Description
Belle correspondance amicale et littéraire, concernant en grande partie Le Figaro, auquel il collabore : propositions et envois d’articles (sur Huret, Besnard, Zuloaga, l’état présent des arts, des lettres, de la musique en France), intérêt pour l’enquête d’Huret sur la question sociale, plainte concernant des obstacles à une contribution régulière et d’actualité, remerciements pour l’insertion d’extraits de ses livres et des comptes rendus... Prière de passer chez Saint-Pol-Roux, pour parler d’une interview, « et aussi d’une consultation possible de quelques personnes sympathiques aux jeunes, Mallarmé, Proust, Maeterlinck, Besnard, Massenet, Mounet-Sully, peut-être Taine, ou Zola »... Allusions à Maeterlinck : envoi du premier numéro de la Revue indépendante avec une étude sur le Belge « qui vous agréera peut-être comme elle lui a agréé » (24 février 1892) ; un projet d’interview ; démarches pour faire jouer Pelléas et Mélisande (12 mai 1893)... Prière de faire quelque chose sur son entreprise avec Lugné-Poe : « nous avons fondé un cercle “L’Œuvre” pour jouer des chefs-d’œuvre étrangers, et créer un spectacle poétique et féerique nouveau », à commencer par Rosmersholm d’Ibsen (25 septembre 1893)... Ses projets : « Je vais publier en mars Couronne de clarté, roman féerique. C’est une espèce de voyage à la recherche de la personnalité. Je compte publier en octobre un drame injouable en prose (La Princesse Sappho) dont le sujet est l’étude de la révolte sexuelle et sociale de la femme, avec une surtout qui est comme l’Antéchrist de l’amour normal, et qui meurt pour sa religion de sensualité comme le Christ pour sa religion de charité. Ces deux œuvres sans conditions de lieu, de temps ni de vérité historique. Dans les premiers mois de l’année prochaine paraîtra le premier roman d’une série sur les manifestations publiques de la volonté, et la réaction de l’individu pensant sur les milieux. Ce roman aura pour titre L’Orient vierge. Il passera vers 2000 dans l’Ancien Monde et imaginera l’effort suprême des races latines contre la poussée des races jaunes » (début 1895)... D’autres témoignages d’amitié et de confiance : « Je vous affectionne bien plus que vous ne pensez et j’ai toujours souffert de n’avoir pu vous parler, depuis cette époque lointaine où vous avez connu un être si différent, si étranger à l’homme que je suis, et, à vrai dire, si insupportablement artificiel comme tous les contaminés du feu symbolisme dont une crise de chagrin et de bon sens m’a fait sortir (2 novembre 1907)... « Vous me demandez par quelles voies j’ai passé pour arriver à penser comme vous, c’est-à-dire en homme ? Tout simplement par la route la plus sûre, celle de la douleur, qui m’a jeté hors de l’égotisme, du raffinement de style et de l’esthétisme, pour me faire bien comprendre que dans la vie le secret de la santé morale est de s’oublier pour ne penser qu’à autrui. J’ai payé cette leçon par une peine atroce, de grandes blessures d’injustice, et six ans de lutte quotidienne contre la tuberculose » (novembre 1907)... « Non, je ne suis pas fier de ma pauvreté. J’estime que je suis riche, puisque l’indépendance d’opinion est un luxe suprême en ce temps. [...] J’ai connu des heures désespérées, notamment à l’époque du prix Goncourt, où je râlais de congestion pulmonaire double dans une bicoque du Midi et où ma femme avait douze francs pour me soigner, le jour même où Mirbeau faisait échouer ma candidature » ; mais l’argent corrompt l’artiste (16 novembre 1913)... On rencontre aussi les noms de Juliette Adam, Henri Albert, Beaubourg, Calmette, Hervieu, Hirsch, Lorrain, Rochegrosse, Tardieu, Vauxcelles, etc. On joint un fragment de brouillon autographe de réponse à une enquête sur le théâtre, et 3 cartes de visite autogr.