Lot n° 134

Julie TALMA (1756-1805). 1 L.A.S. et 5 L.A., [1798], à son amie Julie Simons-Candeille ; 23 pages in-8 ou in-12, 2 adresses.

Estimation : 500 / 700
Description
Très belle correspondance après sa séparation d’avec Talma : Julie disserte sur l’amour, la solitude, la liberté, la conduite des hommes et aussi la littérature et la religion. 1er prairial VI (20 mai 1798) : elle a entendu dire « que la maîtresse de mon mari porte mon nom. Cela n’est-il pas plaisant ? Je crois que le cher mari voudrait que je demandasse le divorce, chose que je ne conçois pas [...] J’attends toujours que mon mari le demande, cela est juste puisque c’est lui qui en a besoin. Je dirai que je le veux bien, et tout sera fini par là »... 18 prairial (6 juin). Pour remédier à l’humeur chagrine de son amie, Julie lui conseille la lecture des philosophes et l’écriture : « Écrivez tout ce qui viendra sous votre plume. Les heures s’envolent sous cette occupation et quand on a bien exprimé ce qu’on souffrait, on ne souffre plus » ; elle évoque Sophie Condorcet « qui n’est point mariée et qui je crois n’a point envie de faire cette folie : épouser son amant ! » ; elle la remercie de prendre par à ses malheurs, car « les hommes feignirent de me plaindre, mais au fond se gardoient bien de condamner celui qui n’était pas plus coupable qu’eux »... 28 prairial (16 juin). «  Un certain avantage est attaché à l’esclavage, je ne l’aurois pas cru, c’est de jouir avec délice d’un moment de liberté pour moi qui suis dans la plénitude de l’indépendance ». Elle revient sur ses malheurs : « si vous saviez, ma chère amie, dans quelle détresse je me suis trouvée quand à la fortune, dans quel abandon les hommes m’avoient laissée »... 7 thermidor (25 juillet). « En raison de ma liberté on s’empare de moi presque sans me consulter ; lorsque je parle de revenir on me dit puisque vous êtes libre, il faut que vous restiez ; ainsi chacun prend la place de mon ci devant tyran. Des nouvelles littéraires ! Voulez-vous une traduction du Psaume de David par Laharpe avec une préface du traducteur qui injurie beaucoup Mr de Voltaire ? [...] Il parait un ouvrage de Dumouriez sur toutes les personnes de l’Europe, il se vend je crois en secret. [...] Je ne lis que des romans, quand j’étais jeune, je les dédaignois, aujourd’hui je les dévore »…26 brumaire VII (18 octobre). Elle espère la fin des prêtres et rappelle que « dans un temps très éclairé où la religion catholique n’existoit presque plus dans le cœur de personne, où elle étoit accablée par le poids des ridicules ; cependant les prêtres se trouvoient partout pour s’opposer aux choses les plus simples et les plus raisonnables ; des rois tout puissants souffroient avec complaisance que leurs sujets fussent vexés journellement par ces méchants hommes. [...] Pourrions-nous être étonnés que ces mêmes hommes emploient aujourd’hui le fer et le feu pour rattraper leur odieux empire »... S.d. « J’ai rencontré un homme jeune et beau comme un ange. Je me suis doutée cette fois sans qu’il prit la peine de m’en avertir que je pourrois bien l’aimer à la folie mais qu’à coup sur il ne m’aimeroit pas. Je me suis décidée à devenir son amie intime [...] j’ai trouvé ainsi le moyen de tromper mon traître cœur »... Reproduction page 40
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