Lot n° 143

Jean ANOUILH. 6 L.A.S., [Paris et Cap-Ferret 1962-1967], à Marcel Achard (la première à Juliette Achard) ; 9 pages in-4, 4 enveloppes.{CR}On joint un tapuscrit sur « le phénomène théâtre », où les répétitions générales sont...

Estimation : 800 / 1 000
Adjudication : 650 €
Description
comparées aux courses de taureau (1 p. in-4, avec quelques corrections et une note autographe).
Bel ensemble sur le théâtre, où il fait allusion à la reprise de Pauvre Bitos (Théâtre de Paris 30 septembre 1967) et à Charlemagne, pièce restée inédite jusqu’en 2013.{CR}[Paris 1er février 1962]. Il se plaint avec humour de la ligne téléphonique perpétuellement occupée par Juliette, et qui l’oblige à écrire : « J’aurais dû commencer par là c’est un truc qui réussissait au XVIIe siècle où les gens avaient autant de choses à se dire que nous »... Il faut dire à Marcel « que je le supplie d’aller voir la pièce de Roncoroni à l’œuvre [Le Temps des cerises]. Il ne peut pas ne pas l’aimer – et très fort. Une injustice de silence, de sottise d’incompréhension se prépare. Je ne peux pratiquement rien – trop lié avec Ronco que j’ai déjà présenté dans le programme : ce ferait fils blancs. Mais si Marcel l’aime, l’autre Marcel Pagnol l’a paraît-il aimée ils sont tous deux du bord sentimental de cette pièce, ils pourraient à tous deux faire un petit article dialogué, les deux gamins de l’Académie bavardant à une récréation de jeudi »... Lui-même est « un fantôme, mais un fantôme vigilant qui sait depuis toujours où se trouvent la gentillesse et l’amitié. Je repars pour la Suisse neutre demain. Je compte sur le général Marcel toujours sur la brèche sur les batailles de Paris »... Cap Ferret [6 avril 1964] : « je suis un vieux fantôme qui pense à ta camaraderie et à ta gentillesse souvent. Je suis seulement ainsi fait que je laisse le temps s’écouler (il ne compte pas pour moi et je ne suis surpris qu’en faisant des additions [...], toujours sinistres) sans vérifier de temps en temps sur la personne la qualité de mes sentiments profonds »... Il s’inquiète cependant d’avoir lu dans les gazettes que Marcel était souffrant. Il recommande « la traductrice merveilleuse de Victor », Frau Dr Somner, « une femme admirable, qui cavale partout, voit toutes les distributions, discute pied à pied traductions et mise en scène avec tous les théâtres. Elle seule là-bas fait son métier au lieu de rafler simplement un pourcentage. Je crois qu’elle aimerait beaucoup acheter les droits de ta nouvelle pièce (car toi, salaud, tu en as de nouvelles) »... [Octobre 1967 ?]. « On ne se voit pas et j’ai à chaque fois de la chaleur en te voyant – tu auras été pour moi un camarade dans l’invisible et c’est un peu bête. Un soir où tu seras seul et tranquille invite-moi à dîner. [...] J’aimerais bavarder avec toi, te lire peut-être même une de mes pièces secrètes pour voir ce que tu en penses »... – « Je n’ai pas les moyens matériels de faire taper une attestation à la machine sur papier timbré... En ce moment tout me dépasse [...]. En tous cas : j’irais aux assises le dire, si tu t’y fourvoyais et je le défendrais les armes à la main si... (Je mets un si pour l’académicien car j’avais mis des S aux verbes) »... [Paris 28 octobre 1967]. « Entendu, mon petit Marcel académicien adoré, mais je ne peux pas aller trouver une poste aux mille diables et je ne mets qu’une lettre... Mardi serait le mieux pour moi, si ce n’est pas trop court... Si non mercredi mais je dois aussi me coucher tard jeudi et je suis un homme crevé »... [3 novembre 1967]. « Tu m’as rendu un grand service en m’écoutant avec un bon visage – qui ne trompait pas, puis en m’écoutant moins bien inconsciemment pendant vingt minutes. Le lendemain matin j’ai suivi ton conseil, laissé Charlemagne aux ennuis européens, et en une heure j’ai coupé dix-huit pages ! Les comédiens ne pouvaient pas nous intéresser dans leurs caractères personnels ! Ils arrivent, Antoine les reçoit, il reste avec la jeune fille et là, par une astuce j’incorpore la petite scène tendre reconstituée qu’ils avaient plus tard. Ils reviennent ils commencent à répéter la pièce dont je voulais qu’on rédige le texte, mais deux répliques seulement et la lumière baisse sur lui de dos sur une chaise qui les écoute raconter son histoire sur la petite scène... Quand la lumière revient tout le monde est dans le salon le soir et le notaire commence à parler de lui. C’est tout simplement génial [...] grâce à toi »...
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