Lot n° 572

GUERRE DE 1870. Carnet autographe signé par l’officier Thiénot, Journal de campagne (suite), Paris décembre 1870-février 1871 ; carnet petit in-8 de 36 pages remplies d’une petite écriture (photo jointe).{CR} Intéressante relation de la...

Estimation : 700 / 800
Description
guerre de 1870 et du siège de Paris par un chef de bataillon. Hospitalisé au Val-de-Grâce du 4 décembre au 27 janvier 1871, Thiénot relate presque quotidiennement ce qu’il perçoit des événements à travers les journaux, dépêches et conversations auxquelles il assiste. Nous ne pouvons en donner que de courts extraits.{CR} 5 décembre 1870. « Notre armée a repassé la Marne. Ainsi donc voilà le plan du général Ducrot avorté. Au lieu d’une tranchée victorieuse, nous n’aurons eu qu’une sanglante sortie »... 7 décembre. « L’armée de la Loire a été défaite près d’Orléans » et la ville serait occupée par les troupes allemandes. « Pas plus que Paris, Orléans n’est la France. La France est debout résolue à chasser l’envahisseur. Ce devoir n’est pas au-dessus de ses forces. En refusant une paix honteuse [...] la France sortira plus grande que jamais de cette crise épouvantable »... 8 décembre. Les généraux Renault et Ladreit de la Charrière sont morts... On parle de pertes humaines considérables au combat du 2 décembre... 9 décembre. Rapport des pertes du 29 novembre au 3 décembre : 1008 tués et 5022 blessés... « Les officiers prussiens prisonniers sur parole dans Paris sont insultés par la population »... 12 décembre. Arrivée à Paris de pigeons prussiens, apportant « les plus lamentables nouvelles de Tours et de Rouen »... Il déplore la « négligence coupable » de l’intendance militaire quant à l’organisation du service médical : « J’ai monté la grand garde de la nuit du 30 novembre au 1er décembre. J’ai entendu les cris désespérés et navrants des blessés. Plus de 2 ou 300 avaient été laissés sur les pentes du plateau de Villiers. Le froid était terrible, la nuit sombre et noire. Pas un intendant ! Pas un médecin d’ambulance ! »... 21 décembre. « Il se prépare une grande sortie. [...] Ma blessure n’est pas encore bien fermée. Cependant si j’assiste à cette nouvelle action j’ai la certitude d’être nommé capitaine »... 23 décembre. Les hostilités ont repris : «  La ligne de feu s’étend de Chatou (en face le mont Valérien) à Gournay sur Marne. Le Bourget a été le théâtre d’une attaque extrêmement vive »... Le général Le Flô, ministre de la guerre, est venu visiter le Val-de-Grâce... 25 décembre. Triste Noël : « Seigneur ! Vos volontés sont terribles. La patrie est ruinée et envahie. L’étranger foule notre sol sacré. Désolations, incendies, vengeances, tout est accompli »... 27 décembre. « Le froid est terrible. De nombreux cas de congélation se sont produits. On parle d’un commencement de bombardement » sur les forts de Nogent, Noisy et Rosny... 3 janvier 1871. Abandon du plateau d’Avron par l’artillerie française... Début des bombardements par « les fameux canons Krupp tant de fois annoncés. [...] Le moral de nos troupes doit être fortement attaqué. L’artillerie c’est la terreur, c’est le cauchemar du soldat [...], ils doivent se dire : on nous mène à la boucherie, on veut nous détruire, nous servons de cible aux obus »... 6 janvier. Paris a pour la première fois été atteinte par les canons Krupp. L’ennemi « a ouvert un feu effroyable sur les forts de Montrouge, Vanves, Issy et sur la partie Sud et Sud-Ouest de la ville »... La canonnade est intense... « On prétend que l’ennemi a tiré sur le Luxembourg dans l’espérance de faire sauter la poudrerie qui y est établie. Cette supposition n’est pas sans fondement. Ici au Val-de-Grâce nous avons reçu cinq ou six obus »... 8 janvier. Longue diatribe contre les officiers d’État-major : « Les manœuvres des diverses armes leur sont totalement inconnues, et beaucoup seraient incapables de commander un bataillon ou un escadron. Ce sont des hommes médiocres, trop médiocres, trop peu au courant de la tactique nouvelle et de l’armement nouveau »... 16 janvier. Les malades du Val-de-Grâce ont été évacués vers l’hôpital Dubois la veille en raison des risques de bombardements... Espoir de retrouver prochainement le bataillon et d’être nommé capitaine... 26 janvier. « Paris est plein de bruits sinistres, depuis 2 jours. Je crois bien que nous en sommes arrivés à la dernière période du siège. On affirme que des négociations ont été entamées avec l’ennemi. Sera-ce pour un armistice ou pour une paix définitive ? »... Thiénot regagne son régiment le 27 et retrouve ses camarades harassés, souffrant du froid et de la faim... « Enfin voici cette guerre finie. Nous succombons mais avec honneur. Paris est à bout de ressources ; Paris parlemente ; mais Paris a le droit d’être fière d’un siège de près de 140 jours »... Un tableau répertoriant les pertes humaines de la bataille de Champigny-sur-Marne (2 décembre 1870) clôt cette première partie du carnet. Suit la copie du Journal du 122e de ligne Campagne de France (1870-71).{CR}
Partager