Description
Très belle et importante correspondance entre Mirbeau et le grand journaliste Jules Huret, qui ont noué des relations d’amitié et d’admiration réciproque dès leur première rencontre à l’occasion de l’Enquête sur l’évolution littéraire ; Huret sera le dédicataire du Journal d’une femme de chambre. Huret, plus jeune que Mirbeau de 16 ans, a conservé les brouillons des premières lettres à celui qui appelle d’abord « maître ». La sympathie chaleureuse que lui manifeste Mirbeau permet très rapidement des relations d’une grande complicité dont témoigne cette correspondance émaillée de confidences, d’échanges de services, et d’aperçus tantôt sévères tantôt drôles de la presse, de l’édition et du théâtre. Les lettres de Mirbeau sont ici complétées par les brouillons de 10 très intéressantes lettres de Jules Huret (que nous ne pouvons ici commenter). Voir Octave Mirbeau-Jules Huret, Correspondance, interveiw & articles (éd. de Pierre Michel, Du Lérot, 2009).{CR}[Les Damps 13 août 1891]. Mirbeau est content que son article plaise à Huret : « quoique savetier, je suis aussi, à mes moments de savate perdus, un psychologue ! »... Maintenant Simond lui réclame des contes pour L’Écho de Paris, et il a répondu agressivement : « ces gens-là ne pourront, je vous assure, me forcer, à montrer mon derrière nu, sur une page du journal, et à y lâcher, avec des pets parnassiens, des fusées de merde naturaliste. Et ils s’étonnent qu’il y ait des anarchistes ! Dites-moi, mon cher Huret, par quelle hypocrite aberration, ont-ils un journal, au lieu de tenir carrément, un bordel, un vrai bordel ? Non, vraiment, il y a des heures où, quand je regarde mes belles fleurs, j’ai un peu honte de l’argent que je gagne dans cette maison »... [Début octobre]. En parlant l’autre jour avec Henry Simond, le fils, Mirbeau a senti une résistance : ce sont d’irréductibles imbéciles. Mais il aimerait mieux Huret à L’Écho qu’ailleurs, et il a déclaré à Simond : « “Tant que vous vous obstinerez à garder les Bauër, les Lepelletier, les Dubrujeaud, et autres Deschaumes, votre journal sera un journal idiot, et qui répugnera à des masses de gens. Il est déjà bien assez odieux avec Silvestre.” [...] quelle effrayante sottise couvent le journalisme et la littérature ! Et quelles canailleries ignobles »... [17 octobre]. Mirbeau est retenu aux Damps par son roman [Journal d’une femme de chambre], « sur lequel je halète, comme un crucifié sur sa croix » ; il rapport un propos du père Simond sur Huret : « “C’est Mendès et Mirbeau qu’ils l’ont perdu.” Ainsi, mon cher Huret, vous êtes perdu ! Et je comprends ce que cela signifie, dans la bouche d’un directeur de journal. Vous avez eu du succès à l’Écho. Il a fallu vous augmenter. Du moment que vous avez du succès, c’est très bien ; mais dès que le succès, a exigé une augmentation, alors vous êtes perdu »... Cela lui rappelle sa propre expérience au Gaulois... {CR}[Les Damps début octobre 1892]. Mirbeau ne sait où trouver le grand voyageur, et il a tardé à écrire à Rodin, « notre Michel-Ange », pour recommander Huret à Lord Leighton ; mais Rodin était à Sancerre. Il pense « qu’on a dû écourter vos pages sur la Russie. [...] Votre vieux juif était bien émouvant, pourtant. Enfin on ne fait jamais ce que l’on voudrait »... Il presse Huert de venir à Paris pour la pièce d’Hervieu, et d’y amener Eugène Tardieu : « Il est charmant et très artiste, et ce qui vaut mieux, très bon, je crois. Vous avez de la chance d’avoir trouvé, dans la vie, un tel compagnon. Moi, il me semble, que si j’étais soutenu par un autre Tardieu, je ferais des chefs-d’œuvre »... [1er décembre]. Il demande, incrédule, s’il est possible que Huret collabore à La Révolution de Camille de Sainte-Croix, et s’il compte sur ce dernier « pour l’œuvre de démolition, projetée sous l’œil paternel de Fernand Xau. Ah ! que je vous mépriserais, mon cher Huret. Rassurez-moi vite. Il m’est terrible de penser que vous avez pu commettre cette prostitutionnelle infamie. [...] vers quels socialismes marécageux, vers quels paludéens collectivismes promenez-vous votre actuelle hure, ô Huret ? »... [24 janvier 1893]. Mirbeau regrette de n’avoir rien de déshonorant à lui conter de Sainte-Croix, mais il ne l’aime pas, parce que pour se venger des bontés de Mirbeau, jadis, « il a écrit, dans je ne sais plus quel journal, que j’étais un dangereux rastaquouère, que je passais ma vie dans les tripots, et que, sans doute, j’y trichais. Que toute ma vie n’était faite que de mensonges, et que je ne pensais jamais rien de ce que j’écrivais ; bref, que j’étais un vulgaire farceur »... Mais Sainte-Croix lui est indifférent, car il n’a pas de talent : « les outrages ne m’irritent plus. Il y en a qui me font rire. Ainsi de Bauër »... Carrières sous Poissy [9 juillet 1897]. Mirbeau invite son « ami paresseux et lubrique » à venir déjeuner avec Paul Hervieu et Léon Daudet... [15 septembre]. Autre invitation avec Zola et Mme Fasquelle : « J’ai dit à Mde Fasquelle que vous étiez très amoureux d’elle, et que vous étiez un amant héroïque, capable de renouveler les douze chevauchées d’Hercule. Et là-dessus, elle s’est mise à rêver »... Recommandations à l’égard de Porel, directeur du Vaudeville, et mari de Réjane : « Excitez Porel... Maintenez-le en état d’érection dramatique... Et si, par-dessus le marché, il fallait faire une... minette laborieuse et savante à madame... Eh bien !... »... {CR}Nice [début avril 1901]. Mirbeau secoue Huret : « vous qui pouvez tout faire, des tas de chefs-d’œuvre !.. Quand on a votre œil, et vos coups de sonde dans l’âme des hommes... c’est un crime ! »... Lui-même a terminé une très grosse pièce, Les Affaires sont les affaires, qu’il a lue à Claretie : « Il est épaté... Il la trouve admirable, extraordinaire, etc. [...] Je crois du reste qu’elle n’est pas mal... et qu’il y a là un type d’homme d’affaires bien venu... Claretie me presse de la lire au Comité… […] J’ai contre moi Mounet, Leloir, Féraudy. Pourtant Claretie ne peut croire que leur irréductibilité ne tombe pas à la lecture »... [Paris, vers le 26 mai]. Il a vu l’acteur Huguenet, et lui a lu la pièce : « Il est ravi. Il la jouera, au Gymnase. Et il croit à un gros succès... Quant aux cabots de la Comédie, je les ai envoyés “chier !”. Il n’y a pas d’autre expression. Ce pauvre Claretie faisait peine à voir... Au fond, cela a été dirigé plus contre Claretie, que contre moi. Mais je me suis donné le plaisir de les traiter... comme ils le méritent »... [Veneux-Nadon début août]. Envoi de sa préface à Tout yeux, tout oreilles d’Huret, avec remarques critiques sur son chapitre sur le Maroc… « Je ne sais plus quoi écrire au Journal. Ils ont une telle suspicion de ma prose que quand j’écris le mot : “oiseau” ils s’imaginent que c’est une injure à Leygues, à la religion, au nationalisme. Et je suis forcé de donner des explications, qu’on ne croit jamais »... Dimanche [1er septembre]. Il se plaint de Fasquelle, dont la grossièreté et la sottise deviennent intolérables. « Il ne fait rien pour mon livre [Les Vingt et Un Jours d’un neurasthénique] : au contraire il fait tout contre lui. Comme il m’a déclaré que c’était un livre idiot et mal fait et qu’il ne devait pas se vendre à plus de cinq mille, il est maintenant fort humilié qu’il se soit vendu à quinze mille »... Il n’a pas non plus su exploiter l’incident Ollivier, et il juge que « l’opinion de Tolstoï sur la Femme de chambre n’a aucune importance ayant appris de Mendès que Tolstoï n’est “qu’un vieux con” »... Il termine en parlant du séjour chez lui de Pierre Quillard et Alfred Jarry, « l’exquis, le délicieux, l’admirable père Ubu », en même temps que le colonel Picquart… [Mi-septembre]. L’accident de voiture arrivé à sa femme fait davantage apprécier les vrais amis, comme Huret et Bourdon, alors que « les Fasquelle ont été odieux d’indifférence et de muflerie »... [24 septembre]. Sa femme va mieux. Les Natanson sont venus au début de l’accident, mais plus maintenant, et les Mirbeau se sentent abandonnés de tout le monde. « Et quand je pense à ce que ma femme et moi avons été pour Misia quand elle était malade, quand je pense que, l’année dernière, nous nous sommes détournés d’un voyage en Autriche et en Suisse, pour venir passer quinze jours avec elle, à Rheinfelden, où elle était seule. […] Je suis triste, bien triste. Et si vous voyiez ce qu’est ma femme ; quel grand courage, quel grand cœur » »... [Vers le 6 octobre]. Sa femme paraît mieux, mais lui est surmené. Il se réjouit de refuser sa pièce [Les Affaires sont les affaires] à Franck : « J’ai comme une idée que ma pièce sera jouée, beaucoup plus tôt qu’on ne croit, au Théâtre Français et par Huguenet »... 8 octobre. Réponse à l’enquête d’Huret sur le Comité de lecture du Théâtre Français [l’enquête provoquera la suppression effective du Comité]. Mirbeau souligne l’absurdité de priver l’administrateur général de la Comédie du droit de représenter les pièces de son choix. « Les comédiens sont faits pour jouer les pièces, non pour les juger. Ils n’ont pas l’objectivité et le désintéressement littéraires qu’il faut ». Il relate la conduite scandaleuse de Leloir pendant la lecture de la pièce... Il vante la parfaite loyauté de Claretie, qui ne croyait pas à un refus du Comité ; peut-être les comédiens voulaient-ils lui rappeler « qu’eux seuls étaient les maîtres, ainsi que le veut cet absurde décret de Moscou, dont il est très fâcheux qu’il n’ait pas brûlé, avec la ville où il naquit, un jour de malheur »... [13 octobre]. Il demande un rectificatif à ses propos sur le Comité de lecture… [Fin novembre]. Claretie prétend qu’Huret lui-même trouve « très dangereux » que la jeune fille de la pièce ait un amant : « ne dites donc jamais de ces choses-là, à Claretie, qui a peur de tout, qui a peur de son ombre. Le voilà qui est maintenant terrifié, à l’idée de mon personnage, et qu’il va encore, de ce fait, essayer de reculer la représentation. [...] Ce qu’il faut, c’est le rassurer, toujours le rassurer et encore le rassurer. On ne le rassurera jamais assez. Et quoi qu’on fasse, on lui laissera toujours dans l’esprit des craintes chimériques. Pour l’amour de Dieu, tâchez de rattraper cela avec Claretie, et de façon à ce que ce n’ait pas l’air d’un rattrapage »... [Vernon 24 septembre 1903]. Il presse Huret de l’accompagner en Allemagne, où l’on représente les Affaires : « venez à Berlin. Peut-être qu’à nous deux, nous rapporterons, dans notre valise, vous la Lorraine, moi l’Alsace. Et qu’est-ce qui ferait un nez, c’est Coquelin ! »...{CR}Cormeilles-en-Vexin [vers le 18 juillet 1905]. Au retour de Normandie, il écrira sur les deux bouquins de son ami [En Amérique], quoiqu’il n’écrive plus rien, et s’achemine rapidement vers le cercueil : « Je suis usé, archi-usé... Mon rôle est fini sur la terre, et j’en ai un autre qui commence, dessous ! Mais je veux vous prouver mon amitié et que je n’ai jamais cessé de vous aimer de tout mon cœur. Cela d’ailleurs prouve plus en votre faveur qu’en la mienne ; car si j’ai cessé d’aimer pas mal de gens des Bourget, des Hervieux, c’est qu’ils étaient de trop intolérables salauds ! »... L’effort « héroïque » ne sera ni pour Calmette, ni pour Le Figaro, mais pour Huret : « Je voudrais bien que vous ne fussiez pas trop puni par une prose que je ne vous promets pas supérieure à la morne et inutile prose de M. Marcel Prévost – un bien charmant garçon, mais quel raseur ! »... [25 juillet]. Il a reçu les livres, mais des pontifes de la médecine lui ont refusé tout travail pendant un mois : « Je leur ai parlé de l’article que je voulais faire ; ils ont crié comme des putois »... Ces augures ont raison : « rien que d’écrire ce billet, voilà que des cloches sonnent, sonnent dans ma tête. Je suis un clocher de village, et je sonne l’angélus, la messe, les baptêmes et la mort dès que mon pauvre cerveau veut s’occuper à quelque chose »... Paris [23 ? août]. « Gémier m’a répondu. Je ne le crois pas remonté sur ma petite pièce [Le Portefeuille]. Au contraire. [...] J’ai vu Claretie hier mardi. Nous avons causé en bons amis, et comme je lui manifestais mon regret de ce qui s’était passé entre nous, et que je le lui disais avec une certaine émotion, il m’a sauté au cou et m’a embrassé. C’est tout de même un brave homme. Quel dommage qu’il n’ait pas plus de décision »... Cormeilles-en-Vexin [25 septembre]. Il remercie Huret de ses bons offices auprès du directeur du Matin Bunau-Varilla, mais il tient à son prix : « C’est gratuit, ou c’est très cher [...] le prix que Marcel Prévost, qui est un fantaisiste amusant, et un amuseur si profond, touche au Figaro, c’est-à-dire 500 f. par article. Je n’en démords pas »... Il recommande un séjour à Pougues : Huret aurait la joie de connaître l’aide-soignant Girard, dont Mirbeau rapporte les propos corsés sur le Brésilien Guzman et ses selles : « Girard nous donne une conception moins lyrique, moins offenbachique du Brésilien. Encore un progrès de la science. [...] Oui, mais tout cela ne vaut pas notre Francisco. L’équilibre, la justice, l’abondance, l’abandon de tous les préjugés nationaux... C’est très épatant »... [Vers le 26 novembre]. « Le 1er décembre, c’est le dîner Goncourt où nous attribuons le prix. [...] Daudet m’a écrit. Il lâche l’Amérique. Il n’y a donc plus que moi... Comme ce serait ridicule, je voterai blanc »... Paris [vers le 28 novembre]. Il ne votera pas : « Je serais seul... Successivement, ils se sont tous défilés. D’ailleurs mon sentiment est qu’il n’y aura pas de prix, cette année »... Lui-même travaille « comme un nègre. Je lâche mon roman et fais une grande pièce »...{CR}[Paris 24 ou 31 mai 1906]. Envoi d’une recommandation au Dr Feill, de Hambourg, qui mènera Huret auprès de tous les grands Allemands... Observations de l’état de siège à Paris : une ville vide, le 1er mai, une police agressive, une troupe paternelle, alors que les grèves continuent ; le soir il a dîné chez Léon Blum. Mirbeau rapporte avec verve des propos indignés ou agressifs d’un patron « quelconque », et des industriels Charron et De Dion, alors que des régiments entiers gardent l’usine de ce dernier à la demande de Clemenceau. « Quant aux élections... Charron prétend aussi que c’est la Société Mercedes qui a distribué cinq francs par jour, à tous les électeurs »... Il termine par une savoureuse anecdote sur le Dr Feill, riche « avocat, banquier, armateur », qui vient souvent à Paris pour son plaisir, et qui se fait « arranger » par le portier de l’hôtel de l’Athénée des rendez-vous galants avec la duchesse de Cambacérès pour 3.000 fr. : « Il avait raison... Elle était épatante ! »... Altenberg [août 1907]. À Contrexéville, il était « fou de travail, comme Hokousaï était fou de dessin » ; mais en passant par Colmar une infâme drogue alsacienne l’a empoisonné. Entre les deux, il a revu et admiré Strasbourg pour la première fois depuis 1876 : « ils ont eu une veine en 71, les Strasbourgeois. Croyez-vous que Strasbourg, sous l’administration française, se fût développée de la sorte ? Ils ne sont pourtant pas contents ; car les alsaciens sont des types admirables. Ils détestent les allemands ; mais ils détestent également les Français. Savez-vous, comment ils les appellent ?.. Des belges, mon cher. Ces gens me sont très sympathiques »... Maintenant à Altenberg pour une « cure d’air », il décrit un hôtel calme, peuplé de Français « du type Fasquelle » et d’Allemands à l’ancienne, sobres, polis et laids. Anecdote sur Millevoye, qui était à Contrexéville, et sur l’éditeur allemand qui a rompu son engagement pour La 628-E8, craignant d’être condamné à deux ans de prison « pour crime de lèse-majesté, et pour crime de haute trahison »... Cormeilles-en-Vexin [vers le 5 septembre]. Félicitations pour la naissance d »un « gaillard solide » chez les Huret : « Mais dites donc, en voilà assez, hein ? Et donnez à votre femme un peu de répit, pour qu’elle vive, elle aussi, une vie tranquille et heureuse ! » Il lit le Rhin et Westphalie d’Huret : « Je n’avais pas voulu le lire tant que le mien n’était pas fini et corrigé – bien qu’ils ne se ressemblent pas. Je suis émerveillé de votre tâche, cher ami, de tout ce que vous avez accumulé d’observations et documents. Comme votre Amérique, c’est un livre qu’il faut à tout homme moderne, dans sa bibliothèque. Je ne suis pas toujours d’accord avec vous – mais c’est moi qui ai tort sûrement – car depuis que je lis votre livre, je me dégoûte du mien horriblement »...{CR}Paris [vers le 5 avril 1908]. Au sujet de l’impresario allemand Sliwinski, et nouvelles de l’affaire du Foyer : « J’ai une lettre de Féraudy, si importante, que je me demande comment Claretie fera pour plaider le procès. Cette lettre met à nu tous ses mensonges. D’autre part, j’ai des renseignements admirables. Ça va très bien... Ça va le mieux du monde »... [26 avril], sur son procès, auquel il fera entrer Huret par son défenseur Henri-Robert. « J’ai tellement pioché mon affaire, que je ne sais plus où j’en suis »... [30 juin]. Résumé des « comédies extraordinaires » qui ont entouré l’ambition de Claretie d’être nommé Secrétaire perpétuel de l’Académie : haines violentes suscitées par l’affaire du Foyer (« campagne enragée » de d’Haussonville), petite majorité de soutien (Mézières, Hervieu, Sardou, Roujon), annonce de désistement suivie d’un démenti, fureur du gouvernement contre l’indécis intouchable... Et Claretie ne veut toujours pas jouer Le Foyer. « Doumergue, qui le défend mais qui voudrait que l’affaire s’arrangeât galamment entre lui et moi, ne peut rien obtenir de lui. Claretie est mené bien plus par ses sentiments vindicatifs, que par ses intérêts. Je vais être obligé de lui faire un second procès, et, cette fois, j’ai l’assurance que j’obtiendrai de la 1ère Chambre, plus de 150 mille francs de dommages et intérêts »... Le président Ditte est indigné par la mauvaise foi de Claretie, admire la pièce, rejette comme calomnieuse toute notion de scandale... « Au fond Clemenceau garde Claretie parce qu’il réserve le Théâtre Français à Antoine. [...] Il espère qu’Antoine aura des succès cet hiver, et, à la fin de la saison prochaine, ou Antoine sera en prison, ou il ira au Théâtre Français. Alternative bien dramatique ! »... [2 novembre]. Mirbeau va « cahin-caha. Encore très faible... et le cerveau resté encore ans la nuit. Je ne m’intéresse à rien... et je m’ennuie... je m’ennuie... je m’ennuie ! Et la perspective d’un hiver, recroquevillé à la maison, sans jamais sortir, le soir, et seul, seul !.. Ça me donne envie de pleurer... Ah ! Quelle sale blague que la maladie ! »...{CR}On joint, outre une carte de visite a.s. et un télégramme de Mirbeau, 10 L.A.S. ou cartes a.s. d’Alice Mirbeau aux Huret. Plus 10 intéressantes L.A. (minutes) de Jules Huret à Mirbeau, 1891-1907, et 3 manuscrits autographes (un signé) de Jules Huret sur Mirbeau : compte rendu de la pièce Les Mauvais Bergers (1897) ; article sur Le Journal d’une femme de chambre (1900) ; notice sur Mirbeau et son œuvre pour La Grande Encyclopédie, t. XXIII (1900). Coupures de presse et notes documentaires jointes.