Lot n° 116

Jean GIONO. 1895-1970. Écrivain. L.A.S. au directeur de Grasset. S.l., samedi 15 août 1936.

Estimation : 2000 / 2500
Description
4 ff. in-4.

Longue lettre sur les liens de Giono avec la maison d’édition Grasset et l’amitié qu’il porte pour son directeur ;
Tu savais bien, vieux, que tu ne pouvais pas me faire plus de mal qu’en touchant à notre amitié et en me parlant de la maladie. Il faut peut-être que tu ne considères pas nos rapports comme simplement ceux que peuvent avoir auteur et éditeur mais, que comme moi, tu cherches en toi-même les raisons d’affection que deux hommes ont entre eux sans tenir compte d’autres choses humaines. Tu ne pourras jamais me faire dire que je ne t’aime pas (…).

Giono évoque alors sa situation matérielle qui a été longtemps et reste difficile, indiquant avoir reçu de Gallimard, une proposition plus intéressante que celle de Grasset ; Tu sais que j’ai vécu depuis cinq ans avec peu de chose. Les mensualités que la maison Grasset me donnait ne pouvaient équilibrer le budget qu’avec les mensualités venant de Gallimard (…).

Nul n’est plus conscient de ce que je vaux, que moi-même. Je sais très bien ce que je peux demander à la vie. Or, s’il ne m’est jamais venu à l’idée de réclamer pour moi les premières places matérielles, je crois pouvoir exiger cette paix du jardin et du verger (…).

Tu es peut-être trop emporté à présent par l’intérêt purement commercial de la Maison Grasset ; et il y a une maison Giono dont il faut que ton affection tienne compte si tu l’aimes. Je dois à Gallimard un roman, un autre à toi et trois encore à Gallimard. Donc après t’avoir donné ton roman, je resterai quatre ans sans rien te donner à toi (…).

Sais-tu mon vieux, qu’on a à la fin besoin de paix et de repos ? Rien n’est plus avilissant que les soucis matériels (…)

Tu vois vieux, qu’il faut examiner cette affaire comme un homme et non pas comme directeur de la maison Grasset. Je n’ai rien à te reprocher, à toi. Tâche de comprendre que tu n’as rien à me reprocher (…).
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