Lot n° 2

Henri Frédéric AMIEL (1821-1881) écrivain et philosophe suisse, auteur d’un important Journal intime. L.A.S., Genève 21 octobre 1853, à un ami [Athanase Coquerel] ; 4 pages in-8 (fente réparée).

Estimation : 300 / 400
Description
Longue et intéressante lettre. Inquiet du silence de son correspondant, il le suppose absent de Paris. Il n’aura donc probablement pas reçu « un gros article de 8 bonnes pages » au sujet de l’ouvrage de Brunel [Avant le christianisme, ou Histoire des doctrines religieuses et philosophiques de l’antiquité, par le pasteur Henri Brunel, 1852], qui avait tant tardé à venir : « Comme je vous envoyais le brouillon même, et que par conséquent je n’ai aucune copie de ce travail, j’en attendais l’accusé de réception. Aucun ne m’est parvenu. La dépêche aurait-elle été perdue ? Cela me chiffonne fort, pour M. Trottet et pour moi, sinon pour le Lien qui n’y perdrait pas grand’chose. Je le regretterais aussi comme témoignage de ma bonne volonté […] en octobre dernier, il avait été convenu, je crois, entre nous que vous me dispensiez de cette critique, par amabilité pour l’auteur, l’ouvrage étant très faible. La condition que vous avez posée à mon ami Trottet pour un compte-rendu m’ayant démontré la ténacité de votre désir, j’essayai de satisfaire à la fois à la justice littéraire, à la politesse pour l’auteur et aux exigences de la rédaction. Le résultat fut ce malencontreux article, sur la destinée duquel je reste en suspens »... Puis il raconte son voyage de six semaines dans le Sud-Est de la France (Lyon, Arles, Valence, Avignon, Nîmes, Calvisson chez le pasteur Abauzit, Arles, Marseille, Toulon, Cannes, Nice) et en Italie : « Deux ou trois jours à Gênes, huit jours à Turin, retour par le Mont Cenis et Chambéry […] Ce petit voyage, chétif raccourci de celui que je rêvais pour cette année, [...] m’a cependant fait du plaisir et du bien. [...] En un mot, j’ai vécu en touriste, et rien ne restaure davantage un savant éclopé et des organes fatigués, que cette lanterne magique riante et bariolée que le voyage fait tourner devant eux. L’homme se rafraîchit en devenant enfant ; aussi je n’ai point manqué d’aller voir les marionnettes à Turin, au théâtre de Gianduja ». Au retour, il a été pris par les obligations académiques… Coquerel doit être au courant du mouvement religieux à Genève : « Celui de Turin m’a beaucoup intéressé ; le joli temple vaudois sera inauguré prochainement »… Il ajoute un long post-scriptum concernant son beau-frère Guillermet, « secrétaire de la Vénérable Compagnie », et un long article de Gaborel…
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