Lot n° 43

LÉRY (Jean de).{CR}Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil, autrement dite Amerique.{CR}[La Rochelle] : Pour Antoine Chuppin, 1578. — In-8, 153 x 102 : (24 ff.), 424 pp., (7 ff.). Demi-veau glacé beige, dos lisse orné (A....

Estimation : 1000 / 1500
Adjudication : 2 500 €
Description
Lobstein).{CR}{CR}En français dans le texte, 70.{CR}{CR}Édition originale rarissime, dédiée à François, comte de Coligny (1557-1591),
fils de l’amiral Gaspard de Coligny.{CR}Considéré par Levi-Strauss comme le « bréviaire des ethnologues », il s’agit du récit de la mission genevoise au Brésil entreprise de 1556 à 1558. Il fut rédigé par le pasteur bourguignon Jean de Léry (1536?-1613?), l’un des premiers colonisateurs protestants du Brésil, qui prit part à l’expédition à la demande de Jean Calvin alors maître tout-puissant de Genève. Ce dernier avait été chargé par l’amiral et historien Nicolas Durand, chevalier de Villegagnon (1510-1571) de trouver des ministres protestants pour renforcer la colonie qu’il venait d’installer dans la future baie de Rio de Janeiro en 1555.{CR}Ce voyage missionnaire était le tout premier mené par l’église réformée en terre païenne. Léry en donne une description des plus précises, relatant le voyage, le comportement controversé de Villegagnon dans ce pays, les mœurs et usages « étranges » des « sauvages amériquains », et décrivant la faune et la flore de cette contrée.{CR}« Le récit de Léry s’efforce de préciser les différences entre les Indes d’Asie et le Nouveau Monde. Il insiste sur l’originalité de la flore et de la faune brésiliennes, sur leur richesse et leur variété. Ses descriptions sont si vivantes et précises, il cerne les étrangetés du Nouveau Monde d’un trait si net, que plantes et animaux s’esquissent sous nos yeux… » (Mayeux, préface au Journal de bord de Jean de Léry en la terre de Brésil, éditions de Paris, 1957). Léry fait également partie des premiers voyageurs à admirer la simplicité des mœurs des « sauvages » et leurs vertus naturelles. « Par certains côtés, Léry s’insère dans la lignée de ceux qui verront dans les « sauvages » des êtres bons par nature, que la société n’a point encore corrompus » (ibid.).{CR}Léry publia ce récit 20 ans après son retour en France. Il s’en explique dans sa préface ; tout d’abord il avait perdu son manuscrit à deux reprises, et secondement il voulut répondre aux mensonges et aux violentes attaques portées par André Thévet, un de ses compagnons catholiques de l’expédition, dans ses deux ouvrages intitulés Les Singularitez de la France antarctique, autrement nommee Amerique (1557) et Cosmographie universelle (1575). Ce dernier affirmait notamment que les protestants étaient en grande partie responsables dans l’échec de l’expédition.{CR}{CR}L’édition est illustrée de 6 gravures sur bois à pleine page, dont une répétée, figurant des indiens et indiennes. La première représente une famille indienne avec un couple et un enfant, une autre donne la représentation de la « salutation larmoyante », étonnante figure où une femme est agenouillée, pleurant devant un étranger et disant « milles choses à sa louange », l’étranger, assis dans un « lit de coton pendu en l’air », se cache également le visage pour faire semblant également de pleurer ou pour rire très certainement. Une troisième gravure montre le rite de la sépulture, etc.{CR}Exemplaire en reliure moderne de Lobstein, provenant de la riche bibliothèque de l’industriel et bibliophile américain George Arents junior (1875-1960), qui avait formé certainement la plus belle collection de livres et d’objets d’art sur le tabac. On trouve des notes au crayon probablement de sa main sur l’un des feuillets de garde à la fin.{CR}Le relieur a conservé les gardes blanches anciennes sur lesquelles figurent deux ex-libris manuscrits du XVIIIe siècle dont l’un daté de 1709. Les noms sont difficiles à lire. Dos légèrement éclairci. Petits frottements d’usage.{CR}Exemplaire incomplet des pages 17 à 32 qui ont été remplacées par des fac-similés. Fortes mouillures aux premiers feuillets. Correction manuscrite ancienne page 12.{CR}{CR}Provenance : George Arents Jr, avec ex-libris portant la mention manuscrite « Duplicate ».
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