Lot n° 69

Suriname. Longue lettre de Guerry Duclaud à ses sœurs, à La Rochefoucauld. 3 pp. ^ in-folio, d’une écriture dense. Paramaribo, 20 octobre 1772. Adresse, cachet de cire et marque postale au dos. Il raconte en détail la suite de son aventure :...

Estimation : 600 / 800
Adjudication : Invendu
Description
il pensait retourner en France, mais son statut de déserteur l'en a dissuadé, et s'est décidé à partir pour l'Amérique. « J'ay employé ma poudre d'or pour acheter des Nègres et suis party le 6 8bre 1771 de la côte de Guynée. Il m’en a couté 100 florins pour ma personne et 60 florins pour chaque nègre, il m'en est mort 2 de douze, reste dix qui sont arrivés icy bien portant. Quand à moy j'ay eu quelques accès de fièvre pendant le voyage puis à peu près le corps rempli de boutons et maigre comme un morceau de bois. Mais quoique j'eusse à bord du navire la table du capitaine, j'avois eu soin d'embarquer des provisions tant pour moy que pour mes nègres qui m'ont bien servi, car sy je n'eus eu autre chose que la nourriture du navire, je croy que l'on m'aurois enterré dans l'eau salée puisque le chirurgien n'avoit seullement pas de médecine et grâce à Dieu je suis débarqué icy le 1 1 Xbre 1771 ; on appelle ce pays icy Suriname du nom de la rivière de Suriname qui est extrêmement grande, que les navires remontent jusqu'à une colonie appelée Paramaribo, là où je demeure et m'y suis établi marchand dans la rue de la Compagnie près le port. C'est une fort belle ville bien bâtie et riche. Les Français ont leur colonie à trente lieues de là qu'on appelle Caÿaine. Les habitants sont du long de la rivière, on y cultive le sucre et le caffé. Chaque habitant a 200 ou 300 nègres et recueillent de gros revenus mais avec de grands risques. Il arrive des choses bien tristes et de grandes cruautez que commettent plus de trois ou quatre mille nègres qui sont fugitifs dans les bois qui viennent comme par régiment piller plusieurs habitations enlevant tous les effets et les nègres assassinent tous les Blancs qui s'y trouvent ; ils inventent touttes sortes de manières pour les faire mourir à petit feu ; jamais Damiens n'a souffert sy cruel suplice que ces gens là font souffrir à ceux qui leur tombent entre les mains. Jugez sy cela est de la dernière conséquence puisqu'on a envoyé toutte la garnison d'icy pour les prendre sans pouvoir réussir et on force tous les bourgeois de monter la garde pour deffendre cette colonie. Les magistrats font visiter toutes les maisons pour voir sy chaque bourgeois est bien armé et sy on n'a pas ce qu'il faut on condamne à de grosses amandes [^j ». Il parle longuement de la famille, des connaissances, de son désir de mariage, du retour de fortune de certains négociants qu'il a connus, du coût et des difficultés de ses affaires, « l'entretien de mes 10 nègres », précisant que « je n'ay à la maison que 6 nègres, 4 filles et 2 hommes , j'en ay 2 qui sont loués à un capitaine de navire qui gagne chacun 24 sols par jour, 2 qui sont chez un maitre charpentier pour 2 ans sans en retirer un sol bien au contraire, je paye 100 florins par tête pour chaque [^j ».
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