Lot n° 50

Louis ARAGON. 1897-1982. Écrivain poète. & Elsa TRIOLET. Correspondance à Léon Moussinac et son épouse, Jeanne Lods. 1941-1969. 2 L.A.S. et un poème autographe signé d’Aragon et 12 L.A.S. d’Elsa Triolet dont deux co-écrites par Aragon,

Estimation : 8000 / 10000
Description
25 pages in-4 et 6 pages in-8.

→Belle correspondance d’un couple mythique de la littérature, où alternent les propos artistiques et les questions domestiques.

Durant les années de guerre, le poète et sa femme se sont réfugiés à Nice.

En mai 1941, écrivant à ses « chers enfants », à la suite d’une lettre commencée par d’Elsa, Aragon se réjouit d’une bonne nouvelle arrivée par télégramme [la libération de Moussinac, membre du PCF depuis 1924, interné quelque mois en 1940 « pour propagande communiste » ?] et espère les voir très prochainement : On a tant à se dire avec ces histoires de poésie et de littérature, les vers alexandrins, l’octosyllabe, l’un décasyllabe si rare ! et les licences poétiques (je suis plein de pensées audacieuses sur l’hiatus et la diérèse, je me demande si je ne vais pas les écrire, bien que j’ai refusé de faire une conférence sur la poésie). Je me suis beaucoup passionné récemment pour Thibault de Champagne, roi de Navarre et pour Chrétien de Troyes (…). Il s’amuse des encouragements d’Edmond Jaloux à son égard, parus dans Les Documents français. Le 5 juin, Aragon parle à son camarade de son article à paraître dans la revue Fontaine, « La leçon de Riberac ou l’Europe française », et loue le talent d’un jeune poète aux débuts brillants, Jacques d’Aymé [pseudonyme de Moussinac]. Tandis qu’Elsa écrit dans le « genre fantôme », son nouveau roman est un peu en panne : je ne suis pas très content de moi (…).

Dans une troisième lettre, Aragon demande un rendez-vous à son ami pour l’entretenir d’une matière qui le concerne personnellement mais qui est aussi d’un intérêt général.

- Poème autographe, daté mars 1954. Sonnet de la fidélité « à Léon Moussinac, Quercinois », publié dans le n°44 de la revue Faites entrer l'infini :

Ainsi voilà trente ans que tu fais le voyage /
Sans oublier jamais les droits de l’horizon (…)
Ton étoile est la même et c’est toi qui conduis /
Comme autrefois Paris admirer Potemkine.
[Le dernier vers est une allusion à l’action menée par Léon Moussinac au sein du Ciné-Club de France, ayant permis en novembre 1926 la projection à Paris du film d’Eisenstein, Le Cuirassé Potemkine.]

Écrivain, poète, historien et critique de cinéma, Léon Moussinac (1890-1964) fut avec Aragon un des co-fondateurs de l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires, le directeur du magazine Regards et l’un des créateurs de la Fédération du Théâtre Ouvrier de France. Engagé dans la Résistance, il dirigea après la guerre l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC), de 1947 à 1949, et de 1946 à 1959, l'École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD).
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