Lot n° 288

Laurent TAILHADE (1854-1919). Manuscrit autographe signé, Au pourchas de l’étymologie, [1916] ; 8 pages in-4 avec de nombreuses ratures et corrections.{CR}On joint 2 L.A.S. : Paris 20 juillet 1913, sur un retard pour l’envoi d’un texte ;...

Estimation : 200 / 250
Adjudication : 200 €
Description
Nice 7 février 1916, autorisant son ami à émonder ses articles en cas de besoin, et annonçant l’envoi d’un article au sujet du livre sur l’aviation de Jean Ajalbert.
Amusante chronique de guerre sur le langage. « Nomen, numen. Ce brocard des antiques souffleurs que Victor Hugo traduisait avec son emphase coutumière de “Jocrisse à Pathmos” le mot c’est le verbe et le verbe c’est dieu, fournirait une devise congruente aux investigateurs de la chose argotique. À pêcher des perles dans un flot qui n’a rien du Golfe du Bengale, ces curieux ont discerné, en fin de compte, la valeur peut-on dire surnaturelle du mot pris en lui-même, la décisive influence du vocabulaire sur la cristallisation de la pensée ». Il se réfère à Théophile Gautier qui « mettait le Dictionnaire fort au dessus de l’un et l’autre Testaments. [...] Par la parole, l’homme élabore son intellect. Le verbe, en créant la Loi fait naître les dieux »... Tailhade dénonce les néologismes qui foisonnent, puis il étudie quelques emprunts à la langue populaire, voire argotique, certains étant dus à la Guerre, comme le terme Boche, par exemple, qui « n’est autre que l’apocope d’alboche » et qui a « la vertu d’exaspérer nos ennemis ». Il loue ce méritoire usage d’un mot utilisé contre l’ennemi « à la manière des gaz asphyxiants au nez de l’infâme Germania ! », mais ne pourrait-on pas « concilier le civisme et la grammaire ? Ne pourrait-on lorsque même on dévide le jargon, le dévider correctement ? Ne pourrait-on enfin [...] pousser le patriotisme et l’amour de la France jusqu’à parler français ? »
Partager