Description
dorés et ornés sur les plats, titre en lettres dorées sur le plat sup., cadre int. avec filets dorés (Sangorski & Sutcilffe), dans une boîte-étui toile rouge.{CR} Important manuscrit racontant la tentative d’expédition de Garibaldi sur Rome et la tragique bataille d’Aspromonte, où Garibaldi fut blessé et fait prisonnier.{CR} Ce récit fut publié dans la Revue contemporaine le 30 novembre 1862 sous le titre La Vérité sur l’affaire d’Aspromonte. Journal de la dernière expédition garibaldienne tenu par un témoin oculaire (p. 225-253, sous la signature d’Alexandre Dumas et daté de « Naples, le 24 octobre 1862 », avec cette conclusion qui ne figure pas sur notre manuscrit : « Ayant eu le bonheur de donner pour quelques jours l’hospitalité à un jeune lieutenant hongrois, proscrit après la bataille d’Aspromonte, il m’a laissé en partant le récit qu’on vient de lire. Communiqué au général Garibaldi, il a été reconnu par lui conforme en tous points à la vérité ») ; le texte de la revue présente quelques différences avec le manuscrit. Le texte fut édité, en traduction italienne, sous forme de plaquette éditée chez Scorza à Milan en novembre 1862, La Verita sopra i fatti di Aspromonte, narrati da combattente testimonio oculare e riconosciti dal generale Garibaldi. Le manuscrit, à l’encre brune sur papier bleu, présente quelques ratures et corrections.{CR} Alexandre Dumas a conçu son récit comme le témoignage d’un participant hongrois à l’expédition de Garibaldi et au combat de l’Aspromonte en Calabre (29 août 1862). Garibaldi veut envahir les États pontificaux pour faire de Rome la capitale de l’Italie réunifiée, et il tente une expédition partie de Sicile avec trois mille volontaires qui débarquent en Calabre ; mais la France fait pression sur Victor-Emmanuel et le gouvernement italien de Rattazzi, et l’armée royale italienne est envoyée, sous les ordres du général Cialdini, pour arrêter les Garibaldiens ; l’affrontement a lieu dans le massif de l’Aspromonte, près de Gambarie ; Garibaldi, blessé et choqué par ce combat fratricide, donne l’ordre de cesser le feu ; il est fait prisonnier, ainsi que ses partisans.{CR} Le narrateur, officier de la légion hongroise, embarque le 4 juillet à Naples pour Caprera, où il retrouve d’autres officiers dans la maison de Garibaldi ; le 14 juillet, ils reçoivent l’ordre de rejoindre Garibaldi à Palerme. À la fin du mois, il part à Nocera chercher une centaine de volontaires parmi ses compagnons, et rejoint Garibaldi (qu’il ne quittera plus dès lors) au camp de la Ficuzza. Malgré le manque d’argent et de moyens, les Hongrois, sous les ordres du colonel Bentivegna, du major Cairoli et du lieutenant-colonel Frigyesi, se rendent à Corleone, où ils reçoivent des souliers et des chemises rouges, puis à Palazzo Adriano et Santo Stefano, où a lieu un accrochage avec l’armée régulière. La troupe, qui manque de vivres, ressent une hostilité croissante de la population, mais continue à avancer : Casteltermini, Santa Catarina, où elle retrouve Garibaldi, entouré de ses officiers et de troupes (3.500 hommes), et ovationné par la population ; puis Castrogiovanni (Enna). Le narrateur décrit les drapeaux, le cachet de la Prima legione romana (avec la devise O Roma ! o morte !) ; il dit le découragement qui s’empare de certains, les désertions, les incidents de la marche vers Leonforte, San Filippo, Regalbuto, Centorbi, Paterno… La troupe régulière laisse passer, sans les inquiéter, Garibaldi et ses chemises rouges ; marche nocturne vers Catane, désertée par l’armée régulière et la noblesse. Accueil enthousiaste de Garibaldi par la population de Catane ; les rangs s’augmentent de déserteurs de l’armée régulière ; « Garibaldi paraissait sûr de son alliance avec le gouvernement » ; on crée une Légion catanaise, et une compagnie de Survivants des Mille ; on organise le corps des volontaires ; faux bruits d’attaque de Catane par la troupe… Le narrateur connaît Garibaldi et le voit quotidiennement : « le bruit courait que le gouvernement avait permis à Garibaldi un débarquement dans le Monténégro, mais lui avait positivement défendu aucun mouvement sur Rome. […] depuis Paterno il était silencieux et morne […] Mon opinion est que le général Garibaldi, jusqu’au dernier moment de son départ de Catane, espéra un rapprochement entre lui et le gouvernement »…{CR} Le 24 août, les Garibaldiens embarquent à bord du Dispaccio et de l’Abbatucci ; traversée terrible, tous feux éteints ; débarquement à Pietrofalcone près de Melito. À Sannazzaro (Lazzaro), Garibaldi reçoit une députation de Reggio, « fidèle au roi et au statut » ; il consent à ne point passer par Reggio. Bombardement du camp par une frégate. Marche jusqu’à la Fiumara ; campement dans le lit du fleuve. En approchant de San Nicolo, première escarmouche entre la troupe et les volontaires ; certains, faits prisonniers, dont le major Salomon, sont emmenés à Reggio ; histoire de la fuite du major Salomon. Marche difficile des volontaires gravissant « les roches appelées Camp di Cardetto ; […] une douzaine de volontaires moururent de faim, de froid et de fatigue » ; sous une pluie glacée ou un soleil brûlant, ils rejoignent Garibaldi à S. Stefano, mais beaucoup « vendirent leurs fusils et se remirent aux mains des autorités. […] depuis le départ de Reggio huit ou neuf cents hommes nous avaient abandonnés. Nous n’étions plus que 18 à 1900 hommes ». Les hommes sont épuisés ; le guide a pris la fuite ; Garibaldi va lui-même couper du bois pour allumer des feux. « Nous étions arrivés au camp d’Aspromonte que nous regardions comme notre Eldorado. La députation de Reggio nous y avait promis des vivres, des secours, des soutiens de toute espèce – nous trouvions un désert ! Nous construisîmes des barraques avec des broussailles et des branches d’arbres, afin d’improviser autant que possible un abri contre la pluie »… Discours de Garibaldi pour remonter le moral de ses soldats, salué aux cris de Vive Garibaldi...{CR} Garibaldi part inspecter le champ de bataille : « il savait bien qu’il était impossible de continuer la marche au milieu de tant de difficultés, et que c’était là que devait se décider la question ». Description du champ de bataille d’Aspromonte, et récit détaillé de la bataille. En voyant la troupe s’avancer, Garibaldi « défendit rigoureusement que l’on fît feu », à la stupéfaction générale ; après les premiers coups de feu tirés par l’armée royale, et quelques ripostes, il ordonna encore de cesser le feu : « Une confusion étrange se mit alors parmi nous ; les uns voulaient répondre au feu, d’autres voulaient suivre l’ordre du général, les autres mettaient les mouchoirs au bout des fusils, pour faire comprendre aux troupes royales qu’on ne voulait pas se battre ; mais la troupe avançait toujours »... Garibaldi est blessé, ainsi que notre narrateur ; sur ordre de Garibaldi, le combat cesse, et le désarmement commence… Le lieutenant Rotondo et le major Gioliti viennent inviter Garibaldi à se rendre, puis le commandant Pallavicino ; Garibaldi accepte de se rendre, rappelant qu’il avait donné l’ordre de ne pas accepter le combat… Quelques volontaires réussissent à s’échapper. On évacue Garibaldi sur une litière jusqu’à la cabane de la Marchesella ; on enterre la trentaine de morts… Marche de la colonne de prisonniers jusqu’à Scilla ; là, Garibaldi est embarqué sur un bateau de guerre…{CR}