Lot n° 296

Charles FLAHAULT (1852-1935) botaniste, professeur et pionnier dans les domaines de la phytogéographie, de la phytosociologie, de l’écologie forestière et de la vulgarisation scientifique, fondateur de l’Institut de Botanique de Montpellier....

Estimation : 600 / 800
Adjudication : Invendu
Description
34 L.A.S. et 1 L.S., 1883-1930, à son ami Maurice Granel (et à M. Granel père) ; environ 82 pages la plupart in-8.
Intéressante correspondance amicale et scientifique, à son ami et collègue botaniste Maurice Granel (1853-1934), directeur du Jardin Botanique de Montpellier de 1885 à 1932, et son père. La plus importante partie de cette correspondance date de 1883, alors que Granel passe le concours de l’agrégation et présente sa thèse à la Faculté de Médecine de Paris : Flahault l’encourage et le conseille ; il donne quelques nouvelles de son fils à M. Granel resté à Saint-Pons... En poste à Montpellier, il écrit très régulièrement à son ami (16 lettres entre le 16 avril et le 23 septembre 1883). Il le remercie pour le bon accueil reçu dans sa famille à Saint-Pons ; il lui donne des nouvelles de la Faculté de botanique de Montpellier, de ses camarades et de ses maîtres, qui tous souhaitent son succès... Flahault, qui veut l’aider, le recommande à ses confrères parisiens, et l’encourage, certain de son succès : « Vous êtes prêt, ne vous laissez pas dominer par votre timidité naturelle ». Il rentre du Congrès d’Antibes, où Montpellier a joué un beau rôle grâce à la grande connaissance de la flore méditerranéenne de M. Barrandon ; ils rapportent une foule de plantes « pour votre jardin des plantes, beaucoup de choses précieuses »... 30 mai. Voilà le moment arrivé « où vous allez appliquer tout ce que vous avez accumulé depuis six ans [...] rarement on arrive à un concours avec le bagage que vous aurez ». Sûr de son succès, il l’encourage tout de même à aller voir Lacaze-Duthiers à la Sorbonne, et cherche à le recommander auprès des membres du Jury. Il lui donne des conseils pour ses examens... 9 juin. Ses collègues professeurs sont très satisfaits de sa composition, ce qui réjouit tout le monde à Montpellier : « Je compte bien que vous continuerez comme vous avez commencé, et alors, quel triomphe ! ». Il remercie Granel de ses félicitations pour sa nomination au poste de professeur de Botanique au Museum... 13 juin. Il l’encourage à se reposer et à se divertir, avant l’épreuve pratique : « Ayez donc de l’aplomb et faites une leçon comme celles que vous nous faisiez au laboratoire botanique ». Il l’assure de l’intérêt de tous à Montpellier, « vos camarades, vos maîtres d’autrefois, vos amis les jardiniers »... 26 juin. Le sujet de sa thèse lui apparait assez restreint, et il regrette de ne pouvoir lui être d’aucune utilité. Il lui donne cependant de précieux conseils et des pistes bibliographiques. Il met à contribution leurs confrères de Montpellier, qu’il charge de lui envoyer certains travaux utiles... Il est soulagé que l’épreuve pratique se soit bien passée... Il tient le père de Maurice au courant du déroulement des épreuves, ne doutant pas du triomphe… Il lui annonce son arrivée prochaine à Paris, pour l’aider et assister à sa soutenance... Lors de son séjour à Paris, il rassure M. Granel sur la thèse de son fils [L’Ergot, la rouille et la carie des céréales, thèse présentée au concours pour l’agrégation (section d’anatomie, de physiologie et d’histoire naturelle)] : « La thèse de Maurice est bonne, écrite avec méthode et l’auteur connaît son sujet de manière à le discuter savamment »... Après la soutenance, il emmène Maurice à Bailleul pour se détendre ; il s’inquiète de savoir s’il a reçu la notification officielle de sa nomination, en le priant de lui adresser aussitôt sa démission, qu’il regrette bien de devoir accepter... Il félicite le père : « Voici enfin Maurice arrivé au but rêvé depuis ces longue années ! C’était justice mais vous savez par quelles péripéties peut passer un candidat indiscutable comme l’a été votre fils pendant toute la durée du concours »... 11 septembre. À Montpellier, « on annonce officieusement l’ouverture d’un cours d’allemand au laboratoire de recherches botaniques [...]. Tout le monde y sera à la fois élève et professeur. Si tu ne peux te déshabituer de me mettre sur un piédestal, va pour le piédestal ; cependant j’aimerais mieux le niveau du sol ». Conseils pour les cours : le plus important est d’intéresser les élèves : « Il faudra par exemple négliger les algues et les lycopodiacées utiles, malgré la sanction du maître »... Etc. La correspondance reprend le 22 août 1885, de « cette bonne ville de Gand », qui l’émerveille : « C’est aux établissements horticoles et à l’Université que nous avons consacré toute notre attention ». Ils ont rencontré M. Van Houtte : « il y a chez lui 175 jardiniers et 49 serres, avec 401 hectares de culture de fleurs. Nous y avons pris beaucoup de notes ». À l’Université, on compte 24 professeurs titulaires à la seule faculté de sciences ; « le jardin botanique a un budget de 28.000 francs qu’on considère comme absolument insuffisant. Tu vois que les choses se font plus largement que chez nous »... 9-14 septembre 1890. Belle lettre sur son voyage en Suède et son séjour à Upsala... Etc.19 février et 5 mars 1919. Sur sa mission à l’Institut botanique de l’Université de Strasbourg, pendant la Conférence de Paris qui rendra l’Alsace à la France : il fait passer des concours et des examens aux jeunes Alsaciens libérés « par l’armistice de tous devoirs envers les boches ». Il remet, avec d’autres confrères volontaires, le système estudiantin scientifique français en marche à Strasbourg, et sont submergés par le nombre de demandes de tous ces jeunes gens qui pour la plupart ont été soldats pour les Allemands à 17 ans, et cherchent encore leur voie. La Faculté de Médecine est inexistante et on a annexé une partie de l’hôpital. Il est très touché que ses amis aient respecté son désir « de vieillir et mourir sans porter atteinte à mon désir de vivre dans l’ombre ». Ils sont débordés de travail et il a 140 étudiants dans son laboratoire, qui travaillent avec zèle pour pouvoir présenter les examens de juillet et rattraper le retard. « Pour moi, je veille en même temps de mon mieux à l’avenir de cet Institut botanique où je ne fais que passer ». Le Jardin botanique, ravagé pendant la guerre, réclame aussi tous ses soins... Etc. On joint 2 L.A.S. de Flahault à François Granel (fils de Maurice), et une trentaine de lettres concernant le professeur Maurice Granel, Flahault et l’Institut botanique de Montpellier : Benjamin Dunal, Joseph Grasset, Émile Jeanbreau (1916, sur la transfusion sanguine), Louis Planchon, Louis Vialleton, etc.
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