Lot n° 208

Alexandre DUMAS père. Manuscrit autographe signé, Dimanche 4 mai – 11 heures du soir, [1862] ; 3 pages et quart in-4 sur papier bleu.{CR} Article pour son journal napolitain L’Indipendente, probablement non publié (L’Indipendente ne...

Estimation : 800 / 1 000
Description
reprendra sa publication interrompue que le 15 mai), ou destiné à un journal français. Dumas, enthousiaste, décrit un magnifique spectacle naval, donné pour le Roi Victor-Emmanuele et le peuple, censé reproduire un véritable combat naval.{CR} « La Baie de Naples vient d’être témoin d’un magnifique spectacle : sur un désir manifesté par le Roi à l’amiral Français de voir un combat naval de nuit – celui-ci a décidé de donner au Roi la représentation d’une naumachie moderne. [...] Le combat simulait le bombardement d’une ville. Les batimens faisaient tour à tour des feux à volonté et des feux de batteries. Ce simulacre de combat a duré dix sept minutes pendant lesquels on a tiré cinq mille coups de canon et vingt mille coups de carabines. Rien ne peut donner une idée de la majesté de ce terrible spectacle – que rien n’empêchait les spectateurs de prendre pour une réalité [...]. Que l’on se fasse une idée de l’effroyable commotion qu’imprimaient à l’atmosphère des feux de batteries de quinze à dix huit canons de 80 tonnants à la fois. [...] Le tems était sombre et ajoutait à la majesté du spectacle, une belle brise soufflait du nord ouest et chassait la fumée du côté de Portici – Naples frissonnait comme dans un tremblement de terre. […] il est impossible de rien voir de plus majestueux que ce qui vient de se passer sous nos yeux – c’était, moins le désastre, moins le regret, moins la honte – une seconde représentation d’Aboukir et de Trafalgar ». À la fin du spectacle, tous les bâtiments se sont illuminés, et on a vu leurs mâts porter les couleurs tricolores italiennes ou françaises, puis la musique a démarré pour annoncer la retraite : « À la bonne heure ! Voilà une de ces fêtes comme il faut en donner à un peuple et à un roi – la grandeur de la France était écrite, avec un splendide alphabet de feu ». Dumas décrit Naples, « toute entière bâtie en amphithéâtre autour du Golfe », inondée par la foule des spectateurs : « les cris de Vive la France, Vive l’Italie étaient tels qu’au milieu de la canonnade nos marins les entendaient de la flotte ». Cela faisait longtemps qu’on voulait organiser pour les Napolitains un tel spectacle. Aux « esprits moroses » qui condamnent le coût excessif de cette manifestation, Dumas répond : « à Leipsicth nous avons tiré 117 mille coups de canons qui coutaient chacun deux louis et nous avons tué à peu près 31 mille, Prussiens, Russes, Anglais qui ne coutaient rien – que des larmes – à leurs familles. Ne vaut-il pas mieux tirer dans une fête cinq mille coups de canon qui coutent cinquante mille francs – et qui ne tuent personne, que de tirer dans une bataille 117.000 coups de canon qui coûtent 4.680.000 fr. qui tuent 31000 hommes et qui en blessent, mutilent, estropient à peu près autant – offerts à Castella »...{CR}
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