Description
ensuite. Mais où que j'aille, je tâcherai de bien me battre, pour toi, pour notre petit, pour tout ce que nous aimons. Je t'adore, je t'adore, je t'adore, je t'adorerai toujours [^j. C'est pour toi que je brûle de monter en ligne. La défense de la France, c'est la défense de mon petit et de toi [^j. Il faut croire à la victoire. Il faut tenir. Pour moi, je jure que je tiendrai et que ma section tiendra. Il faut prier aussi, puisque nous faisons une croisade [^j (22 mai 1940). « Je t'écris au soir de cette journée si triste pour l'honneur humain. Rien dans l'histoire du monde n'est plus laid que la trahison de ce roi poignardant ses sauveurs dans le dos [le roi Léopold III venait de signer la capitulation sans condition de la Belgiquej. Nous autres, Français, qui sommes les enfants terribles de Dieu, nous ne sommes pas sans reproches. On nous dit légers et pourtant, il pèse lourd dans la balance de l'honneur, le sang de nos soldats, qui meurent en Belgique. Dieu ne voudra pas que notre patrie s'en aille. Il sait bien qu'au fond, nous défendons ses églises, ses prêtres, son évangile. Pour ma part, je suis plein de confiance, nous aurons la victoire. J'en suis certain ; je le sais ; je le sens. Je ne souhaite qu'une chose : partir vite, avec mes hommes, pour la relève. Mes soldats sont tous de Valenciennes, de Maubeuge, de Lille ^ Ils ne savent plus rien de leurs femmes, de leurs gosses, et pourtant, ils ne pleurent pas. Ils serrent les dents ; ils ont tous le désir de tuer ces barbares. Oui, ils ont envie de tuer [^j » (29 mai 1940). « Je pars tout à l'heure, cette fois, c'est la bonne. J'ai la plus belle tâche que je pouvais souhaiter : défendre Paris, notre ville, notre quartier, nos rues, nos souvenirs [^j » (10 juin 1940). « Tant que nous vivrons, tant que chacun de nous gardera la même foi, l'âme de la France ne mourra pas [^j. J'ai pris le goût de vivre quand même, et la résolution de lutter. Car il faudra lutter. Durant ces dernières semaines, il n'y eut pas que l'ennemi allemand. J'ai vu tant de laideurs, de lâchetés, d'impuretés, que j'ai mesuré, je pense, l'immense gouffre où notre pays s'est effondré. Linette mienne, il n'est pas beau de sentir les bombes éclater près de soi, d'entendre claquer les mitrailleuses, mais quel dégoût de voir d'anciens matamores suer de peur, des pillards, des femmes s'offrant au premier venu, au coin d'un fossé ! [^j » (8 juillet 1940), etc. [André Monteil, pour sa bravoure, recevra la croix de guerrej. JOINT : 6 autres L.A.S. d'André Monteil à son épouse (1946-1954) + 6 L.A.S. de Madeleine à André. Avec d'intéressantes considérations sur ses activités ministérielles. B. Occupation. Une soixantaine de lettres, 1939-1945 + un petit agenda pour 1945 (rempli par Madeleine Monteil). Correspondance reçue par André et Madeleine Monteil durant l'Occupation ; figurent également bon nombre de lettres de Madeleine Monteil à ses parents (avec d'intéressantes considérations politiques et l'action de son mari) : principalement des lettres amicales et familiales, d'amis, de collègues (dont de belles et longues lettres de Paul Vicaire). Ensemble à étudier. [André Monteil était professeur au lycée de Quimper (il avait obtenu ce poste en 1938) ; il entre très tôt dans la Résistance (il appartient au mouvement Libération Nord, et commande les FFI de Quimper). Pour son action clandestine, il sera décoré de la médaille de la Résistance et de la légion d'honneurj.