Lot n° 225
Sélection Bibliorare

BALZAC, Honoré de. Scènes de la vie privée, publiées par M. Balzac, auteur du Dernier Chouan, ou la Bretagne en 1800. Paris, Mame et Delaunay-Vallée, Levavasseur, 1830.

Estimation : 15 000 / 20 000 €
Adjudication : Invendu
Description
2 volumes in-8 (215 x 134 mm) de 399 pp., (1) f. ; (2) ff., 378 pp., (1) f. : demi-veau glacé cerise, dos à quatre nerfs plats ornés or et à froid, non rognés (reliure de l’époque).

ÉDITION ORIGINALE.

Ce recueil de six nouvelles est le second livre avoué de Balzac.

En page de titre, il a signé M. Balzac, auteur du Dernier Chouan , en référence au premier roman publié sous son nom. L’ouvrage constitue la genèse de La Comédie humaine par son ambition de mettre en scène l’histoire contemporaine transposée sous la forme d’études de moeurs. Balzac en a fini avec les années d’apprentissage. Il ose espérer, avoue-t-il dans la préface, que les bons esprits, “ne lui reprocheront point d’avoir présenté le tableau vrai de moeurs que les familles ensevelissent aujourd’hui dans l’ombre et que l’observateur a quelquefois de la peine à deviner ”.

Les Scènes de la vie privée renferment La Vendetta, Les Dangers de l’inconduite (devenu Gobseck), Le Bal de Sceaux
– un texte capital selon P.-G. Castex
–, Gloire et malheur (devenu La Maison du Chat-qui-pelote), La Femme
vertueuse (devenue Une double famille) et La Paix du ménage.

Tirés sur les presses de l’ancienne imprimerie de Balzac, les deux volumes parurent en avril 1830.
L’ouvrage connut une fortune éditoriale tourmentée à cause de la Révolution de Juillet, bientôt suivie, en août, par la faillite de l’éditeur Louis Mame. D’où la rareté des beaux exemplaires en reliure strictement d’époque.

Exemplaire d’une grande élégance, sans doute relié par Thouvenin.

Joseph Thouvenin (1790-1834) fut le maître de la reliure romantique. Il a donné ses titres de noblesse à la demi-reliure en soignant non seulement le corps d’ouvrage mais la qualité du cuir et celle de l’or employé. Thouvenin ne signait pas toujours ses oeuvres, mais les palettes dorées en queue et la facture générale sont caractéristiques des reliures produites dans son atelier.
(Cf. Devauchelle, Joseph Thouvenin, 1987, pp. 67-68.)
Installé en 1830 passage Dauphine, l’atelier comprenait seize ouvriers. Balzac a évoqué dans César Birotteau (1836), “l’inexact et célèbre artiste Thouvenin” – compliment mitigé pour exprimer la frustration du bibliomane : surchargé de commandes, Thouvenin ne brillait pas par la ponctualité dans l’exécution de son travail. Lorsqu’il meurt, en 1834, Balzac ne doit plus que sept francs à son relieur de prédilection, tout en ayant dépensé plus de 10 000 francs de reliure, somme alors énorme, pour la seule période de 1830-1835.

L’exemplaire provient de la bibliothèque de Balzac.

Le romancier était sensible au fini d’une reliure, ses exigences bibliophiliques portant sur le principe d’une peau rouge – “car je n’ai que cette couleur dans ma bibliothèque” – et l’obligation, tout à fait exceptionnelle pour l’époque, que les livres fussent ébarbés, c’est-à-dire non rognés.
L’exemplaire présente, en effet, de nombreux témoins : les feuillets les plus courts ont conservé leurs barbes d’origine, pour ne rien sacrifier des marges.

Les balzaciens déplorent la “grande braderie” de 1882, c’est-à-dire la dispersion aux enchères de la bibliothèque de l’auteur, documentée par un catalogue sommaire de 26 pages où seuls étaient décrits les manuscrits et quelques volumes jugés alors précieux (cf. Catalogue d’une partie des livres […] de Mme veuve H. de Balzac , Paris, 25 avril 1882).

Ex-libris Etienne Cluzel et Jean A. Bonna. Rousseurs.

Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, p. 306.- Clouzot, p. 19 : “Rare et recherché.”- Vachon, Les Travaux et les jours d’Honoré de Balzac, 1992, p. 96.
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