Lot n° 221

ANDERSEN, Hans Christian. Nye Eventyr. Andet Bind. Første Samling [Nouveaux contes de fées. Seconde série. Premier recueil]. Copenhague, Reitzels Forlag, 1847. Petit in-8 (182 x 118 mm) de (4) ff., 72 pp. : broché, couverture de papier chamois, plat supérieur imprimé, non rogné : conservé dans une boîte moderne en demi-maroquin havane.

Estimation : 4 000/6 000 €
Adjudication : 5 013 €
Description
ÉDITION ORIGINALE.

Première livraison de la deuxième série des Nouveaux contes par lesquels Hans Christian Andersen (1805-1875) opéra un tournant en élargissant sa thématique et en ôtant le mot “pour enfants” du titre général de ses recueils. Le fascicule contient : Le Vieux Réverbère, Les Familles de voisins, L’Aiguille à repriser, Le Petit Tuk et L’Ombre. Dans ce dernier conte, un des plus fameux d’Andersen, un homme est

progressivement dominé par son ombre, laquelle finit par acquérir une existence à part.

 

Long et bel envoi autographe signé au verso du premier plat de couverture :

il est adressé au fils de son ami et mentor Adam OEhlenschlæger.

Min inderlig kjaere Ven

William OEhlenschlæger.

Her er’mine Børn, de yngste

fem, Jeg taenke hos Dig de finde et

Hjem.

De komme I Digter Kongens

Slot, Dig søge de der og saa faae de det godt

H. C. Andersen

Paaskemorgen

 

[Cher William OEhlenschlæger, ami le plus cher, voici mes enfants à moi, ce sont les cinq plus jeunes. J’ai pensé qu’ils trouveraient chez toi leur maison. Ils arrivent au Château du roi des poètes où ils vont te chercher et trouver leur bien-être. H.C. Andersen, le matin du jour de Pâques.]

 

Andersen avait coutume d’adresser les exemplaires de ses Contes aux enfants de ses proches ; il destina celui-ci au fils du poète et dramaturge romantique Adam OEhlenschlæger (1779-1850) : celui qu’Heinrich Heine considérait comme “peut-être le plus grand poète européen” est l’auteur de l’hymne national danois.

OEhlenschlæger joua un rôle crucial dans l’éducation et la formation du jeune Andersen, qu’il avait rencontré en 1822 : le futur conteur, âgé de dix-sept ans, tout juste débarqué à Copenhague, logeait dans l’arrière-cuisine d’un bordel en rêvant de théâtre et de poésie. Lorsqu’il eut composé sa première pièce, Andersen alla trouver le grand “Digter” qui le reçut.

Dès lors, Adam OEhlenschlæger ne cessa jamais d’encourager le jeune homme impécunieux.

Andersen rapporte ainsi qu’un soir, après s’être rendu au théâtre, sans porter de jaquette noire par manque d’argent, personne ne lui adressa la parole sauf OEhlenschlæger : “il se dirigea vers moi à travers la foule et me tendit la main, ce qui me rendit ivre de fierté.”

 

En 1832, Andersen intégra la Faculté des Arts dont OEhlenschlæger était le doyen. N’ayant aucun moyen de subsistance, il obtint, grâce à quelques Danois éminents, dont OEhlenschlæger et Hans Christian Ørsted, une bourse d’Etat. A cette époque, il note dans son journal : “Je crois qu’avec l’aide de Dieu les circonstances me permettront de prendre ma place parmi les bons écrivains, mais une place très au-dessous d’OEhlenschlæger.” Son admiration pour ce dernier alla jusqu’à imiter ou copier, dans ses premières pièces écrites en cachette, des passages entiers des oeuvres de son protecteur.

 

Précieuse relique.

Couverture restaurée : seul le premier plat est présent, avec manques comblés ; papier légèrement et uniformément jauni, comme toujours. Dos et second plat renouvelés.

Provenance : William OEhlenschlaeger, avec envoi.- Bent W. Dahlstroem, avec ex-libris.

Nielsen, H.C. Andersen Bibliografi, 1942, n° 516.- Bork, H.C. Andersen. Catalogue of first editions collected by Jens S. Bork,

2014, p. 91 : “The second cycle of fairy-tales is considered the breakthrough for Andersen as a story teller.”- Andersen,

OEuvres, I, Pléiade, 1992, pp. 320-355 et 1320 pour la notice bibliographique de Régis Boyer.
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