Description
Belle correspondance amoureuse avec Caroline Bazile, dite Bazire, sa maîtresse et la mère de ses enfants. 1813. Dresde 12 août, il lui annonce son retour pour le 20 ou 21 : « Adieu, ange à moi ; je vais donc bientôt te presser contre mon cœur ! » Bordeaux 11 septembre 1813. Il s’inquiète d’une éventuelle grossesse : « As-tu encore des craintes ? Est-ce venu ? N’ai-je fait, oui ou non quelque sottise ? »… Il joue tous les deux jours mais s’ennuie : « Je meurs de consomption ; je ne sais pas si je pourrai tenir à deux mois d’absence ». Il est rongé par la jalousie, il la voit dans les bras d’un autre, et il pense à cet enfant à venir : « toutes ces réflexions me mettent dans un véritable enfer. [...] Trésor à moi, que jamais je n’ai tant aimé ! Songes à moi, je t’en conjure. Pour toi, tu m’occupes toute entière. Je t’ai là présente la nuit, le jour, en jouant, sur le théâtre, dans la société, partout où je suis, ma Caroline, ma bien aimée est avec moi. Adieu ange, adieu trésor, ma vie »... Bordeaux 17 septembre. Toujours en proie à la jalousie, il redoute la visite qu’elle attend de M. Clément (père du premier enfant de Caroline) ; il lui reproche de tarder à le rejoindre, et se réjouit de son éventuelle paternité : « Ton cœur, n’est-ce-pas, te parlera pour moi aussi bien que ce petit être, s’il existe, qui est en toi pour me défendre et qui doit, du moins à mes yeux, rendre à jamais nos liens indissolubles et sacrés. Chère amie, que les petites souffrances qu’il te prépare ne te rendent pas importuns mon bonheur et ma joie. [...] Tu es pour moi plus que mon amie, plus que ma maîtresse, tu es comme moi-même, je te regarde désormais comme la compagne de ma vie [...] Je ne cesse en esprit de t’accabler de baisers à tous les moments du jour, la nuit je t’en couvre aussitôt et toutes les fois que je m’éveille. Ces baisers imaginaires me troublent comme s’ils étaient réels et que je te tinsse dans mes bras »... Nantes 22 octobre. Il s’inquiète d’être sans nouvelles et lui dit le bonheur que lui causent ses lettres : « j’y relis toutes les expressions de ton amour et je suis bientôt calmé. Mais, cher et unique bien de ma vie, multiplies les le plus que tu pourras, jusqu’à ce que nous soyons réunis. Ce n’est pas assez que tu m’ayes dit que tu m’aimais, il faut me le redire encore, et me le redire mille fois »... Il espère que son état de grossesse ne va pas la changer : « Tu ne dois voir dans cet événement qu’un plus doux avenir pour toi, tu n’y dois puiser qu’une plus grande certitude de mon éternel et inaltérable attachement pour toi. Cet enfant nous confond tous deux et ne fait plus qu’un seul être de toi et de moi. Je t’aimais avec ivresse [...] il s’est mêlé à ma tendresse pour toi je ne sais quel sentiment plus vif encore, plus grave et plus profond qui me fait te regarder comme un objet sacré pour moi. [...] Donnes moi ta bouche, tes lèvres, tout. Tiens je les accable de mes baisers ! Tes yeux, ton petit nez, je baise tout avec ivresse, avec ferveur ! »... Nantes 11 mai et 4 avril 1816. Il s’inquiète fort du petit Jules (né le 8 mai 1814) qui doit subir une opération pour des troubles urinaires : « J’ai craint qu’on ne blessât le gland [...] Je sais très bien qu’il est entre de bonnes mains, mais l’imagination a toujours des si et des mais à sa disposition. [...] Baises le bien et dis-lui que son bon papa va venir bientôt » ; mais il ne sait s’il pourra venir bientôt à Paris, il a joué Hector, Britannicus... On joint une L.A. de Talma à Sophie Gail, [28 novembre 1815] (3 p. in-8, adresse), au sujet de Caroline et du petit Jules que Talma a chassés de chez lui et dont Sophie Gail prend la défense : « Peu s’en faut en vérité que je n’abandonne toutes mes résolutions et que je ne coure la serrer dans mes bras. Mais, chère amie, il faut que ma raison vienne à mon aide ». Il jure qu’il n’a pas d’autre passion mais voit pour lui un triste avenir : « Je me vois bientôt vieillir, elle encore jeune et dans toute sa force [...] et puis je n’ai pas en elle cette confiance sans borne, sans laquelle je ne puis être heureux, et cependant, chère amie, je ne sais pas si je pourrai m’accoutumer à me passer d’elle. [...] Elle ne voit que de l’éloignement, de l’inconstance là où je souffre d’un cruel déchirement. [...] Dites-lui bien que je l’aime, que jamais elle ne sortira de mon cœur »... Reproduction page ci-contre