Lot n° 164

François TALMA. L.A.S., Bruxelles 20 septembre 1825, au baron Taylor, commissaire royal près le Théâtre Français ; 2 pages et demie in-4, adresse.

Estimation : 400 / 500
Description
Belle lettre sur la Comédie-Française. Il s’indigne de la conduite de l’acteur Victor récemment engagé : « Il veut absolument faire du bruit et qu’on parle de lui à quelque prix que ce soit. S’il n’est pas un homme de talent, il veut paraître une victime » ; il a refusé « qu’on l’affiche comme Débutant », car il compte certainement que ses pensions soient calculées depuis ses premiers débuts lors d’un remplacement, alors qu’il a joué depuis en province ou à l’Odéon. Talma recommande de ne pas céder, « car il ne s’en tiendra pas là ; ses prétentions augmenteront en raison des concessions qu’on lui fera, et il vous imposera par la suite bien d’autres conditions auxquelles vous serez obligé de céder vous-même. La lettre qu’il a écrite dans le Pilote est d’une insolence qui passe toute idée. Il y insulte l’autorité, l’administration et la société dans laquelle il entre. Il y est à peine qu’il s’en déclare l’ennemi. J’avoue qu’une telle conduite est intolérable et si j’étois le maître, il iroit ailleurs étaler son insolence et sa médiocrité ». Il met en garde Taylor, car Victor pourrait s’associer avec Perrier : « Comme les rats, ils mineront la maison, pour s’en emparer et y vivre à leur aise. Ce sont des animaux destructeurs dont votre fermeté seule peut nous sauver ». Puis il en vient au répertoire : « Je sais mon rôle de Léonidas [Léonidas de Pichat, qu’il créera le 27 novembre] à l’exception de quelques parties qui ont besoin de corrections. [...] Plus j’étudie mon rôle et plus je crains pour cet ouvrage ; de beaux vers mais pas l’ombre de raison. Je crois que ce seront encore des dépenses dont nous retirerons bien peu de fruit. Cette pièce sera malheureusement suivie de Virginie [de Guiraud] dont le sujet, je crois, sera d’un foible intérêt pour le Public. Ainsi je crains beaucoup pour notre hiver. Ne pourroit-on pas obvier à cela en mettant quelques pièces de répertoire comme Henri VIII et Tibère de Chénier ? On seroit sûr de faire de l’argent au moins avec celles-là »...
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