Lot n° 142

Charles GOUNOD. 3 L.A.S., Paris juin-juillet 1879, à son ami Auguste VAUCORBEIL, directeur de l’Opéra ; 10 pages in-8.

Estimation : 600 / 800
Adjudication : 800 €
Description
INTERESSANTE CORRESPONDANCE SUR LE TRIBUT DE ZAMORA ET LE CHOIX DES INTERPRETES (créé à l’Opéra le 1er avril 1881, avec Lassalle dans le rôle de Ben-Saïd). 7-8 juin. Il serait dangereux de confier le rôle de Ben-Saïd à un artiste qui n’ait pas « le crédit et l’autorité d’un NOM FAIT ». Gounod cite une lettre de Jean-Baptiste FAURE à qui son médecin prescrit du repos, et qui hésite à s’engager ; mais il vient de l’entendre « à la répétition de notre grand concert de ce soir à l’Opéra : il vient de chanter merveilleusement le Vallon de moi, et le Noël d’Adam : (les 2 avec orchestre.) La voix est aussi belle, aussi vibrante, aussi pleine, aussi sûre que jamais. – Vous me dites que LASSALLE est à votre disposition en 7bre /80. Voudriez-vous risquer de l’attendre ? – De son côté Faure m’a dit tout à l’heure : “Je vous en prie, ne précipitez rien : nous avons le tems ; ne renoncez pas encore : Confions-nous à la Providence !” La Providence entre-t-elle dans votre budget ? [...] Je vous le répète un Ben-Saïd ordinaire peut nous tuer : j’en ai assez des morsures de Polyeucte »... Le lendemain, après avoir consulté D’ENNERY, il résume qu’il ne faut pas compter sur Faure, « mais ne rien promettre quant au rôle de Ben-Saïd au Baryton que vous engagerez, afin de rester libres vis-à-vis de nous-mêmes et de Faure [...]. On dit que Mme Durand est énorme : ce serait à y regarder à deux fois pour le rôle de jeune fille. – Ne rien entamer quant à Mme VIARDOT avant d’avoir causé ensemble à votre retour. Elle a une voix charmante et beaucoup de talent ; c’est, de plus, une vraie musicienne ; c’est une Viardot, enfin – maintenant, le rôle en question lui convient-il ? Aura-t-elle l’élan dramatique imposé par des situations qui réclament autant d’énergie que le rôle demande de jeunesse ? »... – 10 juin. Régnier et Gounod sont « parfaitement unanimes sur l’absolue nécessité d’avoir, pour le rôle de Ben-Saïd un interprète di primo cartello, comme valeur réelle et comme crédit auprès du public ; nous pensons que trois rôles ont besoin d’être supérieurement tenus : Ben-Saïd, Hermosa (Krauss), et la jeune fille (Xaïma). Pour ce dernier rôle je suis tout à fait disposé à le confier à Mlle HEILBRON. Nous croyons fermement qu’il vaudrait infiniment mieux reculer d’un an avec une monture excellente – que passer cette année avec une distribution contestable : c’est de l’intérêt de tous, Directeur, auteurs et interprètes. […] Vous faites des engagements : vous faites votre troupe, pour répondre aux besoins du théâtre et du répertoire (ancien ou moderne) quels qu’ils soient – quelle nécessité de se lier, avant l’époque de la distribution des rôles ? Pourquoi se retirer la possibilité d’une distribution qui peut être préférable à une autre ? [...] Faites votre troupe, mais ne vous liez pas les mains »... – 10 juillet. Il a écrit à Mlle HEILBRONN « pour lui demander si elle ne pourrait pas être à notre disposition vers le 20 7bre. Je voulais aussi vous parler de madame Dereims (Jeanne de Vriès) que j’ai entendue dimanche chez moi à St Cloud. C’est un grand talent qui s’étonne de n’être pas à l’opéra ; seriez-vous disposé à l’y voir entrer ? Voulez-vous l’entendre ? [...]. Et Stéphanne ? Et Duchesne ? Qu’est-ce que cela devient ? – L’affaire du Tribut est conclue avec la maison Choudens. On va se mettre à la besogne immédiatement »...
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