Lot n° 274

Édouard ROD. 9 L.A.S., Genève 1905-1906, à sa femme Valentine ;

Estimation : 500 - 600 €
Adjudication : 2 250 €
Description
18 pages in-8, 5 enveloppes, quelques papiers à en-tête d’hôtels genevois (quelques rousseurs)..

Lettres à sa femme « Vally » au cours de son voyage avec sa fille Marie en Suisse et en Italie, où il donne quelques conférences..

Genève 19 novembre 1905. Remerciements pour la préparation des bagages. Il s’inquiète pour son fils qui souffre d’urticaire : « Embrasse-le comme je l’aime. Marie prétend que je suis sentimental [...] je confesse assez bien tout cela »...
Le voyage en bateau s’est très bien passé... 25 novembre. Il est consterné d’apprendre que son fils a de nouveaux boutons : « Ne manque pas de m’écrire à Turin si c’est une fausse alerte ou une rechute. Surtout qu’il prenne bien garde de ne pas sortir trop tôt, de ne faire aucune imprudence »...
Ses lectures ont assez bien marché : « Elles m’ont plutôt moins ennuyé que je ne le craignais. Mais je déteste donner de ma personne. [...] Certainement j’aurai fait mon Rousseau ; mais je ne le promènerai pas à travers le monde, comme un montreur d’ours. J’ai trop souvent négligé de tirer parti de ces ouvrages : à présent que je vieillis, il faut bien leur faire rendre le peu qu’ils peuvent. […]
Nous irons à Turin demain »... 14 janvier 1906. Il espère rentrer dimanche matin, mais il pourrait être retenu par la mauvaise la santé de sa grande amie Marie-Nancy Vuille, qui l’inquiète :

« Elle n’a pas d’autres symptômes qu’une fièvre assez intense, qui ne cède à aucune médication [...] Je sais qu’elle attend une courte visite quotidienne, qui lui est bien nécessaire »... 15 janvier.
« Nous voilà à notre dernière étape. Le voyage s’est bien passé, bien que Marie soit un peu fatiguée. Pas trace de mal de mer. Et nous trouvons un soleil magnifique. Mais tout de même, ce n’est pas l’Italie. [...]
Croyez-moi, c’est Rome qu’elle préfère à tout. Nous sommes partis avec mélancolie »... Trois autres lettres apportent de tristes nouvelles sur la santé de Melle Vuille... 24 janvier. Un « retour de vie » lui a rendu un semblant d’espoir. « Ne te fais aucun souci pour moi. Je suis très calme, très courageux, et parfaitement bien partout. Je dors la nuit dans la chambre à côté et prends un répit très régulièrement. Tu sais ce que je pense de la vie et de la mort. Le spectacle que j’ai sous les yeux ne peut que renforcer mes idées, et me donne presque autant de douceur, quand je pense à ce que fut sa vie, que de tristesse quand je pense à l’amie que je perdrai »...
[Le décès de Mlle Vuille le 31 janvier affectera Rod pour longtemps ; il ne retournera qu’une fois en Italie par la suite, hanté par le douloureux souvenir. Elle lui légua sa correspondance littéraire et ses manuscrits, que Rod légua à son tour à la bibliothèque de Neuchâtel]..

On joint
• plus d’une trentaine de lettres de sa femme Valentine, de son fils Francis, et de sa fille Marie, adressées à Rod lors de ses voyages en Italie (1905-1906) ; et
•une lettre de Valentine Rod à Édouard sur la vente des meubles d’Émile Zola..
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