Lot n° 263

LETTRE DE SOLDAT. L.A.S. « Bourdon », Croninburg à deux lieues de Francfort-sur-le-Main 24 messidor IV (12 juillet 1796), à son frère ; 4 pages in-fol.

Estimation : 300 / 400
Adjudication : Invendu
Description
Belle relation d’un nouveau passage du Rhin, témoignant de « la valeur des Républicains, et de la stupeur des restes de la coalition ». Pour éviter « d’en venir au mains avec un ennemi du double plus fort que lui », Jourdan prit le parti de regagner la rive gauche du Rhin. Alors même que le passage du Rhin par une autre armée, face à Strasbourg, fit déplacer l’ennemi vers le Haut-Rhin, Jourdan « donna ordre aux deux generaux Championnet et Bernadotte de franchir la barriere liquide, l’un à l’isle de Neuvied et l’autre à St Sebastien une lieue sous Coblentz ». Le 13 messidor, à onze heures du soir, toutes les troupes étaient sous les armes, munies de doubles rations d’eau-de-vie ; au point du jour, quelque 500 hommes débarquèrent devant Neuwied, accueillis par une décharge de mousqueterie, mais la ville fut rapidement prise. Les Autrichiens « avaient en cette partie cinq mille hommes d’infanterie et trois régiments de cavalerie ; eh bien ! Nos quatre compagnies de grenadiers avec une seule piece de canon, ont soutenu et repoussé tout cela pendant six heures qu’il a fallu pour construire le pont. À huit heures il était achevé, et à dix toute notre division était sur la rive droite »... Avec celle du général Bernadotte, la division Championnet poursuivit l’ennemi, prenant des prisonniers, pièces de canons et voitures de bagages, dont celles du général Frinck. Deux jours plus tard, l’ennemi essaya de « nous tourner par notre gauche, pour nous obliger à la retraite. Le Gal Jourdan l’avait prévu, il ordonna une contre marche, qui les teint en suspend ; et pendant ce temps le général Kleber arriva suivi des Divisions Lefevre, Grenier et Collaud »... Bourdon raconte le passage à gué de la Lahn, des attaques livrées sur des camps ou villes de la rive gauche du Rhin, l’arrivée de déserteurs du ci-devant Régiment Royal Allemand qui « avait totalement émigré au commencement de la Révolution », la découverte du corps d’un espion chargé de porter des lettres à ce régiment, la mise hors combat des « stipendiés de Pitt » à Camberg, etc. « Francfort ne peut resister, demain peut-être le drapeau tricolore en chassera les aigles épouvantées ! »... Il ajoute : « Nous apprenons que le Gal Kleber commandant la gauche de l’armée vient de faire une boucherie des énnemis, huit cent ont été fait prisonniers, et un grand nombre tués. Nous apprenons aussi que l’armée du Rhin a obtenu de brillants succès [...]. Si cela continue nous ne tarderons pas à fraterniser avec elle »...
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