Lot n° 119

Sacha GUITRY. 1885-1957. Écrivain dramaturge, acteur, scénariste. Manuscrit autographe signé. S.l.n.d.

Estimation : 6000 / 7000
Description
78 pp. in-4,
dont 68 entièrement autographes, au crayon et à l’encre, et
10 dactylographiées avec ajouts et corrections autographes, et 1 p. in-8.

►Vibrant plaidoyer en faveur du théâtre contre le cinéma, considéré comme une menace, « la reproduction d’un simulacre ».

Mesdames et Messieurs, le théâtre à mes yeux n’est ni un métier, ni une profession, ni même un art… C’est une passion ! Et me demander de vous parler de théâtre, c’est demander à Paul un rendez-vous de la part de Virginie ! (…).
Tandis que le théâtre est un art du spectacle, un art vivant et en perpétuel mouvement, le cinéma serait, selon Guitry, un médium sans relief et sans couleurs, sans risques, souvent amputé de ses meilleures scènes afin de se fondre dans un moule.
Seule la scène représente la vie et Guitry se targue d’être le seul acteur français à n’avoir jamais voulu tourner un film. Il insiste sur l’importance du public et la communion qui se crée entre la scène et la salle, en s’appuyant sur l’exemple des dialogues irrésistibles de Courteline, impossible à porter à l’écran. Cette diatribe se poursuit sur une implacable apologie du comédien, trop souvent méprisé ou discrédité.
Mêlant anecdotes historiques et souvenirs personnels, en évoquant notamment son père Lucien, Guitry prend la défense de l’acteur qu’il ne faut pas considérer comme un menteur mais comme un grand avocat, capable de se mettre autant à la place de la victime que du coupable :

Veuillez admettre à votre tour que nous ayons, nous, auteurs dramatiques, des sentiments très identiques à l’égard des comédiens qui défendent nos pièces et les font acquitter quand elles sont coupables ! Si Guitry considère ici le cinéma comme un art mineur, il est à noter que dès les années trente, sous l’influence de son épouse Jacqueline Delubac, il s’intéressera de plus en plus à cet art, comme interprète et comme réalisateur, et qu’il saura utiliser avec talent cet art encore balbutiant, à la date de cette « causerie ».

PROVENANCE : Collection André Bernard (ex-libris volant).
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