Lot n° 135

François TALMA. L.A. (brouillon), [juin 1798], [à Grimod de La Reynière] ; 4 pages in-4.

Estimation : 500 / 600
Description
Réponse aux critiques de Grimod de La Reynière. Brouillon, avec de nombreuses ratures et corrections, de la lettre publiée dans Le Censeur dramatique du 21 prairial VI (9 juin 1798) ; le texte présente quelques variantes avec le texte publié par Grimod. Talma souhaite s’abonner au Censeur dramatique mais s’insurge contre les violentes critiques de Grimod : « Je profite des remarques de mon ennemi sur les côtés faibles de mon armure pour trouver les moyens d’aller un jour à lui couvert d’un triple airain. Je dis mon ennemi, Monsieur, car vous n’avez pu parler de moi d’une manière aussi injurieuse sur des faits nullement relatifs à l’art ; vous n’avez pu rappeler des querelles que l’intérêt de l’art même que vous aimez tant devait vous faire oublier sans avoir eu l’intention de me déclarer ouvertement la guerre. [...] Je me plais à croire que vous avez été trompé par des rapports infidèles, car vous êtes bien loin d’avoir indiqué les véritables causes de la désunion et des malheurs de la Comédie française. [...] J’avois une louable ambition et non un ridicule orgueil. Mais, Monsieur, dois-je me plaindre qu’on en ait imposé à ce point sur mes principes et ma moralité. N’a-t-on pas vu constamment des hommes tour à tour couverts de tous les masques, usurper d’honorables réputations et des hommes vertueux et bons proclamés comme des scélérats. Il y a quelque orgueil, Monsieur, à se trouver au nombre de ces derniers » Puis il en vient à Mme Petit (Caroline Vanhove, sa future femme) qui a aussi subi les foudres du critique : « Votre recherche ingénieuse à lui trouver des défauts à transformer même en ridicules les qualités qui l’ont fait placer par le public après Mademoiselle Contat étoit trop évidement marquée pour la rendre sensible à des critiques qui n’ont dû lui paraître que des outrages ». Il soupçonne quelque influence étrangère : « Il ne faut immoler personne à ses faiblesses. C’est un assassinat moral dont on se rend coupable. Votre scalpel impitoyable a plutôt déchiré Madame Petit qu’il ne l’a montrée telle qu’elle est. [...] Vous avez senti vous-même que votre rigueur avait dépassé les bornes, et je vous en remercie. Vous lui promettez une revanche dans un de vos numéros et moi, Monsieur, je vous demande en son nom votre critique. [...] Soyez sévère mais sans fiel ; sans masquer ses qualités relevez ses défauts et vous aurez acquis des droits à sa reconnaissance »... On joint une L.A.S. de Grimod de La Reynière à Talma, Paris 22 messidor VI (10 juillet 1798, 1 p. in-8, adresse) l’invitant à « manger sans façon la soupe avec nous. Votre silence sera pris pour acceptation, et notre bourgeoise sera charmée de faire connaissance avec vous. J’ai besoin de cette preuve de votre amitié pour croire que vous m’avez pardonné des torts que je n’aurois point eus si je vous avais mieux connu »... Reproduction page 47
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