Lot n° 76
Sélection Bibliorare

*CARTE MAUSCRITE DE JULES VERNE réalisée en 1874 pour L'Île Mystérieuse et représentant l'île Lincoln/

Estimation : 100 000 - 150 000 €
Adjudication : Invendu
Description
L'epreuve corrigee, annotee et signee par Jules Verne/La gravure definitive publiee.
D'un avis unanime, L'Ile mysterieuse est, mieux que Vingt-mille lieues sous les mers ou Le Tour du monde en 80 jours, le plus beau roman de Jules Verne et celui ou il a exprime son genie avec le plus d'eclat. Cette oeuvre peut etre tenue pour une culmination. Et l'ile Lincoln, dernier port du Nautilus, ultime refuge puis sanctuaire du capitaine Nemo, en est a la fois l'ecrin et la vedette principale, dont on connaitra la colere. C'est souvent dans les iles que Jules Verne placait ses reves et ses utopies. C'est la qu'il les engloutira aussi. L'ile mysterieuse est une des clefs, si elle n'est la clef de son oeuvre.
Si la quasi-totalité des manuscrits littéraires de Jules Verne ont été retrouvés et conservés, les dessins qu'il a exécutés se comptent presque sur les doigts d'une main.
De dessins de Jules Verne?... Rien... ou presque rien qui pût être considéré comme une oeuvre artistique et qu'on fût tenté de publier. Visionnaire, Jules Verne aurait pu trahir quelques dispositions. Ainsi de Victor Hugo, qu'il admirait. Mais l'écrivain n'était décidément pas dessinateur.
Rien qui pût nous éblouir... sinon une carte.
Et quelle carte!
La seule qu'il se devait de nous laisser, la seule pièce majeure qui manquait encore pour couronner son héritage graphique. « Sa » carte de l'île mystérieuse...
De grands dessins autographes de Jules Verne, il ne pouvait exister qu'un seul de cette puissance et qui fût une invention. C'est celui que nous montrent toutes les bonnes éditions illustrées du roman, françaises et étrangères.
Et ce dessin, le voici, en majesté.
Cette carte n'est pas seulement un document unique. Elle est impériale, pour ne pas dire : impérieuse. Mieux encore : elle est miraculeuse.
Elle l'est parce que nul ne l'attendait et parce qu'elle nous paraît, telle une étoile, briller au sommet de la pyramide des souvenirs graphiques de l'écrivain et le seul que l'on serait tenté de retenir parmi tous les autres, s'il en existât jamais un seul qui pût lui être comparé.
Que pourrait-on, en effet, espérer d'aussi spectaculaire, sinon un plan du Nautilus dessiné de sa main? Ce n'est point ici affaire de volume de papier, de nombre de pages ou de feuillets couverts de signes tracés par l'écrivain. C'est une question de force. Et ce document possède celle d'un manuscrit entier, s'il n'est le blason de son oeuvre entière.
Mais elle est impériale parce qu'elle est aussi vivante, qu'elle est bavarde et nous livre, non seulement des renseignements géographiques, mais aussi d'autres qui nous éclairent sur l'évolution de son œuvre, qui ne figurent ni sur la carte définitive, ni dans le récit.
Beaucoup plus élémentaire que la carte définitive, c'est un travail de premier jet. C'est le document de travail de Jules Verne, sa carte de randonnée imaginaire qu'il dessina pour son usage personnel avec, toutefois, l'intention de la faire partager à ses lecteurs et de la voir reproduite.
Ainsi considérée, elle possède la puissance d'un codex.
Jules Verne a rêvé puis dessiné « son île » qu'il n'aurait laissé à personne le soin de représenter, agissant comme le fera dix ans plus tard R.L Stevenson, lui-même lecteur et admirateur critique de ses oeuvres, pour son Île au trésor. Plus éloquente que ses descriptions
- un bon dessin vaut mieux qu'un long discours - sa carte lui est aussi indispensable que ses textes. C'est grâce à elle qu'il s'y plonge et s'y retrouve et c'est sur elle qu'il rêve et vagabonde pour bâtir et conduire son récit.
La carte manuscrite
Dessin a l'encre de format 21 x 31 cm (43 x 53 cm encadre).
En titre, au-dessus des indications géographiques : Lincoln island (et non pas : île Lincoln), tracé à l'encre noire en belles verticales rondes que Jules Verne engraisse d'un fin liséré bleu pour obtenir un léger effet de relief.
De son île, dont les formes torturées aux appendices tentaculaires font penser à quelque fantastique céphalopode ou à un étrange crustacé dont elle présente les pinces - un monstre marin, certainement! Quoique d'aucuns y voient à juste titre une tête d'éléphant
- l'écrivain trace à l'encre rouge les contours et, dans la fièvre de l'inspiration, précise la topographie, suggère le relief, usant de hachures conventionnelles, en indique les zones de végétation d'un crayon léger (il ne les encre pas), esquissant ce petit fouillis de feuillage auquel le burin du graveur donnera sa lisibilité.
Jules Verne la trace soigneusement, mais sans excès de précision, n'omettant aucun détail important. Le trait de plume lui ressemble, fin, appliqué, minutieux, presque miniaturiste. Vous remarquerez combien son lettrage se fait ici minuscule, une calligraphie pointilleuse de comptable accoutumé au cadre contraignant des colonnes, nous rappelant que l'écrivain fut coulissier en bourse. Ce n'est pas un croquis indicatif, mais un dessin déjà fouillé et mis au net de la carte définitive, carte qu'il entend voir reproduite par le graveur dans ses lignes essentielles, lequel graveur lui donnera un aspect cartographique honorable, précisant la découpe de côtes (simplement suggérées par l'écrivain), l'enrichissant des hachures de relief et de ces courbes de niveau des fonds en usage pour l'établissement des cartes marines.
Un détail amusant : une rustine de papier a été appliquée par Jules Verne, sans doute pour masquer un pâté ou un grattage trop vigoureux. Dessus, il trace Harbour road et écrit lisiblement : Ducks Fens.
Seuls les noms de lieux vont changer. Et c'est ici que l'affaire devient intéressante.
La carte qu'il imagine et dessine est anglo-saxonne
Jules Verne eut dès ses premiers romans un faible pour les anglo-saxons, et particulièrement pour les Anglais, voyageurs très entreprenants au XIXe siècle - le Dr. Fergusson, le capitaine Hatteras, Phileas Fogg - mais qu'il jugea raides, froids, quoique pittoresques, et bouda très vite au profit des Américains, ces manières d'enfants, aventuriers chaleureux et épris de liberté.
L'écrivain, nous le savons par ses propres aveux, ne maîtrisait pas l'anglais, mais il s'enivrait de ses mots et de ses expressions qui jalonnaient les atlas. Il ne cessait de rêver sur eux et ce ne sont encore ici que Serpentine Peninsula, Little Cove, Claw Cap, Reptile
End, Heart Lake, Franklin Mount, Union Bay, Shark Gulf, Mandible Cap...
Jules Verne tenait à faire sa carte authentiquement anglo-saxonne mais entre son dessin et l'épreuve, il y a renoncé, sans doute à la demande d'Hetzel. Le texte du roman fut corrigé. C'est une découverte. Nous sommes ici les témoins de la spontanéité d'un premier jet, dont il ne restera aucune trace. Tous seront changés (Heart lake deviendra Lac Grant), modifiés (Shark Gulf deviendra le
Marais des Tadornes) ou littéralement traduits (Falls River deviendra la Rivière de la Chute) afin de permettre à ses lecteurs français de mieux se les mettre en tête.
Des informations de travail, inedites.
Tous les noms de lieux sont encore intégrés au dessin. Aucun n'est reporté en marge. Les légendes sont autant d'informations et de repères, de localisation et de distances qu'on ne retrouvera pas sur la carte définitive. Leur utilité est d'éviter les invraisemblances.
Elles permettent à Jules Verne d'évaluer le temps nécessaire aux nombreux vas-et-viens de ses héros, et il pourra suivre, montre en main, Cyrus Smith, Gedeon Spilett, Pencrofft, Harbert dans leurs courses à travers leur royaume.
Ainsi, nous apprenons que la circonférence de l'île par mer est de 90 miles, que le développement des côtes est de 110 miles et que la Mercy River a une longueur de 7 miles.
Mêmes précisions pour Heart Lake (circonférence : 6 miles, surface : 100 hectares), pour East Land (200 hectares), Shark gulf (hectares). Ainsi pour l'îlot (?), illisible, qui doit être Safety Island (longueur : 2 miles).
Suivent douze lignes de distances d'un point à un autre, faisant office de guide routier, soutenu par une échelle en lieues (4000 m) et en miles (Jules Verne précise bien qu'il s'agit de miles marins : 1852 m).
La conversion d'acre en hectare que fait l'écrivain, exacte pour Heart Lake, nous paraît des plus ténébreuses pour les suivantes.
Longitude (150° 30') et latitude (34° 57') sont déjà relevées avec précision en degrés et minutes mais ne vont pas jusqu'aux secondes.
Elles resteront inchangées.
Mais ce document extraordinaire n'est pas seul. Il est accompagné d'un second formant le dossier complet de l'illustration destinée à enrichir le texte publié dans le Magasin d'Education et de Récréation, puis dans l'édition in-8° du roman :
- Une épreuve, que nous qualifierons « d'avant la lettre », sur laquelle Jules Verne modifie et complète à l'encre rouge les légendes et nous permet de suivre l'évolution de son travail de création.
- Le tirage définitif joint par Éric Weissenberg, issu du Magasin d'Education et de Récréation.
Précisons que la carte manuscrite et l'épreuve de correction furent découvertes ensemble.
L'epreuve corrigee et completee
Format 16,5 x 23,5 cm. Elle est accompagnée du tirage définitif, de format 18,5 x 12 cm. Il s'agit de l'illustration extraite du Magasin d'Éducation et de Récréation en 1874.
L'épreuve corrigée et la version définitive sont encadrées ensemble (36 x 48 cm).
Nous constatons que sur l'épreuve l'essentiel du travail a déjà été fait. Traduite ou francisées, sept légendes y sont portées. Toutes les indications d'étendues ou de distances ont disparu. Il ne reste plus à Jules Verne qu'à indiquer à l'encre rouge les ultimes modifications :
- Correction d'une erreur : on voit qu'il biffe Lac Grand pour lui faire substituer Lac Grant.
- Enrichissements graphiques : Indiquer des arbres autour du lac sur les rives. Il les suggère par des petits coups de plume.
- Ailleurs, il précise une caractéristique minéralogique : Basaltes pour les rives bordant le mont Franklin. Sujette à confusion, puisque la carte ne comporte que des indications topographiques, cette précision ne figurera pas sur la gravure définitive.
- Enfin, ajout de sept légendes, qu'il numérote de 8 à 14 : Crypte Dakkar, Pont de la Mercy, Grotte des Dunes, Huîtrière, Creak Glycerine (à l'anglaise, sans accent, mais accent sur la gravure définitive), Caverne des Jaguars, Gisements de houille et de fer.
L'indication de longitude est placée trop haut sur le méridien. Il la biffe et la reporte au pied de la gravure.
Il réclame une deuxième épreuve, en double, et signe J Verne
Par sa vérité, son universalité de lecture et sa puissance d'évocation, cette belle carte de l'île, la plus célèbre de toutes les terres imaginaires avec celle de Robinson Crusoé, ne peut que nous émouvoir. Pur produit de son esprit, elle possède toute la poésie d'un rêve d'enfant et est la seule illustration que le créateur ait jugé indispensable de tracer de sa main pour accompagner le plus beau de ses romans.
Éric Weissenberg n'en faisait les honneurs qu'aux rares amateurs qu'il jugeait dignes de l'approcher. Il la défendait, la cloîtrant comme un mari jaloux le fait d'une épouse convoitée jusqu'à lui refuser de paraître en public, se gardant bien d'en révéler l'existence dans le bulletin de la Société Jules Verne ni dans l'ouvrage qu'il a consacré à l'écrivain. C'est ainsi qu'hors un petit cercle d'initiés, nul n'en entendit parler. Ce fut son secret de collectionneur.
Considérant la renommée universelle de l'écrivain, ce souvenir unique est un document mondial qui n'a nul besoin d'être traduit.
Seul, l'heureux acquéreur qui, comme lui, s'emparera de l'île mystérieuse de Jules Verne, montrera qu'il aura su mesurer mieux qu'un autre l'importance qu'elle eut pour l'écrivain autant que la valeur de symbole qu'elle prit, qu'elle garde et gardera toujours pour tous ses lecteurs à travers le monde.
Provenance : Paris/Hôtel Drouot, vente Pasqualet du 2 juin 1980 (n°68).
Interrogations sur un dessin du musee de Nantes
Il existe certainement, entre ce premier dessin et cette épreuve corrigée, un chaînon manquant : la première épreuve de la carte redessinée et gravée sur laquelle Jules Verne soumet ses sept premières légendes. Ce document intermédiaire présente cependant un intérêt moindre que celui de notre épreuve, qui lui fait suite - et qui le laisse supposer
- sur laquelle l'écrivain apporte d'importantes corrections et ajoute sept autres légendes fondamentales.
Mais il existe au musée de Nantes un autre dessin manuscrit de la carte, que nous avons examiné.
À la différence de la carte Weissenberg, il ne contient aucune information de travail et tous les noms de lieux y sont écrits en français. Empâtée, inégale, l'écriture en est moins soignée; suspects, certains de ses détails nous dérangent et nous font émettre des doutes sur l'identité du scripteur (Jules Verne avait une écriture fine, régulière, élégante et très « volatile ») alors que, paradoxalement, le tracé de l'île se fait plus ciselé et « professionnel », identique à celui de la carte gravée. Tout s'y retrouve, disposé de la façon nouvelle voulue par le graveur, exactement au même emplacement, y compris le titre, les quatorze légendes et l'échelle des distances. Les côtes de l'île sont aussi finement découpées que sur la gravure, le mont Franklin est d'un relief précis et parfait et le promontoire du Reptile présente à son extrémité ce petit téton que Jules Verne avait, bien entendu, négligé.
Il pourrait s'agir d'une interprétation mise au net par le graveur avant qu'il n'entreprenne son travail au burin. Mais, à moins qu'il n'ait complété ce projet d'artiste pour mémoire, postérieurement à la gravure, cette hypothèse se heurte à un obstacle insurmontable.
Car la faiblesse douloureuse que présente la carte de Nantes est qu'y figurent les quatorze légendes topographiques définitives. On sait désormais que Jules Verne s'y prit à deux fois pour les communiquer. Le dessin de Nantes se place donc après les corrections que l'écrivain fit sur l'épreuve qu'il reçut de l'imprimeur - dont nous présentons ici la preuve irréfutable - alors que la carte est déjà gravée.
Ou se trouve alors l'original?
Ici, dans cette vente...
Une question reste posée : quelle utilité pouvait bien avoir ce dessin qui semble être la copie servile d'un travail déjà fait? S'il se confirme que le document de Nantes est bien de la main de l'écrivain (nous en doutons), la seule explication plausible est que Jules Verne l'ait copié d'après la gravure définitive, l'original ne lui ayant pas été retourné ou ayant été égaré, hypothèse qui explique sa présence miraculeuse dans la collection Weissenberg.
Quelles que soient les conclusions auxquelles on aboutit (y-compris celle d'une copie exécutée par un contemporain), cette carte ne peut que perdre beaucoup de son intérêt. La carte Weissenberg, dont l'authenticité d'antériorité, d'invention et d'écriture crève les yeux et résistera à toute expertise contradictoire, écrase et assassine celle de Nantes qui n'est pas l'originale, celle de la création. Ce point ne peut plus être discuté. Il y a désormais lieu d'en reprendre l'examen.

Questions concerning a drawing in the Nantes museum
There is surely, between this initial drawing and the corrected proof, a missing link : the first proof of the redesigned and engraved map on which Jules Verne added his first seven legends. This intermediate document, however, is of less interest than our proof - which post-dates it, and so implies its existence -, to which the author made major corrections and added seven other fundamental legends.
But another manuscript drawing of the map exists in the Nantes museum, which we have examined.
Unlike the Weissenberg map, it contains no working information, and all the place-names are written in French. The handwriting is less careful - blotted and uneven; certain details are suspicious-looking and engender doubt as to the identity of the writer (Jules
Verne had a fine, regular, elegant and very “airy” handwriting) whereas, paradoxically, the outline of the island itself is ore chis

lled and “professional,” identical with that of the engraved map. Everything is there, with the new layout imposed by the engraver, exactly in the same locations, including the title, the fourteen legends and the distance scale. The coastline of the island is as finely drawn as on the engraving; Mount Franklin is drawn in precise and perfect relief, and the Reptile Promontory has the little “tail” at its end that Verne had of course left off.
The document could be a clearer interpretation drawn by the engraver before beginning the actual engraving work. But, unless he completed this artist's draft for the record, subsequent to the engraving, that hypothesis encounters an insurmountable obstacle.
The sore point regarding the Nantes map is that it shows the final fourteen topographical legends. Yet we now know that Jules Verne added these on two separate and subsequent occasions. Thus the Nantes drawing comes after the corrections made by the author on the printer's proof - irrefutable proof of which we are now presenting -, at a time when the map had already been engraved.
So where is the original?
Here, as part of this sale...
One question remains : What was the point of the Nantes drawing, which seems to be a routine copy of work that had already been done? If it is confirmed that the document is indeed in the author's hand (which we find doubtful), the only plausible explanation is that Verne copied it subsequent to the final engraving because the original was not returned to him or had been lost - a hypothesis which explains its miraculous presence in the Weissenberg collection.
Regardless of the conclusions we come to (including the possibility that it is a copy made by a contemporary), this map loses much of its interest. The Weissenberg map, whose authenticity - from the point of view of anteriority, of invention and of handwriting - is crystal-clear and will stand up to any expert challenge, displaces and annihilates the Nantes document, which is not the original from the time of the work's creation. There can be no further questioning of this point. A re-examination of the other document is therefore necessary.
Map drawn and inked by Jules Verne in 1874 showing Lincoln Island for L'ile Mysterieuse/Corrected proof, annotated and signed by Jules Verne/Published final engraving.
The Mysterious Island, more so than Twenty Thousand Leagues Under the Sea or Around the World in Eighty Days, is unanimously thought to be Jules Verne's finest novel and the one in which his genius found its best expression. The work can be considered a culmination. And Lincoln Island, the last port of the Nautilus, Captain Nemo's final refuge and then his sanctuary, is at once its setting and its starring character, whose anger we come to know. It is often in the islands that Jules Verne located his dreams and his utopias. And it also there that they disappear into the depths. The Mysterious Island is a key - not to say the key - to his entire work.
While nearly all the manuscripts of Jules Verne have been found and conserved, drawings by Verne can be counted on the fingers of one hand.
Do drawings by Jules Verne exist?... Nothing... or almost nothing that could be considered an artistic work and that one would be tempted to publish.
A visionary like Jules Verne might have shown some proclivity for art. The same can be said of Victor Hugo, whom he admired. But the author was decidedly not an artist.
He produced nothing that can truly impress us... except for one map.
But what a map!
It was the only one he was to leave to us, the only major work still needed to crown his graphical heritage. “His” map of the Mysterious Island...
There could only be one major drawing of such force and inventiveness by the hand of Jules Verne. It is the one included in all good illustrated editions of the novel, both French and foreign.
And here is that drawing, in all its majesty.
The map is not only a unique document. It is imperial, not to say imperious. And more than that, it is miraculous. Why? Because no one expected it to exist, and because it seems to shine like a star at the summit of the pyramid of graphical remembrances of the author, the only one we would be tempted to select out of all the others - as if there could be a single one that could be compared to it.
What else could possibly be as spectacular, except for a plan of the Nautilus drawn by the author himself? And it is not a question of the sheer volume of paper, the number of pages covered by the author's pen. It is a question of force. And this document has the force of an entire manuscript, if not a summation of his entire oeuvre.
But its importance also comes from the fact that it is also alive, overflowing not only with geographical information, but also other information that tells us about how his work evolved, and is not found either on the final map or in the narrative. It is much more elementary than the final map; it is a first draft. It is Jules Verne's working document, an imaginary exploratory map he drew for his personal use, yet with the intention of sharing it with his readers and having it reproduced.
Seen in this way, it has the power of a codex.


Jules Verne imagined and then drew “his island” as he would have allowed no-one to else to draw it, as, ten years later, Robert Louis Stevenson - himself a reader and critical admirer of his works - was to do for his Treasure Island. More eloquent than the descriptions - one picture is worth a thousand words -, his map was as indispensable to him as his texts. With its help, he was able to dive again and again into his work and find his place again; it was the foundation for his imaginings and wanderings in building and directing his narrative.
The autograph mapJules Verne imagined and then drew “his island” as he would have allowed no-one to else to draw it, as, ten years later, Robert Louis Stevenson - himself a reader and critical admirer of his works - was to do for his Treasure Island. More eloquent than the descriptions - one picture is worth a thousand words -, his map was as indispensable to him as his texts. With its help, he was able to dive again and again into his work and find his place again; it was the foundation for his imaginings and wanderings in building and directing his narrative.
The autograph map
Jules Verne imagined and then drew “his island” as he would have allowed no-one to else to draw it, as, ten years later, Robert Louis Stevenson - himself a reader and critical admirer of his works - was to do for his Treasure Island. More eloquent than the descriptions - one picture is worth a thousand words -, his map was as indispensable to him as his texts. With its help, he was able to dive again and again into his work and find his place again; it was the foundation for his imaginings and wanderings in building and directing his narrative.
The autograph map

Carte de l’Île Lincoln dessinée et encrée de la main de Jules Verne (1874)

Jules Verne imagined and then drew “his island” as he would have allowed no-one to else to draw it, as, ten years later, Robert Louis Stevenson - himself a reader and critical admirer of his works - was to do for his Treasure Island. More eloquent than the descriptions - one picture is worth a thousand words -, his map was as indispensable to him as his texts. With its help, he was able to dive again and again into his work and find his place again; it was the foundation for his imaginings and wanderings in building and directing his narrative.
The autograph map
The title, above the geographical indications : Lincoln Island (and not, in French, île Lincoln), done in black ink with fine round vertical characters which Jules Verne thickened with a fine blue border to create a slight relief effect.
The island, whose tortured shape and tentacle-like appendages suggest some fantastic cephalopod or bizarre crustacean, complete with claws - surely a sea-monster! Although some, accurately enough, see the shape of an elephant's head. The author drew the contours in red ink and, in the heat of inspiration, detailed the topography, suggested relief using conventional hatchings, indicated areas of vegetation in light pencil (without inking), sketching the light undergrowth the engraver's burin would make legible.
Verne drew with care, but without excessive preciseness, leaving no important details out. The pen-work is like Verne himself - showing much application, meticulous, almost the work of a miniaturist. Notice how tiny the lettering becomes - the careful calligraphy of an accountant accustomed to writing in small, cramped columns, reminding us that the author was once a stock-exchange employee. This is no mere summary sketch, but an already-detailed, clear drawing of the final map, one Verne intended for the engraver to reproduce in its essential lines, giving it cartographic credibility, specifying the contours of the coastlines (merely suggested by the author), enriching it with relief hatchings and the depth curves found in navigational charts.
An amusing detail : a paper patch applied by Jules Verne, doubtless to mask an inkblot or a too-vigorous erasure. On it, he wrote “Harbour Road,” and, legibly, “Ducks Fens.”
Only the place names were to change. And that is where things become interesting.
The map he imagined and drew is in English
From his earliest novels, Jules Verne had a soft spot for the Anglo-Saxons, and especially the English, who were highly enterprising travellers in the 19th century - Dr. Fergusson, Captain Hatteras, Phileas Fogg -, but whom he found to be stiff and cold despite their picturesqueness and quickly abandoned in favour of Americans - callow, warm-hearted adventurers in love with freedom.
The author himself admitted he had no mastery of English, but he loved the words and expressions that dot the atlases. They were an endless source of inspiration, and we find them here : Serpentine Peninsula, Little Cove, Claw Cap, Reptile End, Heart Lake, Franklin Mount, Union Bay, Shark Gulf,
Mandible Cape, and so on.
Jules Verne wanted his map to be authentically Anglo-Saxon, but between his drawing and the final proofs, he gave up on that idea, doubtless at Hetzel's request. The text of the novel was corrected. This is a discovery. What we are seeing here is the spontaneity of a first draft, none of which was to remain in the final version. All the names would change (Heart Lake became Lac Grant; Shark Gulf was changed to Marais des Tadornes) or be literally translated (Falls River became Rivière de la Chute) to make them more mnemonic for his French readers.
Newly discovered working notes
All the place names are still part of the drawing. None of them are written in the margin. The legends provide information and reference points on locations and distances not found on the final map. They served to avoid inconsistencies. With them, Verne was able to estimate the time necessary for his heroes' many comings and goings and follow Cyrus Smith, Gedeon Spilett, Pencrofft, and Harbert in their travels through their kingdom, stopwatch in hand.
For example, we learn that the circumference of the island by sea is 90 miles, that the coastline covers 110 miles, and that the length of Mercy River is 7 miles.
The same details are given for Heart Lake (circumference : 6 miles; area : 100 hectares), East Land (200 hectares) and Shark Gulf (2,500 hectares). And for the îlot (?) (illegible), which must be Safety Islet (length : 2 miles).
Next are twelve distance lines from one point to another, meant to serve as a route guide, supported by a scale in leagues and in miles (Verne specifies the nautical mile, or 1,852 m).
The author's conversion of acres to hectares, exact for Heart Lake, appears very doubtful in subsequent cases.
Longitude (150° 30') and latitude (34° 57') are already set down in degrees and minutes, but not in seconds. They were to remain unchanged.
But this extraordinary document is not isolated. It is accompanied by a second one, forming the complete dossier of the illustrations for the text published in the Magasin d'Education et de Récréation, then in the octavo edition of the novel :
- A proof, which we describe as “before the fact,” on which Jules Verne modifies and complements the legends in red ink, enabling us to track the evolution of his creative work.
- The final print added by Éric Weissenberg, from the Magasin d'Education et de Récréation.
We should point out that the hand-drawn map and the corrected proof were discovered together.
The corrected, complemented proof
We note that on the proof, the essential work has already been done. Seven legends, either translated or converted to French form, are found on it. All indications of size or distance have disappeared. All that remained for Verne was to add the final modifications, in red ink :
- Correction of an error : We can see that he crossed out Lac Grand and substituted Lac Grant.
- Graphical enrichments : Indiquer des arbres autour du lac sur les rives (“Show trees around the lake, on the shores”). He suggests them with small pen strokes.
- Elsewhere, he specifies a mineralogical characteristic : Basaltes (“basalt”) for the shoreline adjacent to Mount Franklin. Since it might have led to confusion, since the map otherwise had only topographical markings, that detail is not found on the final plate.
- Finally, Verne added seven legends, numbered 8 to 14 : Crypte Dakkar (Dakkar Grotto), Pont de la Mercy (Mercy Bridge), Grotte des Dunes (Dunes Grotto), Huîtrière (Oyster-bed), Creek Glycerine (Glycerine Creek - “Glycerine” spelled in English, without the accent; the French acute accent was added to the final plate), Caverne des Jaguars (Jaguar Cavern), Gisements de houille et de fer (Coal and iron beds).
The longitude reading was set too high on the meridian. He scratched it out and rewrote it at the bottom of the engraving.
He requested a second proof, in duplicate, and signed J Verne.
It its authenticity, its universality, and its evocative power, this beautiful map of the Island - the most famous of all imaginary lands, along with that of
Robinson Crusoe - cannot fail to move us. A pure product of its author's mind, it possesses all the poetry of a childhood dream and is the sole illustration the creator felt the need to set down in his own hand to accompany his finest novel.
Éric Weissenberg showed it only to such rare connoisseurs as he felt were worthy to see it. He defended it and kept it under close guard, as the jealous husband of a much-coveted wife refuses even to allow her to appear in public, choosing not to reveal its existence in the publications of the Jules Verne
Society or in his book on the author. As a result, it had never been heard of outside a small circle of initiates. It was his collector's secret.
Considering the universal renown of its author, this unique remembrance is a document of worldwide interest, which needs no translation. The fortunate acquirer who takes possession of this Mysterious Island will show that he or she has understood, better than others have, its importance for the author himself as well as its value as symbol, which it will always have for readers around the globe.
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