Lot n° 85

Louis-Ferdinand Destouche dit CÉLINE. 1894-1961. Écrivain. 10 L.A.S. à Henri Philippon. [Copenhague, décembre 1947-mars 1948].

Estimation : 50000 / 60000
Description
12 pages in-fol.,
11 enveloppes, dont 9 à l’adresse parisienne de Philippon et 1 adressée à l’hôtel d’Angleterre (à Copenhague).

LETTRES D’EXIL au sujet de ses démêlés avec les éditions Denoël, gérées par Mme Jean Voilier, qui refusent de rééditer ses livres. Le journaliste Henri Philippon, qui se rendit à deux reprises à Copenhague pour rencontrer Céline, persuadé de sa réelle détresse financière, tente de lui trouver un autre éditeur, peut-être Fasquelle, et de résoudre le conflit qui l’oppose aux héritiers de Denoël.

27 [décembre ? 1947] : Entendu vous êtes attendu donc le 4 janvier. Mille mercis pour les commissions. Tosi vient de m’avertir que leur procès en épuration était remis sine die ! Rigolade donc ! Voilier me fait dresser 1000 couronnes ! Cadeau ! Je refuse de renvoyer les cadeaux ! Ce n’est pas de cadeaux dont j’ai besoin mais de gagner ma vie ! C’est bien différent ! Et d’un éditeur sérieux. Mes traductions marchent bien aux USA (…). Il demande des nouvelles du milieu éditorial parisien : Et l’épuration Denoël ? Je n’ai plus de nouvelles de rien ni de personne, mais Féerie s’avance. Il serait temps de me monter cet Editions du Pendu – en Suisse – gérant Philippon. Il compte faire parvenir à Philippon une copie de ses contrats d’édition, affirmant que c’est Denoël le premier qui a créé un précédent de rupture lors de la publication des Beaux draps. Et il envoie une lettre à transmettre à Fasquelle émanant des services commerciaux des éditions Denoël.
8 janvier 1948, à propos de la non-réimpression du Voyage et de Mort à crédit et de l’impossibilité de rompre le contrat.
Dimanche [11 janvier ?]. Je vois que Fasquelle a publié 1001 Nuits de Mardrus. C’est moi qui faisais la liaison (à pied) entre les Éditions de la Sirène (Lafitte) rue de la Boétie et Van Dongen l’illustrateur, Villa Saïd. J’étais ‘’coursier’’ en convalescence au Val de Grâce 1916 ! 40 francs par mois ! Il faut absolument que Fasquelle vienne... Quand "ils" ne viennent pas c’est qu’il y a une idée de derrière la tête. Ne pas se compromettre et patati. C’est du kif Voiliers. Gafe ! (…) Il faisait un petit peu l’innocent dans le téléphone, l’éberlué, l’ignorant, alors que sa lettre était parfaitement circonstanciée, commerciale, sérieuse, renseignée, au poil (…). Forcément méfiant, « tout est encore si vague, si romanesque », et surtout désireux de pouvoir faire rééditer ses livres, Céline réclame toujours des nouvelles en attendant de revoir Philippon : Je vous raconterai tout le bazar … Rien n’est solide. Tout est chancelant. Dubitatif. Nerveux. Il attend son procès : Rigolade. Ne pas perdre de temps à attendre des décisions judiciaires qui sont impossibles à escompter. Agir (…).

Sont mentionnés dans la correspondance, ses amis notamment l’avocat Mikkelsen, Daragnez ou le docteur Clément Camus qui pourrait venir le voir au mois de mai, mais aussi Guy Tosi, directeur artistique chez Denoël, le « cancre » Adeline qui s’est montré « torquemadiste », Fernand Sorlot « pire que Denoël » et à plusieurs reprises Mme Jean Voilier qui fait partie, selon lui, du même gang de pillards…

On joint
•une dactylographie avec petites corrections manuscrites, de la relation par Henri Philippon (1908-1981) de ses rencontres avec Céline, de la première poignée de main échangée en 1936 chez Denoël jusqu’à ses deux séjours au Danemark (10 pages in-4).
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