Lot n° 445
Sélection Bibliorare

JARRY, Alfred. Ubu roi. Drame en cinq Actes et en prose restitué en son intégrité tel qu’il a été représenté par les marionnettes du Théâtre des Phynances en 1888. Paris, Mercure de France, 1896.

Estimation : 8 000 / 12 000 €
Adjudication : 43 862 €
Description
In-12 (163 x 108 mm) de 171 pp. : maroquin rouge janséniste, dos à nerfs, doublures maroquin rouge, gardes de moire vieux rose, couvertures et dos conservés, tranches dorées sur témoins (Alix).

Édition originale, dédiée à Marcel Schwob. Elle est illustrée en couverture du “Véritable portrait de Monsieur Ubu”, en sous-impression. Le dessin est repris en frontispice et suivi d’un “Autre portrait de Monsieur Ubu”, de profil. L’ouvrage est imprimé avec des caractères imitant ceux du XVe siècle, que Jarry avait spécialement commandés pour le Perhinderion, sa luxueuse revue d’estampes.

UN DES 15 EXEMPLAIRES SUR HOLLANDE, SSSEUL GRAND PAPIER AVEC 5 JAPON IMPÉRIAL.

Ubu roi a été créé au théâtre de l’OEuvre le 10 décembre 1896, dans une mise en scène de Lugné-Poe.
Le public scandalisé assista, sans bien le comprendre, à une double naissance, celle d’un mythe et celle d’un certain théâtre moderne.
“Le théâtre moderne, c’est par exemple celui d’Apollinaire, d’Artaud, ou d’Ionesco – de tant d’autres, qui ont reconnu leur dette envers Ubu roi ; il est vrai que le “Merdre !” inaugural fait à toute une littérature classique un formidable pied de nez” (En français dans le texte, Paris, BnF, 1990, nº 322).

Précieux exemplaire de la comédienne Marguerite Moreno, épouse de Marcel Schwob, dédicataire d’Ubu.

Il est enrichi d’un ex-dono autographe signé :
Exemplaire
de Mademoiselle Moreno
Alfred Jarry

Marguerite Moreno (1871-1948) fut l’égérie de Catulle Mendès avant d’épouser Marcel Schwob (également dédicataire du premier livre de Paul Valéry). Muse des symbolistes, recherchée par les poètes parce que “nul ne disait mieux leurs vers”, elle ne connaissait de rivale que Sarah Bernhardt. Soixante-dix films et une éblouissante carrière théâtrale firent d’elle un “monstre sacré”. Son ultime succès reste La Folle de Chaillot qu’elle créa pour Jean Giraudoux en 1945, à l’âge de soixante-quinze ans.
Souvenirs de ma vie (1948) évoquent la figure de Jarry venu l’admirer dès 1891 lors de ses débuts au Théâtre d’Art. Elle fut des premiers auditeurs d’Ubu roi lors d’une séance de lecture organisée par Alfred Jarry dans les bureaux du Mercure de France.

Une lettre de Jean de Tinan se fait l’écho de la séance peu ordinaire : “Mon cher Jarry..., j’ai relu hier le drame en son intégrité... Il m’a semblé vous l’entendre lire une fois de plus - avec accompagnement du rire de Rachilde, du rire de Moreno, du rire de Fanny, du rire de Vallette, du rire de Schwob, du rire de Hérold et du rire de tout le monde - selon les belles sonorités de l’admirable voix du maître des phynances” (Noël Arnaud, Alfred Jarry, 1974, p. 218).

Ex-libris José Peraya frappé en lettres dorées sur le premier contreplat.
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