Lot n° 378
Sélection Bibliorare

BARBEY D’AUREVILLY, Jules. Un prêtre marié. Paris, Achille Faure, 1865.

Estimation : 15 000 / 20 000 €
Adjudication : 33 836 €
Description
2 volumes in-12 (182 x 114 mm) de (3) ff. [sur 4 ; sans le feuillet “Ouvrages du même auteur”], 307 pp. ; (2) ff., 271 pp., pp. [9]-48 (opinions sur les ouvrages d’André Léo) : percaline brique à la Bradel, pièces de titre olive, non rognés (reliure de l’époque).

Édition originale.

Précieux envoi autographe signé :
A
mon ami
J. K. Huysmans,
l’auteur d’à Rebours,
ce Prêtre à Rebours.
J. Barbey d’Aurevilly


L’envoi a été calligraphié à l’encre rouge sur un feuillet monté avant le faux titre.

Quoique postérieur d’une vingtaine d’années, l’envoi n’en est pas moins infiniment précieux :
À rebours, qui avait paru en 1884, fut en effet l’occasion pour Huysmans de rendre hommage à son aîné, rencontré en 1868 par l’intermédiaire de Léon Bloy. L’auteur du Prêtre marié était mentionné parmi les écrivains de prédilection de son héros, Des Esseintes.

“Deux ouvrages de Barbey d’Aurevilly attisaient spécialement des Esseintes, le Prêtre marié et les Diaboliques. […] Dans ces deux livres que feuilletait des Esseintes, Barbey avait perdu toute prudence, avait lâché bride à sa monture, était parti, ventre à terre, sur les routes qu’il avait parcourues jusqu’à leurs points les plus extrêmes. Toute la mystérieuse horreur du moyen âge planait au-dessus de cet invraisemblable livre, le Prêtre marié ; la magie se mêlait à la religion, le grimoire à la prière, et, plus impitoyable, plus sauvage que le Diable, le Dieu du péché originel torturait sans relâche l’innocente Calixte, sa réprouvée, la désignant par une croix rouge au front, comme jadis il fit marquer par l’un de ses anges les maisons des infidèles qu’il voulait tuer.”

Après avoir lu À rebours, Barbey d’Aurevilly consacra au roman un article fameux, saluant ce livre “qui coupe comme un rasoir – mais un rasoir empoisonné – sur les platitudes ineptes et impies de la littérature contemporaine.” Et, dans la préface qu’il rédigea pour la réédition de son roman en 1903, Huysmans rendit à nouveau hommage à son aîné : “ Celui-là fut le seul artiste, au pur sens du mot, que produisit le catholicisme de ce temps ; il fut un grand prosateur, un romancier admirable, dont l’audace faisait braire la bedeaudaille qu’exaspérait la véhémence explosive de ses phrases.”
Le 26 avril 1889, Huysmans devait conduire le deuil de Barbey d’Aurevilly au cimetière Montparnasse, avec François Coppée et Jean Richepin. Les funérailles sont relatées dans une curieuse note autographe de Huysmans, transcrite dans le Bulletin du Bibliophile (1923, pp. 259-260).

Plaisant exemplaire en reliure du temps.

Quelques rousseurs. Le quatrième feuillet liminaire donnant la liste des “ouvrages
du même auteur” n’a pas été conservé.
Provenance : J.K. Huysmans, avec envoi.- Ronald Davis, avec ex-libris.
Bonnefon, Les dédicaces à la main de M. J. Barbey d’Aurevilly, 1908, p. 54.
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