Lot n° 22

BRUNO (Giordano). Dialogi duo de Fabricii Mordentis Salernitani propè divina adinuentione ad perfectam cosmimetriae praxim. Paris, Pierre Chevillot, 1586.

Estimation : 40 000 / 50 000 €
Adjudication : 50 800 €
Description
In-8, vélin, dos lisse portant en long le nom de l'auteur à l'encre (Reliure de l'époque).
Riccardi, t. I, col. 198-199.
Édition originale, rarissime.
Livre dans lequel le célèbre philosophe dominicain décrit le compas de proportion à huit points inventé par Fabrizio Mordente (1532-1608) au milieu du XVIe siècle, annonçant celui construit par Galilée et commenté pour la première fois en 1606. Trois jolies figures gravées sur bois aux feuillets 10, 14 et 20, illustrent cet instrument.
Giordano Bruno (1548-1600) rencontra Mordente à Paris en février 1586. Originaire de Salerne, le mathématicien venait de faire paraître à Anvers, deux ans plus tôt, le résultat de sa découverte dans son Il Compasso... con altri istromenti mathematici. Fasciné par l'invention de son compatriote, et, comme ce dernier ne connaissait pas le latin, Giordano Bruno lui proposa donc de publier un ouvrage dans cette langue dans lequel il décrirait le fonctionnement de ce compas tout en soulignant son apport précieux aux mathématiques.
Ce fut chose faite. Les Dialogi duo furent imprimés à Paris chez Pierre Chevillot au cours de l'année. Au moment de sa parution, une querelle éclata cependant entre les deux hommes, et, Mordente, craignant que Bruno ne s'attribue la paternité de son œuvre, décida de racheter tous les exemplaires du livre et les fit détruire.
Bruno répliqua ensuite en publiant Idiota triumphans et De somnii interpretatione, deux textes critiques à l'égard du mathématicien.
On ne connaît, semble-t-il, qu'une poignée d'exemplaires dans le institutions publiques. Nous n'en avons localisé qu'un seul à la bibliothèque nationale universitaire de Turin. Celui-ci est sans doute le seul en mains privées.
La marque typographique qui orne le titre est empruntée à celle de Jean I Heuqueville. Chevillot l'employa uniquement durant l'année 1586 (cf. Renouard, n°448).
On a relié en tête un autre texte de Giordano Bruno: Figuratio aristotelici Physici auditus. Paris, Pierre Chevillot, s.d. [1586].
Édition originale de cette critique passionnée de la philosophie aristotélicienne. Celle-ci excita tellement les esprits, que l'auteur fut contraint de quitter Paris et se réfugia à Wittenberg.
Cette édition a de tous temps été rarissime, comme le souligne David Clément dans sa Bibliothèque curieuse, historique et critique, ou Catalogue raisonné de livres dificiles [sic] à trouver (t. V, 1754, p. 313): Les Auteurs qui ont donné la liste des Escrits de Jordanus Brunus n'ont eu aucune connoissance de ce Livret: & sans le Catalogue des Livres imprimés de la Bibliothèque du Roi de France, je ne saurois pas qu'il est au monde.
Manque la seconde partie de l'ouvrage (42 feuillets). Un ex-libris manuscrit découpé et comblé sur le titre.
Note à l'encre sur une garde: Je n'ay trouvé les ouvrages contenus dans le volume, dans aucun des catalogues qui donnent l'enumeration des oeuvres de Giordanus Brunus. Ce qui doit sans doute en augmenter le prix. Car tous les ouvrages de cet autheur sont fort recherchés et rares.
Mouillures sur l'ensemble du volume.
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