soustelle comme des Français « à part entière [...]. Dans la griserie générale, on ne s’aperçoit pas immédiatement de la portée de ces paroles. Mais dès le lendemain, on est amené à parler de “fraternisation”. On convoque tous les musulmans à des manifestations de sympathie [...] Dès lors, c’est le principe de l’intégration totale qui est admis. Or, de cette intégration aucun Français d’Algérie n’en veut »... De Gaulle, reçu triomphalement à Alger, a pris à son compte ce principe, et pour l’instant le général Salan est le seul patron, mais la prochaine échéance résidera dans les élections ; « seuls, le prestige et l’autorité du général de Gaulle sont susceptibles de nous éviter une horrible lutte fratricide et de nous sauver de la déchéance totale. Puisse-t-il obtenir ce miracle »...
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