Lot n° 275

Georges-Louis Leclerc, comte de BUFFON (1707-1788) le grand naturaliste et écrivain. L.S., Montbard 8-10 mai 1776, [à Louis-Bernard Guyton de Morveau] ; 4 pages petit in-4 (la fin manque).

Estimation : 800 / 1000
Adjudication : 1500 €
Description
Très belle lettre scientifique. Il lui reproche aimablement d’avoir quitté une affaire importante, pour venir s’amuser avec eux de projets de fourneaux et d’expériences. « M. Allut vient de partir pour s’en retourner chés lui par la route de Chatillon. Après avoir beaucoup raisonné sur ce que je pouvois faire dans mon fourneau pour l’acier, j’ai reconnu qu’il falloit abandonner le projet de s’en servir, et en conséquence j’ai pris le parti de vous prier d’accepter pour le laboratoire de l’académie les deux grands creusets de 42 pouces, les trois autres de 28 pouces, tout cinq en argille et aussi les deux qui restent en pierre calcaire : ce présent quoique bien gros et bien pesant ne peut acquérir de valeur qu’entre vos mains »... Il parle de ses projets de glaces arrondies de diverses épaisseurs ; il en donnera une à l’Académie de Dijon, à qui Pajou doit envoyer incessamment « le Buste en terre cuite » de Buffon, qui remboursera les frais de port. Un long post-scriptum annonce l’envoi d’un « petit paquet d’une poussiere de pierre ou autre qu’un maître de forge qui a assisté aux expériences faites avec le charbon de terre dit être un grand secret. Il s’en est servi devant nous pour refroidir le foyer trop chaud de l’affinerie. Avec moins d’un quart d’once de cette poudre qu’il a projetté dans le foyer de l’affinerie le laitier qui étoit d’un rouge beaucoup trop vif a diminué de couleur, et il a fait la même opération sur des barres de fer rouge ». Il fait confiance à Morveau pour trouver ce que ce peut être : « je pense que ce n’est qu’une matiere pierreuse, vitrescible et très fondante ou du spath fusible et peut-être quelque chose d’encore plus commune. J’ai vû brûler par la méthode du Comte de Stuart une grande quantité du charbon de Montcenis et vous pouvés être assuré qu’il contient beaucoup de soufre, car on ne pouvoit respirer autour du fourneau tant l’odeur de soufre étoit suffoquante »... Il évoque d’autres expériences sur des charbons de bois ou de terre, s’étonnant que les Anglais n’aient pas encore trouvé sa méthode, et il termine par un beau compliment sur la renommée de son « magnifique Cours de Chymie ; j’ai dit qu’on commençoit a parler cette science, vous allés la porter tout d’un coup au dernier dégré de clarté et d’éloquence, en répandant les vrais principes, vous reculerés les bornes étroites où il sembloit que la chymie s’étoit circonscrite »... Guyton de Morveau a noté en tête : « La poudre est de la corne de cerf calcinée »...
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