Lot n° 217

Sacha GUITRY (1885-1957). Manuscrit autographe, L’Amérique, [1941 ?] ;

Estimation : 300 - 400 €
Adjudication : 375 €
Description
3 pages in-4 en grande partie au crayon, avec ratures et corrections. .

Réflexions sur l’hésitation des États-Unis à s’engager dans la guerre. . « L’idée d’une Europe paisible, heureuse, et forte est une idée bien séduisante et de tout temps d’ailleurs elle fut préconisée par des poètes ou par les hommes d’action quand ils sont un peu las. Comment n’en être pas séduit aux heures tragiques où nous vivons. […] Nous comparer à l’Amérique est une assez mauvaise idée. L’Amérique est une colonie européenne (involontaire).

Elle est en retard de 14 siècles sur l’Europe – et c’est ce qui fait qu’elle a l’air d’être en avance sur nous de 5 ou 600 ans.
Elle est impersonnelle encore, malgré les apparences [...] C’est un peuple composé d’Anglais mécontents, de Hollandais furieux, de Français excédés, d’Espagnols aventureux, d’Italiens insatisfaits et d’Israélites errants. L’Amérique est une des plus grandes curiosités du monde. Ils ont si peu de style qu’ils ne construisent jamais que des maisons modernes. […] Pouvons-nous comparer l’Europe à l’Amérique dont les États n’ont pas eu tant de peine à s’unir puisqu’ils n’avaient eu l’occasion de rompre des traités de paix ? Ce qui causa l’inimitié entre deux peuples ce ne sont point les guerres. Celles-ci font naître une estime réciproque entre les combattants.
Ce qui crée de l’irréparable ce sont les paix boiteuses, injustes. D’ailleurs les États d’Amérique se sont-ils unis ? Et pourraient-ils ne pas s’unir ? Ce qui a singulièrement facilité l’union c’est leur état d’esprit : ils étaient mécontents de leur propre pays. Et tous ils s’unissaient contre l’Europe. Ce n’était pas une union pour, c’était une union contre. [...] Et je comprends leur hésitation à venir se battre en Europe : ça ne doit pas être facile de rester unis lorsque tant de pays qui furent jadis les leurs sont en guerre »….
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