Lot n° 157

Journal de campagne en Tunisie en 1770 (expédition contre le Bey de Tunis). "Journal de la Campagne que j'ai fait(sic) sur le Vaisseau la Provence commandée par Mr de Moriès Capitaine des Vaisseaux du Roi dans l'escadre commandée par Mr de Broves...

Estimation : 2000 / 2500
Adjudication : 3 500 €
Description
chef d'escadre des armées navales composée de deux vaisseaux, deux frégates, une flute, une barque, deux chebecks et deux galiotes à bombes. On a aussi armé une tartane pour suivre l'escadre ; " Cahier de 68 pp. manuscrites (d'une écriture très lisible) ainsi constitué : - La première page donne, en plus du titre, la liste des bateaux, de leurs commandants et nombre de canons (liste non achevée) - 9 pp. vierges - Journal de bord, 49 pp. : Samedi 16 juin 1770, départ de la rade de Toulon pour Bizerte ; négociations et échanges avec le Bey de Tunis ; les hostilités débutent le 28 juin, un coup de canon est tiré contre le navire le 31 juin ; le 1er juillet le Commandant de Broves, malade, remet le commandement à M. de Fauchet ; le 3 juillet, les bombardements contre Bizerte commencent ; ils cesseront deux jours plus tard, le Bey ayant demandé la paix ; l'escadre, rejointe entre temps par des galères de Malte (dont l'une est commandée par Suffren lui-même), appareille alors en direction de la rade Tunis puis mouille au large de Port-Farine ; plusieurs sondes sont effectuées (détails des sondes in fine) mais les bateaux ne peuvent approcher davantage de Port-Farine et de Tunis ; l'escadre repart en longeant le Cap Bon pour aller mouiller au large de Sousse ; les échanges de tirs de canon avec la ville commencent le 27 juillet ; les galères françaises, très touchées, sont obligées de se replier à Lampedusa ; le temps empêche les bombardements durant plusieurs jours, mais ils reprennent bientôt vivement des deux côtés avant d'être à nouveau abandonnés de par le vent ; la Provence s'éloigne pour faire de l'eau et revient vers Tunis ; elle reprend ensuite sa route vers le Cap Bon et la nouvelle de la capitulation du Bey leur parvient le 1er septembre ; s'ensuivent les étapes de la signature du traité de paix (avec ses différents articles) ; le 16 octobre, la ratification de la paix est envoyée au Bey et de Moriès se rend à terre pour y rencontrer le Bey ; la Provence appareille le 25 octobre, longe la Sardaigne, rencontre du gros temps et arrive à Toulon le 9 novembre. NB - contexte : Le Bey de Tunis, Ali II Bey qui n'a pas reconnu l'acquisition de la Corse par la France, a laissé ses corsaires s'en prendre à l'île. Ces derniers ont capturé plusieurs bâtiments de pêche et enlevé de nombreuses personnes, malgré les traités signés avec la France. Versailles envoie sur les côtes tunisiennes une petite escadre forte de deux vaisseaux, la Provence et le Sagittaire, accompagnés de trois frégates, deux chebecs, une flûte, et deux galiotes à bombes. Elle se présente devant Tunis le 20 juin 1770 sous les ordres de M. de Broves où elle retrouve une frégate française déjà présente sur les lieux avec le consul de France. Expédition à laquelle l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem décide de se joindre, en y engageant l'essentiel de ses moyens. L'escadre maltaise arrive en vue de Tunis le 23 juin. Les galères maltaises sont commandées par le général des galères, le bailli de Flachslanden, qui reçoit en renfort le 9 juillet une frégate de 40 canons, alors que les combats ont déjà commencé. Côté Français, on a pourtant tenté d'ultimes négociations du 20 au 27 juin. Le Bey a rejeté l'ultimatum lui intimant de réparer dans les 36 heures les " offenses faites au roi ", en multipliant les démarches dilatoires pour gagner du temps. Le représentant du Sultan turc - de qui dépend normalement le Bey de Tunis - lui apporte son soutien. Le 28 juin, le chef d'escadre Broves fait porter la déclaration de guerre au Bey de Tunis, mais les Français n'ont pas préparé suffisamment l'expédition. Le comte de Broves est arrivé sans cartes sur les ports et forts de la région, et sans renseignement sur les forces de l'adversaire. Tunis, éloignée du rivage par un lac peu profond, ne permettant pas l'accès des vaisseaux français, ne peut être bombardée, tout comme le fort de la Goulette qui constitue la défense avancée de la ville. Les vaisseaux de ligne ne peuvent en effet s'approcher en raison de la profondeur d'eau insuffisante. C'est donc Bizerte qui est bombardée du 1er au 5 juillet. En 4 jours de bombardement seront tirés 140 bombes, environ 200 boulets et 20 coups tirés par les galères. Les Tunisiens, qui connaissent les effets dévastateurs des galiotes ont évacué la ville qui ne déplore qu'une victime. Les dégâts sont mesurés avec la destruction d'une partie du fort, de plusieurs maisons et d'un navire. L'escadre a dû manœuvrer avec prudence devant la place qui est défendue par une abondante artillerie. Le 5 juillet, une felouque venue de Tunis apporte un courrier de Ali II Bey demandant des négociations. Elles sont sans effet et les opérations reprennent. Les galères maltaises contribuent au ravitaillement des Français, Malte ne se trouve qu'à quelque 180 milles. Le mauvais temps fait échouer une tentative de bombardement sur Porto Farina (Ghar-El-Melh) où se trouve l'essentiel de la flotte tunisienne, mais l'attaque de Sousse est un succès. Cette riche ville commerçante essuie 17 jours de bombardement, du 27 juillet au 13 août. La ville souffre de dommages considérables, mais cette dernière opération est un succès, puisqu'elle pousse le Bey à activer les négociations, lesquelles aboutissent vers la fin août. Le traité préliminaire, confirmé en octobre, reconnaît à la France la cession de la Corse et oblige à rendre tous les navires capturés avec leur personnel. Trente et un marins corses sont ainsi libérés. Les armateurs français doivent recevoir un dédommagement des préjudices causés. Le privilège de pêche est renouvelé à la Compagnie royale d'Afrique qui doit aussi recevoir une indemnité en raison de l'interruption du traité et du renvoi des bateaux. Le commerce entre les deux pays est rétabli et le blocus imposé aux ports tunisiens est levé. L'escadre française reste jusqu'au 24 octobre devant Tunis pour maintenir la pression sur le Bey jusqu'à la fin du processus de ratification du traité de paix. Suivi d'un autre journal, dans le même cahier : " Journal de la Campagne que j'ai faite sur le chebeck le Caméléon de 20 pièces de canons du calibre de 8 commandé par Mr de Gantès lieutenant de vaisseaux, destiné ainsi que le chebeck le Singe commandé par Mr de Boade à protéger le commerce maritime pendant la Foire de Beaucaire. " - Une page de titre - 6 pp. vierges (destinées à recevoir les détails sur l'équipage et l'arrimage) - 15 pp. manuscrites : départ de Toulon le 26 juillet (1770 ?), manœuvres au large de Toulon, Porquerolles, île du Levant, îles de Lérins, Antibes, Sainte Maxime, Hyères, etc. (avec une escapade au large jusqu'à Calvi du fait du mauvais temps) Puis 2 pp. de détails concernant les sondes de la Rade de Tunis, la distance de la Goulette à Bord, Mouillage de Tripoli en Syrie.
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