Lot n° 59

LES COQUILLES DŒUFS coquilles d'oeufs. Le seul conte écrit par le Marquis durant toute sa carrière littéraire: Manuscrit complet de ce conte inédit de Sade écrit en décasyllabes et rimes.

Estimation : 8 000 / 10 000 €
Adjudication : 4 500 €
Description
16 pages in-8 à l'écriture soignée (texte recopié sans ratures à l'exception d'une mention manuscrite du Marquis au début du texte indiquant, «relu») de la main d'un copiste. Ce conte a pour décor un village rural et quatre personnages. Un jeune agriculteur de 30 ans, marié depuis 3 Mois, Lucas. Décrit comme le coq du village, il a pour épouse la belle Alix. Alix, jeune femme à la beauté absolue décrite à forts détails par Sade qui en conclut, «bref un bijou, voilà notre merveille représentée au plus naïvement...peut-on après cette description se défendre d'aimer. Tout le monde craquerait, un cardinal et même je le confesse à voix basse, le Pape».
Par ailleurs, un jeune prêtre du village n'est pas insensible aux charmes d'Alix.
Lucas est persuadé que le pasteur a fauté avec Alix et qu'il est donc cocu. Il s'en confie au gros Guillaume, Bailli du village, débonnaire et bon vivant qui ne veut le croire sans preuve concrète. Lucas a alors l'idée de glisser sous son lit, des coquilles d‘oeufs et de revenir le soir pour constater l'adultère. IL confirme alors au Bailli, «savez vous bien ce que sur le grabat nous avons trouvé ? Devinés la coquine ! Coquilles d'oeufs j'y trouve assurément, mais savez vous comment Monsieur Guillaume ? En poudre, en poudre fine, de la poudre a poudres...». Le Bally est bien obligé de donner raison à Lucas, tout en concluant, «Ah cher Lucas, qu'ils ont eu de plaisir !».
Conte amoral si ce terme veut dire quelque chose dans l'oeuvre de Sade, il fait apparaître les grands maux du Marquis et met en avant ses critiques habituelles, contre les prêtres dévergondés et le clergé dans son ensemble, faisant preuve de son athéisme anticlérical notoire, contre la justice débonnaire voir niaise, contre les filles trop belles et pas timides...
Lui même se moque de ces idées fixes et se met en garde au début du conte, «je veux vous faire la peinture dans le moindre détail...J'entends déjà murmurer la censure...puis je vous dirais chacun sa manie. Le vieil avare entasse les écus, le chamailleur vit de la tragédie, et moi... j'aime à portraiturer au moins femme jolie».
Ce conte aux accents traditionnels de subversion peut aussi se voir comme un conte philosophique où la conclusion peut faire penser à l'alchimie de la transformation des matières et où les coquilles d'oeufs se transforment en poudre sous l'effet de l'amour comme le métal se transforme en or.
Sans doute écrit lors de son incarcération à la Bastille pour son travail général de rédaction d'un portefeuille d'un homme de lettres où il voulut regrouper des textes de sa main dans tous les styles de l'époque (roman, récit historique, théâtre, conte, fable, lettre, satire...) afin de prouver au plus grand nombre sa capacité à un être un vrai homme de lettre aux talents multiples (La pagination interrompue et ce carnet dérelié issu d'un volume plus général confirmant cette hypothèse).

The only tale written by the Marquis during his entire writing career:
Complete manuscript of the unpublished tale written in decasyllabic meter and rhymes.
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