Lot n° 468

MALLARMÉ, Stéphane & William BECKFORD. Le Vathek de Beckford. Réimprimé sur l’Édition française originale avec Préface par Stéphane Mallarmé. Paris, Adolphe Labitte [Imprimerie Jules-Guillaume Fick, Genève], 1876.

Estimation : 3 000 / 5 000 €
Adjudication : 4 010 €
Description
In-8 (202 x 135 mm) de XL pp., (2) ff. dont un blanc, 190 pp., (3) ff. : vélin ivoire à recouvrement, dos lisse avec titre doré, rubans de fermeture, entièrement non rogné (reliure de l’éditeur).
Édition tirée à 220 exemplaires sur vergé de Hollande, justifiés par l’éditeur (n° 185).
Beau volume issu des presses genevoises de Fick, un des plus brillants typographes de son temps.
Quatre corrections autographes de Mallarmé (pages xxv, xxxvii et xxxviii).
Édition originale de la célèbre Préface de Mallarmé.
Le poète est à l’origine de la réédition du conte oriental publié en français par l’extravagant William Beckford (voir n° 189 de ce catalogue). Il en fit recopier le texte à la Bibliothèque nationale en le dotant d’une étincelante préface.

Envoi autographe signé au recto de la première garde :
A Mademoiselle Holmès
son ami et son admirateur
Stéphane Mallarmé

Française d’origine irlandaise, Augusta Holmès (1847-1903) fut une admirable musicienne proche de Wagner. Pianiste précoce et poète, elle se consacra à la composition de symphonies, d’opéras et de chansons. Idolâtrée, elle brillait par l’esprit et le talent. Ils furent nombreux “devant le blond torrent de ses cheveux immaculés” à s’éprendre de la dame au port impérieux de déesse : le jeune peintre

Henri Regnault et le poète Cazalis – amis de Mallarmé –, Franz Liszt, Camille Saint-Saëns (qui la demanda deux fois en mariage), Charles Cros, César Franck (qui, fou de passion, lui enseignait la composition), et enfin Catulle Mendès. Ce dernier fut le père de ses cinq enfants avant de l’abandonner ruinée en 1886.
Stéphane Mallarmé a-t-il lui-même cédé, comme son cher Villiers, à cette frénésie amoureuse pour mademoiselle Holmès, figure de l’Hérodiade rêvée, “dieu mâle et femelle” comme l’appelait Cazalis ? En avril 1870, ce dernier écrivait à Mallarmé : “Je lui ai lu ton Hérodiade. Tes vers l’ont rendue ivre tout un soir. Elle s’est reconnue dans cette magnifique image ; elle s’est vue en cette glace au trou profond, l’Hérodiade lui est apparue comme son ombre lointaine, et la voilà qui me demande ton adresse pour t’écrire ou te faire couper la tête, je ne sais.
Je lui ai donné tout ce qu’elle voulait, j’étais si heureux de ton triomphe.”

Bel exemplaire reliure de l’éditeur. Quelques piqûres.
Partager