Lot n° 265

Roger PEYREFITTE (1907-2000). L.A.S. (paraphe), Vendredi « ides de mars » [15 mars 1940 ?, à Henry de Montherlant] ; 2 pages in-8.

Estimation : 500 / 600
Adjudication : 500 €
Description
Curieuse lettre aux mystérieux sous-entendus. « Pendant que vous composez des hymnes à la violette, notre ami le Major fait de l’épopée. Il est venu me voir hier pour m’inviter à modérer votre intérêt, je ne dis pas sur “Les badinages” du Chevalier, qui sont déjà en bonne main, mais sur cette “Robe de tulle” (presque La robe de laine de M. Henry Bordeaux) à laquelle essaie de vous intéresser un amateur qui, de votre propre aveu, vous ne connaissiez pas il y a un mois. Conservons nos luminaires pour les œuvres de la maison ; elle en est, certes, assez riche. Oui, depuis hier, le major est en pleine épopée. Vous connaissez déjà, à ce qu’il m’a dit, les chants antérieurs de son Iliade, consacrés jusqu’ici aux gloires de la religion (St Lazare), de l’histoire de France (le maréchal de Luxembourg) et du Massif Central. Hier, jour qui jusqu’à présent n’avait pas figuré parmi ses jours inspirateurs, il s’est trouvé tout à coup inspiré. Naturellement, il n’était pas chez lui, où toute Muse est introuvable, mais dans le voisinage, dont le nom rappelle ces “Soirées” dont vous fîtes le charme, en pays du “compliment d’usage”. Il régnait en maître et seigneur, vous le savez, sur ce pays-là ; les Muses lui souriaient. […] Le chant nème de l’Iliade de l’O. commence. […] Il va savoir, dès ce soir, si la journée d’hier marque, pour la gloire littéraire de l’O., une date faste ou néfaste ! Car, d’après les rimes déjà alignées (il compose de chic, comme Victor Hugo), ce sera une chose prodigieuse. Que les plus grandes œuvres paraissent de pauvres choses, au prix de celle-là ! Songez-y : toutes les Muses sont avec lui, contre la fâcheuse inspiratrice du dehors. Bref, le plus invraisemblable amphigouri poétique que l’on ait jamais vu. Oui, ce soir, l’O. aura gagné sa plus formidable bataille (L’Iliade, L’Énéide, La Légende des Siècles, Corneille ne sont que des enfantillages auprès), ou il l’aura perdue »...
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